
Le nouveau Dracula fait le buzz. Basé sur le roman de l’écrivain irlandais Bram Stoker, le film, signé Luc Besson, transcende la fiction littéraire et l’inspiration historique dans un hymne à l’amour.
Le nouveau film Dracula, réalisé par Luc Besson, avec Caleb Landry Jones, Christoph Waltz et Zoë Bleu, rend hommage au roman, empreint de faits historiques et de légendes fictionnelles de Bram Stoker, publié en 1897. Il présente toutefois une perception particulière du réalisateur dans un langage cinématographique gothique et fictif, ainsi qu’une scénographie somptueuse, mais surtout avec une vision romantique et épique. La trame se tisse autour de l’essence du roman: celle de la quête d’amour inconditionnel, souvent éclipsée par la dimension d’horreur. Dans le film, la malédiction de l’immortalité enferme Dracula dans une solitude éternelle, en dépit du pouvoir qu’elle lui confère. Le personnage n’en sort que plus attachant.
Les faits se passent en Roumanie, en 1480. L’histoire est celle du prince Vladimir qui s’en prend à Dieu et s’en détourne à la suite du décès brutal de sa femme adorée, Élisabeth. Éperdu, désespéré, en proie à la violence, il se lance à sa recherche, parcourant les siècles. Durant 400 ans, il cherche en vain son visage parmi les âmes pures réincarnées. Ce n’est qu’au XIXe siècle qu’il retrouve enfin à Paris une jeune femme, Mina, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à sa femme… Serait-ce bien elle? L’histoire reprend alors de plus belle.
Dracula comporte les caractéristiques qui font le succès des films de Luc Besson: un style visuel et une esthétique improbable grâce au choix d’un cadre contrasté et immersif au sein d’un montage fluide et rythmé, à la lumière symbolique et prenante, au mouvement enveloppant de la caméra dansant sur une musique ensorcelante. Tous ces éléments donnent une identité forte au film, laissant les spectateurs attendris et compatissants face à la dualité du personnage dont le côté sombre émane de son trop-plein d’exil, d’isolation et d’accablement. Tout comme les personnages du réalisateur, Dracula est enfermé dans un mythe, au cœur d’une fiction, balançant entre univers gothique et contemporain. Il est en quête de sens, telle une «Bête» à la recherche d’un rêve perdu ou de sa «Belle», ou tel un «Frankenstein» piégé dans un amour au nom duquel il mène ses propres guerres. Dracula défie Dieu et les cieux, la vie, la mort et le temps, au rythme du désir et au prix du sang.
Dans un monde irréel et concret à la fois, où l’innocence fait face à la violence, la marginalisation trouve un écho, le pouvoir abdique devant l’amour, cet antihéros redevient héros dans un conte de fée moderne, si propre à Luc Besson. Dracula se révèle derrière le masque quotidien de la violence démesurée. Dans sa quête d’identité, son élan de rédemption, sa passion et sa vulnérabilité, du haut de sa tour d’ivoire, il nous ressemble. L’amour se donne tous les droits, le cœur toutes les raisons. Dans cet inferno, le monstre redevient humain.
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