Nucléaire: pour l'Iran, l'Europe n'a pas le droit d'étendre la date limite pour le rétablissement des sanctions
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, s’exprime lors d’une conférence de presse au Centre des congrès Lütfi Kırdar, en marge de la 51ᵉ session du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), à Istanbul, le 22 juin 2025. ©Ozan Kose / AFP

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a affirmé mercredi que les puissances européennes n'avaient pas le droit de déclencher le mécanisme de réimposition automatique de sanctions, prévu par l'accord sur le nucléaire de 2015, ni de prolonger l'échéance d'octobre pour l'activer.

Ces propos interviennent après une rencontre en juillet entre des diplomates iraniens et des émissaires de l'Allemagne, la France et du Royaume-Uni --trois pays parties à l'accord sur le nucléaire iranien en 2015--, les premiers pourparlers de ce type depuis la fin de la guerre de 12 jours entre Israël et l'Iran en juin.

Ces hostilités ont fait dérailler les négociations nucléaires entre Téhéran et les États-Unis, alliés d'Israël, et poussé l'Iran à suspendre sa coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Dans une lettre adressée la semaine dernière à l'ONU, l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni ont dit être prêts à déclencher le mécanisme de rétablissement des sanctions, dit «snapback», contre l'Iran si aucune solution négociée n'est trouvée sur le programme nucléaire iranien d'ici fin août.

Ce trio européen fait partie des puissances mondiales, avec la Chine, la Russie et les États-Unis, qui avaient négocié l'accord nucléaire historique de 2015 avec Téhéran, prévoyant un encadrement des activités nucléaires iraniennes en échange d'une levée des sanctions internationales.

Les États-Unis se sont retirés unilatéralement de ce texte en 2018 et ont réimposé leurs sanctions, mais les trois pays européens avaient assuré leur attachement à l'accord et affirmaient vouloir poursuivre les échanges commerciaux avec l'Iran.

Les sanctions onusiennes et européennes n'ont donc pas été rétablies.

Les Européens accusent toutefois Téhéran de ne pas avoir respecté ses engagements et tentent de relancer les négociations sur son programme nucléaire alors qu'ils craignent que l'Iran ne poursuive un programme nucléaire à des fins militaires, ce que les autorités iraniennes réfutent.

Ils ont menacé de rétablir les sanctions en vertu du «snapback» prévu par l'accord de 2015 qui expire en octobre, que l'Iran cherche à éviter à tout prix.

Selon le Financial Times, ils ont proposé de prolonger l'échéance d'octobre pour le déclenchement du «snapback», si l'Iran reprenait les discussions avec Washington et rétablissait sa coopération avec l'AIEA.

Dans son article publié la semaine dernière, le quotidien britannique ajoutait que cette offre était «restée sans réponse de la part de l'Iran».

Mais mercredi, M. Araghchi a exprimé le rejet de son pays de cette prolongation proposée par les puissances européennes.

«À partir du moment où nous considérons qu'elles n'ont pas le droit de mettre en œuvre le snapback, il est naturel qu'elles n'ont pas non plus le droit d'en prolonger le délai», a déclaré M. Araghchi à l'agence de presse officielle Irna.

«Nous n'avons pas encore atteint une base pour des négociations avec les Européens», a-t-il ajouté.

M. Araghchi avait indiqué plus tôt mercredi que son pays ne pouvait «pas mettre fin totalement» à sa coopération avec l'AIEA, après la suspension par Téhéran des inspections menées par le gendarme onusien.

Il a ajouté que le retour des inspecteurs de l'AIEA sur les sites nucléaires iraniens dépendait d'une décision de la plus haute institution de sécurité d'Iran.

Le mois dernier, l'Iran avait officiellement suspendu sa coopération avec l'AIEA, invoquant l'incapacité de l'agence à condamner les frappes israéliennes et américaines sur ses sites nucléaires en juin lors de la guerre.

AFP

 

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