L’économie libanaise reprend un peu son souffle
Commerce en reprise, réformes en attente: le Liban entre espoir et prudence ©Al-Markazia

Le dernier indice de l’Association des commerçants de Beyrouth-Fransabank (2e trimestre 2025) révèle les premiers signes d’une reprise sur les marchés locaux. Une éclaircie bienvenue, alors que la Banque mondiale prévoit pour le Liban une croissance du PIB de 4,7% en 2025 et un net recul de l’inflation.

L’indice du commerce de détail a atteint 33,13 points au deuxième trimestre 2025, contre 30,01 au trimestre précédent (base 100 = T4 2019). Les ventes, tous secteurs confondus, se sont améliorées de +11,5 % par rapport au premier trimestre, malgré un recul annuel encore limité (-0,86 %). Même le secteur des carburants, longtemps volatile, a enregistré une hausse de 3,5% des volumes.

Le rapport indique que cette embellie s’explique par plusieurs facteurs: les efforts de réformes engagés par le gouvernement, l’activation de la diplomatie économique, notamment avec les pays du Golfe, et l’arrivée du nouveau gouverneur de la Banque du Liban, Karim Souhaid, qui promet de renforcer l’indépendance monétaire, de protéger les dépôts et de lutter contre le blanchiment.

En parallèle, le Parlement a modifié la loi sur le secret bancaire, tandis que le gouvernement a adopté un projet de loi de restructuration du secteur bancaire. Le Liban a également reçu des premiers financements modestes, dont 250 millions de dollars de la Banque mondiale pour l’électricité.

Selon la Banque mondiale, l’inflation annuelle est tombée à 15% au deuxième trimestre de 2025, contre 20,7% un an plus tôt. Plus encourageant encore, l’inflation trimestrielle est passée de +14,2% à seulement +2,8%. Un souffle d’air frais pour le pouvoir d’achat… même si la masse monétaire, désormais proche de 30.000 milliards de livres, soulève des doutes sur la stabilité future du taux de change.

Malgré ce climat plus optimiste, la reprise reste tributaire de plusieurs dossiers clés tels que l’adoption de la loi sur le «gap financier», un plan crédible de remboursement aux déposants, la restructuration de la dette et des eurobonds, la lutte contre la corruption et l’économie parallèle, ainsi que la gestion du dossier des réfugiés syriens, jugé essentiel pour rééquilibrer les finances publiques et l’emploi local.

En bref, l’économie libanaise montre des signes de vitalité, mais l’embellie reste fragile. Si les réformes ralentissent, le «printemps» du commerce de détail pourrait vite se transformer en nouvelle saison de blocage.

 

 

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