Crise au Liban: un nouveau rapport onusien propose des axes de relance
L’ONU appelle à une relance urgente et coordonnée pour éviter l’effondrement socio-économique du Liban. ©Logo Nations unies

Les Nations unies ont lancé, jeudi, un appel pressant en faveur d’une réponse coordonnée et urgente pour la relance du Liban, avertissant que la crise actuelle pourrait s'aggraver dans un pays déjà profondément affecté par les conflits et les bouleversements structurels.

Cet appel fait suite à la publication d’un rapport conjoint intitulé «Les impacts socio-économiques de la guerre de 2024 sur le Liban», élaboré par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale (Cesao), en partenariat avec l’Unicef, l’Organisation internationale du travail (OIT) et ONU-Habitat.

Le rapport dresse un bilan accablant du conflit ayant débuté le 8 octobre 2023 (au lendemain de l’offensive perpétrée par le Hamas contre Israël) et ayant connu une escalade majeure en septembre 2024. Il documente les pertes humaines, les destructions d’infrastructures, les perturbations économiques ainsi que les effets profonds sur les moyens de subsistance et la cohésion sociale. Ces impacts s’ajoutent à une crise multidimensionnelle qui secoue le pays depuis plus de six ans, estiment les Nations unies.

Toujours selon le rapport, plus de 1,2 million de personnes ont été déplacées, près de 64.000 bâtiments endommagés ou détruits et l’éducation interrompue pour des centaines de milliers d’élèves. Les micro, petites et moyennes entreprises (MPME), qui représentent 90% de l’économie libanaise, ont été particulièrement touchées: 15% ont définitivement fermé, 75% ont suspendu leurs activités durant le conflit et près de 30% ont perdu l’ensemble de leur personnel. Dans les régions les plus bombardées, jusqu’à 70% des entreprises ont été contraintes de cesser toute activité.

L’impact économique est sévère, selon les données rapportées. Entre 2019 et 2024, l’économie libanaise s’est contractée de 38% et l’indice de développement humain est revenu à son niveau de 2010, effaçant 14 années de progrès. Toutefois, une reprise axée sur les réformes pourrait inverser cette trajectoire, avec une croissance estimée à 8,2% en 2026 et 7,1% en 2027. Même dans ce scénario optimiste, le PIB resterait, comme le démontre le rapport, inférieur de 8,4% à son pic de 2017 (51,2 milliards de dollars). Le rapport recommande de concentrer donc les efforts sur des secteurs clés, comme l’agriculture, la construction, le tourisme et l’industrie.

«Le Liban est à un tournant décisif», a déclaré Blerta Aliko, représentante résidente du Pnud au Liban. «Cette évaluation vise à appuyer le gouvernement libanais dans la définition de ses priorités et l’élaboration d’un plan de relance national. Pour réussir une relance inclusive et durable, des institutions étatiques fortes et opérationnelles sont indispensables. Le Pnud reste engagé aux côtés des autorités nationales à chaque étape de ce processus.»

Le rapport identifie quatre axes prioritaires de relance, en cohérence avec les orientations gouvernementales: reconstruire et renforcer les institutions publiques; revitaliser l’économie et créer des emplois; restaurer les services de base et élargir la protection sociale; et réhabiliter les écosystèmes environnementaux endommagés.

«Le Liban fait face à une polycrise complexe, aujourd’hui encore aggravée par les conséquences de la guerre», a affirmé Tarik Alami, responsable du pôle Gouvernance et Prévention de la Cesao. «Cela exige une mise en œuvre urgente et accélérée des réformes, notamment dans l’administration publique et les secteurs socio-économiques et financiers. Par ailleurs, les causes profondes des hostilités récurrentes à la frontière sud doivent être traitées de manière décisive et durable, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes des Nations unies.»

Le rapport souligne enfin que la réussite de la relance dépend d’un effort conjoint entre l’État, les bailleurs de fonds, les agences onusiennes et les ONG. Des financements massifs seront nécessaires, mobilisant les ressources nationales, l’investissement privé, l’aide internationale au développement et les investissements directs étrangers. En l’absence d’intervention rapide, la reprise économique sera plus lente, la pauvreté s’aggravera, les institutions s’affaibliront davantage et la stabilité sociale du Liban sera sérieusement menacée.

 

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