
Neuf ans d'attente, sept défaites de rang, une salle maudite… Et puis le déclic. Mardi soir, La Sagesse a fait exploser le plafond de verre à Manara et relancé une finale devenue brûlante.
Cela faisait neuf ans et trois mois que les Verts attendaient ce moment. Mardi soir, dans une salle de Saeb Salam bien garnie (environ 2.000 spectateurs), La Sagesse a mis fin à une disette interminable en battant son éternel rival Riyadi Beyrouth, champion en titre, sur le score de 95-85 après prolongation (temps réglementaire: 82-82).
Ce succès, le premier des Verts à Manara depuis 2016, ramène la série à 2-1 dans cette finale du championnat du Liban. Et au-delà du score, c’est la manière qui a marqué les esprits: un match plein, intense, tactiquement maîtrisé, et surtout remporté au mental.
Un combat de chiffres
Riyadi pensait tenir son invincibilité. Mais les Verts sont arrivés avec le feu sacré: 53 rebonds captés (dont 20 offensifs), une agressivité permanente et un sang-froid retrouvé dans les moments chauds. En face, les Jaunes ont manqué d’adresse longue distance (7/26 à trois points) et ont cédé physiquement dans la prolongation.
Sekou Doumbouya a été impérial avec 26 points, 11 rebonds et 3 passes décisives, véritable talisman du soir. À ses côtés, Stefan Moody a assuré (20 pts, 6 rbds, 4 p.d.), tandis que Omar Jamaleddine a noirci la feuille (12 pts, 13 rbds). Le cinq vert a répondu présent.
Chez Riyadi, l’Australien Thon Maker a pourtant livré un gros match (20 pts, 18 rbds, 2 contres), bien épaulé par Markus Hunt (17 pts), mais cela n’a pas suffi. Les hommes d’Ahmad Farran, bien que combatifs, ont flanché dans l’overtime.
Un tempo retrouvé
La rencontre a été indécise jusqu’au bout. Égalité parfaite à la pause (46-46), puis avantage Riyadi à l’issue du 3e quart (72-66). Mais les Verts n’ont pas lâché. Dans les cinq dernières minutes du temps réglementaire, ils ont recollé, repris le momentum, et fait douter une équipe jaune pourtant réputée injouable à domicile.
Dans le temps additionnel, les joueurs de Linos Gavriel ont imposé leur tempo, chassé la gamberge accumulée depuis la défaite frustrante à Ghazir. Le collectif a tourné, les options offensives se sont multipliées et Riyadi a perdu pied. La Sagesse a tenu, a serré les dents et a arraché cette victoire avec le cœur. C’est par la tête qu’ils ont renversé le cours d’un match qui semblait leur échapper.
Retour en grâce
Cette victoire n’est pas anodine. Elle marque un tournant. Car après des mois d’errance, de contre-performances et de doutes, La Sagesse a retrouvé des couleurs. Les belles, les vraies. Celles d’antan. Et ses supporters, qui en auront vu de toutes les couleurs cette saison, ont enfin pu exulter.
Une série relancée
Ce succès met fin à une série noire de sept défaites cette saison contre Riyadi (3 en WASL, 4 en championnat). Et surtout, il ravive l'espoir: une victoire ce soir à Ghazir, salle officiellement attribuée à La Sagesse, et la série serait remise à égalité (2-2).
Mais rien ne sera simple. Les deux équipes sont épuisées, la chaleur pèse et les organismes tirent la langue. Ce quatrième acte s’annonce tendu, physique, irrespirable. Seule l’équipe qui aura les ressources mentales et physiques saura l’emporter.
Ils avaient tout perdu, jusqu’à leur fierté. Mardi, ils ont tout repris, jusqu’à Manara. La Sagesse est de retour. Et elle n’est pas venue faire du tourisme.
Sarkis Yeretsian
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