L’Europe prête à déclencher le processus de sanctions de l’ONU contre l’Iran jeudi
Face à une échéance fin août pour éviter de vastes sanctions de l’ONU, l’Iran reprendra la semaine prochaine les négociations nucléaires avec le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, alors que les tensions augmentent autour de sa coopération suspendue avec l’AIEA après le conflit avec Israël. ©Atta Kenare / AFP

Le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne devraient lancer dès jeudi le processus de réimposition des sanctions de l’ONU contre l’Iran, tout en espérant que Téhéran fournisse dans les 30 jours des engagements liés à son programme nucléaire pouvant les amener à suspendre l’action définitive, ont déclaré quatre diplomates à Reuters.

Les trois puissances européennes, connues sous le nom de E3, ont rencontré mardi des responsables iraniens dans une ultime tentative de relancer la diplomatie nucléaire avant que leur pouvoir de rétablir les sanctions selon l’accord de 2015 n’expire à la mi-octobre.

Selon trois diplomates européens et un diplomate occidental, les discussions n’ont pas abouti à des concessions significatives de Téhéran, bien qu’ils estiment qu’il reste une marge pour des négociations supplémentaires. Les diplomates ont indiqué que le E3 avait décidé de déclencher le soi-disant «snapback» des sanctions de l’ONU, potentiellement dès jeudi, en invoquant les violations par l’Iran de l’accord de 2015 destiné à limiter sa capacité à développer des armes nucléaires.

Les gouvernements occidentaux soutiennent que les progrès du programme nucléaire iranien dépassent les besoins civils, une accusation que Téhéran dément en affirmant ne pas chercher à se doter d’armes nucléaires.

Selon un communiqué du Département d’État américain, le secrétaire d’État Marco Rubio a discuté de l’Iran avec le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, le ministre allemand des Affaires étrangères Johann Wadephul et le secrétaire britannique aux Affaires étrangères David Lammy. Tous ont réaffirmé leur engagement à empêcher l’Iran de développer ou d’acquérir une arme nucléaire, précise le texte.

Si le processus est lancé, il durera 30 jours avant que les sanctions ne soient rétablies sur les secteurs financier, bancaire, énergétique et de la défense de l’Iran.
«Les véritables négociations commenceront une fois la lettre (au Conseil de sécurité de l’ONU) soumise», a déclaré un diplomate occidental sous couvert d’anonymat.

Un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères a indiqué que l’activation du snapback restait à l’étude. Le Royaume-Uni et la France n’ont pas immédiatement commenté. Téhéran, de son côté, a averti qu’il y aurait une «réponse sévère» si les sanctions étaient rétablies.

Retour des inspecteurs en Iran

Par ailleurs, les médias d’État iraniens ont rapporté mercredi que les inspecteurs nucléaires de l’ONU étaient retournés dans le pays pour la première fois depuis que Téhéran avait suspendu sa coopération à la suite des frappes israéliennes et américaines sur ses installations nucléaires en juin.

Le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a confirmé mardi que les inspecteurs avaient été autorisés à entrer, bien qu’aucun accord n’ait été trouvé sur l’étendue de leur accès aux installations.

Le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi a déclaré aux parlementaires qu’aucun accord n’avait été conclu pour reprendre une coopération complète avec l’agence, a rapporté l’agence parlementaire ICANA.

Le E3 a proposé de retarder le snapback jusqu’à six mois pour permettre des négociations si l’Iran rétablit les inspections complètes, y compris la vérification de son stock d’uranium enrichi resté non contrôlé depuis les frappes de juin, et engage des discussions avec Washington.

Avant les frappes israéliennes du 13 juin, l’AIEA avait signalé que l’Iran enrichissait de l’uranium à 60 % de pureté, -juste en dessous du niveau de 90 % nécessaire pour des armes- et possédait suffisamment de matière pour six bombes nucléaires si elle était encore enrichie. La production d’une arme nécessiterait toutefois des étapes supplémentaires. L’agence a précisé qu’elle ne pouvait garantir que le programme nucléaire iranien est entièrement pacifique, mais n’a trouvé aucune preuve crédible d’un projet d’armes coordonné.

L’Iran et les États-Unis avaient tenu plusieurs rounds de discussions avant juin. Un diplomate a indiqué que l’Iran avait montré mardi des signes d’ouverture à reprendre les négociations avec Washington. Une source iranienne a souligné que cela ne se ferait «que si Washington garantit qu’il n’y aura pas de frappes (militaires) pendant les discussions».

AFP

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