
Les États-Unis cherchent depuis plusieurs années à limiter les exportations de semi-conducteurs de pointe vers la Chine, au nom de la sécurité nationale. Nvidia et d'autres géants américains militent contre les restrictions les plus sévères.
Au moment où Nvidia a annoncé la reprise de la vente en Chine d'un modèle de puce destiné à l'intelligence artificielle (IA), retour sur les grandes étapes de cette confrontation technologique.
Août 2022 : le «Chips Act»
Le président américain de l'époque, Joe Biden, signe une loi visant à renforcer la production nationale de semi-conducteurs. Il s'agit d'un secteur stratégique que Washington redoute de voir passer sous domination chinoise via les importants investissements de Pékin dans ses champions étatiques.
Cette loi américaine, la «Chips and Science Act», prévoit quelque 52 milliards de dollars (45 milliards d'euros) pour soutenir la fabrication de ces composants, qui alimentent la quasi-totalité des technologies modernes.
Octobre 2022 : premières restrictions à l'exportation
Washington impose soudainement des restrictions sur l'exportation de certaines puces avancées vers la Chine, invoquant la sécurité nationale.
Les nouvelles règles, qui durcissent également la vente d'équipements de production, visent officiellement à freiner l'accès de Pékin à des semi-conducteurs pouvant être utilisés à des fins militaires.
La Chine accuse les États-Unis d'action «malveillante» destinée principalement à entraver son développement économique.
Décembre 2022 : placement sur liste noire
Les États-Unis ajoutent 36 entreprises chinoises, dont plusieurs producteurs de puces avancées, à une liste noire, limitant sévèrement leur accès aux technologies américaines.
Selon Washington, ces firmes sont liées au secteur chinois de la défense, certaines étant impliquées dans le développement de missiles hypersoniques et balistiques.
Octobre 2023 : Washington resserre les contrôles
Environ un an plus tard, notamment après le lancement de ChatGPT par la firme américaine OpenAI, les États-Unis renforcent leurs restrictions.
La sortie par le géant privé chinois Huawei d'un smartphone équipé d'une puissante puce maison alarme par ailleurs Washington.
Jusqu'ici centrées sur la puce H100 de Nvidia, les restrictions américaines s'étendent à d'autres semi-conducteurs moins performants, produits par Nvidia et ses concurrents.
Décembre 2024 - janvier 2025 : dernières mesures de Biden
Quelques semaines avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, Joe Biden impose une nouvelle série de restrictions sur les exportations de puces avancées.
L'une des règles impose notamment des autorisations pour toute exportation ou réexportation. Le but est de limiter toute opération consistant à contourner les restrictions en passant par des pays tiers.
Des exemptions sont prévues pour des pays considérés comme amis des États-Unis, mais la plupart se voient imposer des plafonds.
«Les États-Unis sont aujourd'hui leaders mondiaux sur l'IA – tant en matière de développement que de conception de puces – et il est crucial de préserver cet avantage», affirme la secrétaire au Commerce, Gina Raimondo.
Les règles doivent entrer en vigueur 120 jours plus tard, laissant à la future administration Trump le temps de potentiellement les modifier.
Janvier 2025 : l'arrivée de DeepSeek
Le robot conversationnel construit sur l'intelligence artificielle de la société chinoise DeepSeek grimpe en tête des téléchargements sur la boutique d'applications d'Apple. Il impressionne les observateurs par ses performances comparables à ses concurrents américains.
Avril 2025 : blocage des puces H20
Nvidia conçoit une nouvelle puce spécialisée dans l'IA, mais moins puissante et destinée au marché chinois : la H20.
Mais selon l'entreprise, Washington l'a informée qu'elle devra obtenir une licence pour en exporter vers la Chine, officiellement en raison des inquiétudes concernant leur éventuel usage dans des superordinateurs.
Mai 2025 : Trump assouplit des restrictions
L'administration Trump revient sur une partie des contrôles imposés par son prédécesseur. Il répond ainsi aux critiques de certains pays s'étant plaints d'être privés d'accès à des technologies cruciales pour développer l'IA.
Certains élus américains redoutaient aussi que les limitations américaines poussent ces pays à se tourner vers la Chine, contribuant ainsi à son essor technologique.
En contrepartie, le département américain du Commerce annonce que l'usage par les acteurs de l'IA de la puce Ascend de Huawei – la plus avancée du groupe – représente une violation des contrôles américains. Pékin dénonce un «harcèlement».
Juillet 2025 : reprise des ventes de H20
Nvidia annonce la reprise des ventes de sa puce H20 vers la Chine, après la levée des restrictions la visant par Washington – et peu avant la visite du PDG de Nvidia en Chine.
Avec AFP
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