
Le 20 août à Jounieh, un coup de filet des Forces de sécurité intérieure (FSI) a conduit à l’arrestation de plusieurs membres d’un réseau vendant de l’or contrefait. Si cette opération alerte sur la nécessité de rester vigilant, l’incertitude politique, sécuritaire et monétaire continue de pousser les Libanais vers le métal précieux. Mais comment reconnaître une fausse once d’une vraie?
Interrogé par Ici Beyrouth, un joaillier libanais a qualifié de «laconique» le communiqué des autorités sécuritaires. «Celui-ci ne fournit aucune indication sur les articles en or contrefaits saisis. Ceci rend difficile d’évaluer le degré de professionnalisme des faussaires, ainsi que la logistique et le matériel – matrices, presses, outils de frappe… – dont ils disposent et qui leur permettent d’atteindre un tel niveau de finition, a-t-il relevé. Il est donc ardu de mesurer le danger qu’ils font peser sur le citoyen ordinaire désireux d’acquérir une pièce ou un lingot d’or.»
«Pour tromper l’acheteur, certains faussaires utilisent du cuivre ou de l’argent comme base, puis les recouvrent d’une fine pellicule d’or. D’autres vont plus loin en coulant directement leurs pièces dans un alliage doré, qui imite l’or véritable sans en avoir la valeur», explique-t-on de même source.
Des applis à l’utilité limitée
À ce jour, aucun site mondial ne permet de vérifier la traçabilité d’une once ou d’une pièce d’or et d’en certifier l’authenticité à 100%. Certes, il existe des applications créées par des fournisseurs privés, mais leur efficacité demeure restreinte.
Ces plateformes, issues d’entreprises actives dans le raffinage, la fonte ou la frappe de métaux précieux, proposent de contrôler les numéros de série. Mais elles préviennent elles-mêmes que leurs outils ne sont fiables que pour leurs propres produits. Et pour une réelle garantie, l’acheteur doit compléter la vérification par des tests physiques (poids, dimensions, densité) ou une inspection visuelle experte.
En résumé, les applis peuvent aider, mais elles ne remplacent jamais l’œil du spécialiste ni les contrôles techniques.
Vérifier la source d’achat
Pour éviter les arnaques, un conseil en or revient avec constance: mieux vaut acheter son or auprès de vendeurs agréés et surtout privilégier les grossistes plutôt que les détaillants. Non seulement leur réputation est solidement établie, mais leurs commissions sont aussi plus basses, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Ces grossistes, qui acceptent également de vendre au détail, se comptent d’ailleurs sur les doigts d’une main au Liban, et leurs noms sont bien connus. C’est devant l’un d’eux, à Bourj Hammoud, que Roula a choisi de patienter. «Il faut s’armer de patience, car les files sont interminables, mais l’attente en vaut la peine: on repart avec un produit sûr, authentique et certifié», raconte-t-elle. Arrivée dès 8h du matin, elle s’est empressée de réserver sa place, convaincue qu’ici, la confiance et la qualité valent bien quelques heures d’attente.
Scellés d’origine et certificat
Lors de l’achat d’une once d’or ou d’une pièce, mieux vaut privilégier un produit conservé dans ses scellés d’origine. Cet emballage officiel, fourni par la raffinerie ou le fabricant, atteste que le lingot (ou la pièce) n’a jamais été ouvert ni altéré depuis sa fabrication – une garantie précieuse d’authenticité. L’acheteur doit par ailleurs s’assurer que le numéro de série gravé sur le lingot ou la pièce correspond à celui inscrit sur les scellés.
En complément, un certificat d’authenticité doit accompagner toute transaction. Ce document distinct précise le poids, la pureté et la provenance du métal. Certaines raffineries l’intègrent directement dans le scellé ou le coffret, mais ce n’est pas toujours le cas.
Un test manuel
Avant de s’en remettre à un professionnel, l’acheteur peut effectuer quelques vérifications simples.
D’abord, il faut rappeler que l’or n’est pas magnétique: si une pièce est attirée par un aimant, il s’agit forcément d’un faux. Prudence toutefois, certains métaux comme le tungstène, souvent utilisés par les faussaires, ne le sont pas non plus, ce qui limite la fiabilité de ce test.
Un autre indice réside dans le son: une once d’or authentique, légèrement tapotée, résonne comme une petite cloche, avec un tintement clair et prolongé, tandis qu’une contrefaçon produit un bruit plus sourd ou bref.
Enfin, l’observation minutieuse au moyen d’une loupe est essentielle: les gravures doivent être nettes, les reliefs précis et les reflets homogènes. Les faux, eux, trahissent souvent des lettres irrégulières, des détails approximatifs ou des finitions douteuses.
Reste que, malgré ces premiers indices, seuls les tests poussés effectués par un professionnel permettent une authentification incontestable.
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