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Figure montante du tourisme durable et nommé parmi les «Top 100 Travel & Tourism Leaders» de Forbes Middle East, Chris Nader s’est confié à Ici Beyrouth sur son incroyable aventure. Avec ENVI Lodges, il réinvente le luxe, entre immersion nature, esprit visionnaire et fidélité à ses racines familiales.
Raconter l’histoire de Chris Nader, c’est pénétrer dans les coulisses d’une révolution silencieuse, celle d’un tourisme haut de gamme réconcilié avec la nature, et d’un luxe repensé loin de l’ostentation, au profit de l’authenticité et du sens. Il faut imaginer Chris, jeune père, entrepreneur libanais installé à Dubaï, questionnant ce que signifient vraiment les vacances, le bien-être, l’hospitalité, à l’heure où le monde rêve de déconnexion et de racines.
L’aventure ENVI Lodges commence en 2021, mais sa genèse s’inscrit bien avant: dans une quête personnelle, un désir de retour à l’essentiel. «C’est en premier Christian, le client, qui voit un peu tout ce qu’on est en train de faire, tout ce qu’on est en train de développer. Tout a commencé en fait par ce besoin personnel que je partage avec ma femme, ma famille et les gens autour de moi, nourri par mes lectures et mes observations.» Ce qui frappe chez Chris, c’est la sincérité: pas de storytelling creux, mais l’envie d’offrir ce qu’il cherche lui-même: des expériences vraies, une immersion dans la nature, du confort sans excès, le sentiment d’être «ailleurs» tout en se sentant bien.
ENVI Lodges à Arusha.© Envilodges
La nature, pour lui, n’est pas un décor. C’est une promesse, celle de dormir dans un lodge élégant mais discret, de se réveiller face à une vallée, une forêt, une oasis, d’être accueilli comme un invité précieux, dans une atmosphère intime. Il l’avoue: «Je regardais vraiment ce que j’avais moi-même envie de faire quand je voyageais. Où est-ce que j’ai envie de prendre ma famille? Où est-ce que j’ai envie d’aller me déconnecter? Qu’est-ce que j’ai envie d’aller voir et de vivre? Où je veux dormir?» Cette recherche personnelle devient la matrice d’ENVI: une marque boutique qui ose le pari de l’intimisme là où d’autres accumulent les chambres et les mètres carrés de marbre.
D’ailleurs, bien avant de façonner des lodges, Chris Nader s’est d’abord rêvé voyageur. Son compte Instagram, @hotel_trotter, est déjà une invitation à explorer des paysages lointains et des hôtels rares: une piste de rêves où défilent inspirations, rencontres et envies d’ailleurs. Cette curiosité insatiable nourrit sa vision, repoussant sans cesse les frontières de l’hospitalité traditionnelle.
Au départ, rien n’était écrit. Chris Nader et Noëlle Homsy, cofondatrice et architecte, réunissent autour d’eux une équipe éclectique: anciens d’Aman, de Six Senses, experts du développement, de l’opérationnel, du marketing, tous animés par l’idée de faire autrement. Cette diversité, ce collectif, devient la véritable force d’ENVI. «Le fait d’avoir réussi à monter cette marque qui nous ressemble à Noëlle et moi, où on a réussi aussi à attirer des personnes qui travaillent avec nous, une équipe vraiment formidable, qui a un background différent, mais en même temps spécialisé dans le domaine…» Ce n’est pas un hasard si ENVI s’implante là où d’autres hésitent, dans des territoires souvent inexplorés pour ce type d’hospitalité.
ENVI Lodges à Serengeti, Tanzanie. © Envilodges
Tout, dans la démarche d’ENVI, s’oppose à la logique industrielle: ici, pas de standardisation, pas de «copy-paste». Chaque site est choisi pour sa singularité, sa capacité à immerger le voyageur. «L’emplacement et les sites jouent un très grand rôle dans le succès de ces projets et de l’expérience qu’on peut offrir. Quand on regarde un site, on essaie de comprendre ce que le client peut faire durant son séjour… On regarde vraiment si ce site est “immergé”. Est-ce que, quand on est à l’intérieur, on sent vraiment qu’on est coupé du monde? Qu’est-ce qu’il y a autour? Est-ce qu’il y a des vues?» Il évoque la quête de paysages à couper le souffle, de forêts, de mangroves, de vallées préservées, et ce souci constant d’offrir au visiteur bien plus qu’un lit, un vrai voyage intérieur.
De la Tanzanie à l’Arabie, une success story habitée par l’émotion
Le modèle économique suit la même logique d’agilité: ENVI ne possède pas ses lodges, mais les développe et les gère avec des partenaires, choisissant l’asset-light pour accélérer la croissance sans se renier. À la clé, onze écolodges déjà actifs ou en développement, du Serengeti à Oman, de Zanzibar à l’Arabie saoudite, avec à chaque fois jusqu’à quarante clés maximum – gage d’exclusivité et de proximité. Les investisseurs, séduits, suivent: près de cinq millions de dollars levés en trois ans, un montant qui concerne uniquement l’expansion de la société ENVI et inclut la levée récemment complétée, pour accompagner l’essor fulgurant du glamping de luxe dans la région.
Mais derrière la success story se cachent aussi des souvenirs de pionnier: l’ouverture des deux premiers camps en Tanzanie, dans le mythique parc du Serengeti, reste une étape aussi forte que paradoxale. Chris raconte: «Les deux premières ouvertures qu’on a eues sont en Tanzanie, au Serengeti. C’est deux camps de safari dans le parc national du Serengeti. Ce sont des ouvertures un peu atypiques pour nous… À la base, quand on a lancé ENVI, on n’était pas nécessairement dans l’optique d’être dans des milieux safari, d’avoir des lodges safari.» Mais le destin place la jeune marque là où l’hôtellerie d’aventure a vu le jour, et il faut composer avec la logistique, l’éloignement, l’impossibilité d’être entouré de ses proches au moment de l’inauguration. Le rêve se vit à distance, avec la promesse de mieux faire bientôt, à Zanzibar ou en Arabie saoudite, sur des sites plus accessibles.
Justement, l’Arabie saoudite symbolise un tournant: obtenir le soutien du Tourism Development Fund, ouvrir le premier éco-lodge du royaume dans l’oasis d’Al-Ahsa, classée par l’Unesco, c’est faire bouger les lignes, prouver que la durabilité a sa place même là où tout semblait figé. Chris n’en fait pas un étendard, mais une fierté discrète: «Réussir à convaincre le Tourism Development Fund en Arabie saoudite de financer le tout premier projet d’EcoLodge dans une ferme – sans doute une première dans toute la région du Golfe –, et que cela se fasse avec une toute nouvelle marque comme ENVI, tout juste lancée… C’est extrêmement enthousiasmant. Quand on regarde la taille de notre structure et le peu d’années d’existence, parvenir à accomplir de telles choses est véritablement remarquable.»
ENVI Lodges à Al-Ahsa, KSA. © Envilodges
Dans cette course à l’exigence, Chris et son équipe réinventent le luxe: pas celui qui s’affiche, mais celui qui se vit, au rythme de la nature et du temps retrouvé. «ENVI Lodges ambitionne de redéfinir le tourisme de luxe: ici, pas de marbre ni d’ostentation, mais des expériences immersives, une approche écologique exigeante et un vrai souci du confort et du bien-être.» L’écolodge devient alors un trait d’union: entre l’intime et le collectif, entre l’innovation et l’héritage, entre le rêve de nature et le plaisir du partage.
Aujourd’hui, la reconnaissance est là: en 2025, Chris Nader et Noëlle Homsy figurent parmi les «Top 100 Travel & Tourism Leaders» de Forbes Middle East, une consécration méritée pour une marque qui ne ressemble à aucune autre. Mais ce qui donne tout son sens à l’aventure, ce n’est pas la lumière des projecteurs, c’est la dimension humaine, presque filiale, de l’engagement de Chris. À la quatrième question de notre entretien – «Si vous pouviez inviter n’importe qui, du passé ou du présent, à séjourner dans un lodge ENVI, qui serait-ce et pourquoi?» – la réponse de Chris Nader, tout en retenue et en tendresse, dit tout: «J’aimerais inviter une personne du passé et une du présent, mes parents. Mon père qui est décédé et ma mère qui est heureusement encore avec nous. J’aimerais bien que tous les deux soient présents à nos ouvertures pour voir nos lodges. C’est une fierté de pouvoir leur montrer ça, surtout que la famille avait un business familial. J’ai grandi là-dedans, au Liban… C’est un peu passer le flambeau à la nouvelle génération...»
À travers ENVI, c’est donc une histoire de transmission, de fierté silencieuse, de fidélité à un esprit d’entreprise forgé dans l’enfance. Sa mère viendra bientôt découvrir Zanzibar et l’Arabie saoudite; son père aurait, sans aucun doute, applaudi ce chemin.
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