
La Chine organise mercredi une immense parade militaire à Pékin pour commémorer le 80e anniversaire de la défaite du Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale.
À quoi prêter attention ? L'AFP fait le point.
Kim avant tout
Le leader de la Corée du Nord Kim Jong Un attirera tous les regards dans la foule des quelque 25 chefs d'État et de gouvernement invités au côté du président Xi Jinping, y compris les présidents russe Vladimir Poutine, iranien Massoud Pezeshkian ou biélorusse Alexandre Loukachenko.
Ce sera l'un des rares déplacements à l'étranger depuis son accession au pouvoir fin 2011 de la part de celui qui était largement traité comme infréquentable par l'Occident avant la première présidence Trump. Ce sera aussi la toute première fois qu'il apparaîtra en public parmi un certain nombre de dirigeants étrangers.
Tous les yeux seront braqués sur sa proximité en tribune avec MM. Xi et Poutine et sur son interaction avec eux.
Aucun dirigeant occidental de premier plan n'est attendu. Le Premier ministre slovaque Robert Fico, chef de gouvernement d'un pays membre de l'Union européenne, est annoncé, comme le président serbe Aleksandar Vucic, également réputé proche de Moscou.
Évolutions internes au parti
La présence ou non de certains hauts responsables chinois pourrait donner des indications sur d'éventuelles évolutions au sein du pouvoir, concentré dans les mains du Parti communiste chinois (PCC).
Lors d'une précédente parade en 2015, M. Xi avait partagé la scène avec son prédécesseur Hu Jintao. Mais celui-ci a largement disparu des radars depuis un incident filmé par les caméras du monde entier en 2022 durant lequel il fut contraint de quitter un congrès du PCC sous les yeux de M. Xi.
Depuis 2015, M. Xi a entrepris de consolider son pouvoir à la tête du parti, de l’armée et du pays, souligne pour l'AFP James Char, de l'Université technologique de Nanyang à Singapour.
De nombreux responsables militaires ont été démis dans le cadre d'une vaste campagne anticorruption.
L'absence du vice-président de la Commission militaire centrale (CMC), He Weidong, visé par une enquête, pourrait signaler qu'il a été «rattrapé par la campagne», à supposer qu'«il soit encore en vie», note James Char.
Discours de Xi
Toute référence aux États-Unis ou à Taïwan – archipel revendiqué par le PCC qui ne l'a jamais gouverné – sera scrutée dans le discours de Xi Jinping.
M. Xi pourrait réaffirmer la contribution chinoise à la victoire pendant la Seconde Guerre mondiale, avec l'idée que «la Chine — et pas seulement les États-Unis — a le droit de définir les normes de gouvernance mondiale», anticipe Margaret Pearson, de la Brookings Institution.
Nouveaux missiles
La Chine a promis de dévoiler de nouvelles armes, produites sur le territoire national et déjà en service. Elles seront analysées sous le prisme d'un éventuel conflit dans le Pacifique.
Une nouvelle série de missiles antinavires, les Ying Ji – «attaque de l'aigle» en chinois – devrait être présentée.
Anciens combattants
Le défilé mettra en avant le rôle du PCC dans la victoire face à Japon, malgré un consensus historiographique qui attribue le mérite principal à l'armée de la République de Chine, qui contrôlait alors la majeure partie du pays.
En 2015, le PCC avait reconnu le sacrifice des soldats républicains en invitant certains de ses vétérans au défilé.
Mais leur visibilité pourrait être réduite cette année, reflétant les évolutions du récit national.
La participation d'autres puissances étrangères ayant contribué à la victoire contre le Japon sera également scrutée.
Des militaires chinois avaient défilé en mai à Moscou lors des célébrations russes de la fin de la guerre.
Symboles
La fanfare militaire comptera 80 clairons symbolisant les années écoulées depuis 1945, selon la télévision d'État CCTV.
La présence de 14 formations de musiciens symbolisera le nombre d'années de guerre, conformément à l'histoire officielle du PCC qui fait démarrer le conflit en 1931.
Les spectateurs de la place Tiananmen seront assis sur des chaises vertes, rouges et dorées, symbolisant respectivement la terre, le sang versé par le peuple et la paix, selon CCTV.
Par Sam DAVIES/AFP
Commentaires