Une grande université de Téhéran a été le théâtre de violents affrontements entre étudiants et forces de sécurité. Alors que la colère déclenchée par le décès de Mahsa Amini, ne faiblit pas. Le pouvoir, quant à lui, accuse l'Amérique et Israël de comploter.
Le mouvement de contestation en Iran, le plus important depuis celui de 2019 provoqué par la hausse des prix de l'essence, est entré dans sa troisième semaine. La colère déclenchée par le décès de Mahsa Amini, ne faiblit pas.
De violents incidents se sont ainsi produits dans la nuit de dimanche à lundi dans l'Université de technologie Sharif à Téhéran, la plus prestigieuse d'Iran, où la police anti-émeute a tiré des billes d'acier et des gaz lacrymogènes contre des étudiants qui protestaient, selon l'agence de presse iranienne Mehr.
Une capture video publiée sur les réseaux sociaux le 2 octobre montre ce qui semble être des forces de sécurité iraniennes à moto à Téhéran, près de l'Université de technologie Sharif.
«Femme, vie, liberté», «les étudiants préfèrent la mort à l’humiliation», ont-ils scandé selon Mehr, ajoutant que le ministre iranien des Sciences était ensuite venu à l'université parler aux étudiants en vue de calmer la situation.
Pour la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, il est «difficile de supporter ce qui se passe à l'université #Sharif en #Iran», a-t-elle tweeté: «Le courage des Iraniens est incroyable. Et la force brutale du régime est l'expression de la peur pure et simple du pouvoir de l'Education et de la liberté».
Le Centre pour les droits de l'homme en Iran (CHRI), basé à New York, s'est dit «extrêmement préoccupé par les vidéos provenant de l'Université Sharif et de Téhéran aujourd'hui, montrant une répression violente des manifestations». Des incidents sont également survenus à l'université d'Ispahan (centre).
Les forces de sécurité iraniennes déployées à l'Université de technologie Sharif à Téhéran. Les cours en présentiel ont été suspendus à partir de lundi dans la plus importante université scientifique d'Iran après de violents incidents dimanche soir entre étudiants et forces de sécurité à Téhéran.
Conspiration
Le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a accusé lundi les Etats-Unis et Israël ainsi que leurs «agents» d'avoir fomenté les manifestations, dans sa première réaction depuis le début du mouvement.
«Je dis clairement que ces émeutes et l'insécurité sont l'oeuvre de l'Amérique, du régime sioniste (Israël, NDLR) usurpateur et leurs agents salariés, avec l'aide de certains Iraniens traîtres à l’étranger», a-t-il dit dans sa première réaction à la mort de Mahsa Amini.
«La mort de la jeune fille nous a brisé le cœur, mais ce qui n'est pas normal c'est que certaines personnes, sans preuve ni enquête, rendent les rues dangereuses, brûlent le Coran, retirent le hijab des femmes voilées, mettent le feu aux mosquées et aux voitures», a-t-il dit, avant d’appeler les autorités judiciaires à juger «les émeutiers proportionnellement au niveau de leur participation aux destructions et aux atteintes à la sécurité».
Selon l'ayatollah Khamenei, ces manifestations ne sont pas dirigées contre le port obligatoire du voile, mais contre "l'indépendance" de l'Iran. "Beaucoup de femmes en Iran ne portent pas parfaitement le voile et sont de ferventes partisanes de la République islamique", a-t-il écrit sur Twitter. "Les Etats-Unis ne peuvent pas tolérer un Iran fort et indépendant."
"Nous sommes alarmés et révoltés par les informations sur la manière dont les forces de l'ordre répondent par la violence et avec des arrestations massives à des manifestations pacifiques d'étudiants", a dit lundi la porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, aux journalistes voyageant avec le président Joe Biden vers Porto Rico.
Le guide suprême de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, accuse les Etats-Unis, Israël et leurs "agents" d'avoir fomenté le mouvement de contestation antigouvernemental déclenché par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini à Téhéran.
Le président iranien, l'ultraconservateur Ebrahim Raïssi, a, lui aussi, accusé dimanche les «ennemis» de l'Iran de «conspirer» contre son pays.
Le ministère iranien du Renseignement avait indiqué vendredi que neuf ressortissants étrangers -- notamment de France, d'Allemagne, d'Italie, des Pays-Bas et de Pologne -- avaient été arrêtés en lien avec les manifestations.
Soutien
Le réalisateur Asghar Farhadi, deux fois oscarisé, a ainsi exhorté les gens du monde entier à «être solidaires» avec les manifestants. Lors d'un match amical de football contre le Sénégal à Vienne, toute l'équipe iranienne est restée vêtue de noir pendant les hymnes plutôt que d'exposer le maillot national.
Acteurs, cinéastes et sportifs iraniens ont ainsi été nombre à apporter leur soutien au mouvement de contestation, demandant aux autorités d'écouter les revendications du peuple.
À ce sujet, le guide suprême a estimé que «c'est à la justice de se prononcer s'il s'agit d'un acte criminel», mais à ses yeux leurs déclarations n'ont «aucune importance».
Avec AFP
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