«Le Paris d’Agnès Varda, de-ci, de-là»: intimité et poésie
«Le Paris d’Agnès Varda, de-ci, de-là», exposition à Paris. Août 2025. ©Ici Beyrouth

Fruit de deux années de recherche, l’exposition Le Paris d’Agnès Varda, de-ci, de-là met en lumière l’œuvre photographique encore méconnue de l’artiste (1928-2019). À travers plus de 130 tirages, souvent inédits, des archives de Ciné-Tamaris, des extraits de films, ainsi que des objets et documents personnels, elle explore la relation essentielle d’Agnès Varda à Paris, depuis son atelier de la rue Daguerre jusqu’aux rues filmées dans Cléo de 5 à 7.

Paris, la ville-miroir, fut pour Agnès Varda un terrain de jeu, un laboratoire intime, un écrin vibrant où se mêlaient la vie et la création. Dans l’exposition Le Paris d’Agnès Varda, de-ci, de-là, c’est une Varda photographe que l’on redécouvre, loin des projecteurs, mais déjà habitée par ce regard singulier qui fit d’elle une pionnière du cinéma moderne. Sa cour-atelier de la rue Daguerre, cocon discret du 14ᵉ arrondissement, devient le fil conducteur d’un voyage entre images fixes et images mouvantes, entre Paris vécu et Paris rêvé. Ici, documentaire et fiction s’entrelacent, l’intime s’ouvre sur l’universel, et la capitale se fait à la fois décor, personnage et complice.

Peu de femmes ont marqué le cinéma entre les années 1928 et 2019, en tant que réalisatrices comme Agnès Varda l’a fait. Ayant trouvé un cocon artistique dans le 14ᵉ, Agnès Varda s’est donnée à l’art, à la photographie et au cinéma, comme l’affirme un documentaire présenté dans l’exposition. Que le cinéma de femme ne soit plus considéré comme un cinéma «féministe», comme une prise de position ou un événement extraordinaire, mais au contraire comme une normalité, une expression de soi, une place naturelle que se font les femmes dans ce monde. Agnès Varda a gagné tous les Paris, d’abord par ses idées inventives en tant que femme, puis par ce qu’elle reflétait à l’écran en tant qu’artiste: les gens de tous les jours, les Parisiens dans la rue, ceux qui n’auraient jamais pensé être filmés, éternisés à l’écran, ceux dont la vie importe peu aux uns et aux autres mais qui renferme tellement de choses passionnantes sur l’être humain.

Agnès Varda a aussi photographié les grands: de Jean Vilar à son assistant, de Gérard Depardieu avant qu’il ne soit connu à Jane Birkin, que l’on découvre dans un portrait en noir et blanc, cheveux attachés, loin de l’icône idolâtrée que tout le monde connaît; une femme, tout simplement.

Dans son travail, Agnès Varda avait aussi la conscience du temps qui passe. C’est-à-dire croire, par exemple, en la puissance de ce même endroit d’où elle filmait les alentours, et où elle est filmée assise à sa table dans ce plan fixe. Elle y dit que les années passeront, que l’endroit restera là tel quel, et qu’on la verra, au fil des jours, changer, vieillir, partir.

Tous ces détails captent l’œil du spectateur. Que ce soit dans ses films ou à l’entrée de cette exposition, on est imprégné du monde d’Agnès Varda, mais aussi de ses idées révolutionnaires qui, loin de vouloir changer l’humanité, s’attachent à la représenter dans une perception mêlée de réalisme et d’humour, de réel et de fiction.

L’exposition se poursuit jusqu’au 24 août 2025.

 

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