
Volodymyr Zelensky a appelé jeudi le monde à oeuvrer pour un «changement de régime» en Russie, et à confisquer les avoirs russes plutôt qu'à seulement les geler.
Le président ukrainien s'exprimait par lien vidéo lors d'une conférence marquant le 50e anniversaire de l'Acte final d'Helsinki, accord historique signé entre les blocs de l'Est et de l'Ouest en 1975 et garantissant l'inviolabilité des frontières, un principe bafoué par l'invasion russe de l'Ukraine.
«Je crois que la Russie peut être poussée à mettre fin à cette guerre. C'est elle qui l'a commencée, et on peut la contraindre à y mettre un terme», a dit M. Zelensky, quelques heures après une attaque de missiles et de drones russes sur Kiev, qui a fait au moins six morts.
«Mais si le monde ne vise pas un changement de régime en Russie, cela signifie que même après la fin de la guerre, Moscou continuera à tenter de déstabiliser les pays voisins», a-t-il affirmé.
Le président ukrainien a aussi plaidé pour une confiscation des avoirs russes.
«Je suis reconnaissant envers tous ceux qui appliquent des sanctions contre la Russie et en préparent de nouvelles», a-t-il assuré.
«Bloquer la machine de guerre»
Mais «nous devons bloquer complètement la machine de guerre russe, couper son industrie d'armement, limiter ses profits énergétiques, et enfin, utiliser tous les avoirs russes gelés y compris les richesses issues de la corruption pour défendre le monde contre l'agression russe», a-t-il dit.
«Il est temps de confisquer les avoirs russes, pas seulement de les geler, les confisquer et les utiliser au service de la paix, et non de la guerre», a-t-il ajouté.
D'autres invités de premier plan, tel le chef de l'ONU Antonio Guterres, se sont exprimés lors de cette conférence inaugurée par Elina Valtonen, présidente en exercice de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et ministre finlandaise des Affaires étrangères.
La Russie est également représentée, mais n'enverra pas de représentant de haut niveau à la réunion, a fait savoir la semaine dernière la porte-parole de sa diplomatie, Maria Zakharova.
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme Volker Türk est également sur place.
Inviolabilité des frontières
Le 1er août 1975, les blocs de l'Est et de l'Ouest avaient signé l'Acte final d'Helsinki. Cet accord historique entre 35 États, dont l'Union soviétique et les États-Unis, avait conduit à la création de l'OSCE qui réunit aujourd'hui 57 pays.
Parmi les principes clés inscrits dans l'Acte final d'Helsinki figurent la souveraineté des États, le non-recours à la menace ou à l'emploi de la force et l'inviolabilité des frontières.
«Les États participants tiennent mutuellement pour inviolables toutes leurs frontières ainsi que celles de tous les États d'Europe et s'abstiennent donc maintenant et à l'avenir de tout attentat contre ces frontières», indique le texte.
Des engagements remis en cause par l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie en février 2022, qui a provoqué la plus grave crise de l'histoire de l'OSCE.
«Je suis certain que le jour viendra où l'Ukraine vivra en paix (...), un temps où la Russie sera contrainte de reconnaître ses véritables frontières. Ce jour viendra, parce que l'Europe reste unie», a conclu Volodymyr Zelensky.
Kiev réclame en vain l'exclusion de la Russie de l'OSCE.
En juillet 2024, Moscou a annoncé suspendre sa participation à l'Assemblée parlementaire de l'OSCE, mais le pays apparaît toujours comme État membre sur le site officiel de l'organisation.
La Finlande a fermé sa frontière de 1.340 km avec la Russie en décembre 2023 après l'arrivée d'environ 1.000 migrants sans visa, délibérément orchestrée par Moscou pour déstabiliser son voisin, selon Helsinki. Le Kremlin a démenti.
Une clôture frontalière de 200 kilomètres est en construction le long de cette frontière et devrait être en place en 2026.
Par Anna HOLLINGSWORTH avec Nioucha ZAKAVATI à Stockholm/AFP
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