Milan rend hommage au «roi» Armani
Les gens font la queue pour voir le cercueil du défunt créateur de mode italien Giorgio Armani, exposé pendant deux jours à l'Armani Theatre de Milan, tandis qu'une photo de lui est projetée sur un écran, le 6 septembre 2025. L'écran affiche le message suivant : « Je souhaite laisser derrière moi une empreinte marquée par l'engagement, le respect et une attention sincère pour les gens et la réalité. C'est là que tout commence vraiment. » Giorgio Armani est décédé le 4 septembre 2025 à l'âge de 91 ans. ©Stefano RELLANDINI / AFP

Milan a rendu hommage au «roi» Giorgio Armani, dont le corps est exposé depuis samedi matin en chapelle ardente dans l’Armani Teatro, lieu emblématique de la relation étroite entre le couturier et la capitale lombarde.

Des centaines de personnes faisaient la queue samedi matin pour se recueillir devant le cercueil en bois clair du légendaire styliste, décédé jeudi à l’âge de 91 ans, et dont la disparition a provoqué un séisme dans le monde de la mode et au-delà.

En costumes sombres et lunettes noires, une centaine de salariés du groupe s’est tenue en première ligne près du siège d’Armani, dans un ancien quartier industriel de Milan, avant les funérailles prévues lundi.

D’imposantes couronnes de roses blanches ont été déposées à l’entrée de la pièce où repose le cercueil, près de livres de condoléances où les sympathisants peuvent inscrire un message.

Selon le quotidien italien Corriere della Sera, Armani est mort d’une insuffisance hépatique soudaine, à la suite d’une pneumonie qui l’avait contraint à être hospitalisé en juin.

«C’était un homme incroyable, il nous a beaucoup marqués. C’était un exemple, sévère, parfois rude, mais très humain», a confié, émue, Silvia Albonetti, vendeuse dans le showroom voisin d’Emporio Armani homme. «Beaucoup de clients nous ont écrit pour lui rendre hommage.»

«Il nous a beaucoup appris avec sa façon de travailler. Un chapitre se ferme», a ajouté à ses côtés une autre vendeuse, Barbara Gersony. «Pour le futur on verra, selon ses dernières volontés.»

La chapelle ardente restera ouverte de 9h à 18h samedi et dimanche dans le Teatro, une ancienne usine de chocolat Nestlé transformée en 2001 par l’architecte japonais Tadao Ando pour en faire le siège du groupe Armani et le lieu de ses défilés. Minimaliste et élégant, le bâtiment est l’un des symboles de Milan, «la capitale du style».

À la tête d’un empire du luxe de plusieurs milliards d’euros, comptant plus de 600 boutiques dans le monde et plus de 9.000 employés fin 2023, Armani entretenait une «histoire d’amour» avec la ville, rappellent tous les médias italiens, citant en boucle l’une de ses déclarations: «Milan est le centre de mon monde, il m’a toujours inspiré».

«Sans lui, l’Olimpia serait en sale état», a commenté Roberto Gualdoni, 51 ans, vêtu d’un t-shirt de l’équipe de basket milanaise, propriété d’un Armani passionné de sport. «C’était un grand homme à Milan, il a fait beaucoup de bien.»

«Il était spécial, très humain, il venait toujours nous saluer», a ajouté dans la file d’attente le photographe Lazza Ramo, 37 ans.

Natif de Piacenza (nord de l’Italie), né en 1934 dans une famille modeste d’origine arménienne, Armani avait d’abord étudié la médecine avant de travailler comme étalagiste-décorateur à Milan pour les grands magasins La Rinascente.

C’est dans cette ville qu’il a fondé en 1975 la maison Giorgio Armani, et il a toujours voulu rester indépendant, refusant une introduction en bourse.

Les liens entre Milan et le couturier, souvent surnommé dans la presse italienne «Il Re Giorgio» («Le roi Giorgio»), ne se sont jamais démentis. Pendant la pandémie de Covid-19 en 2020, qui avait durement frappé la ville, il avait fait afficher un placard en noir et blanc dans une rue de Milan: «Je suis là, pour Milan, avec les Milanais, avec mon affection».

Affaibli depuis plusieurs mois, Armani avait été contraint de renoncer à ses défilés masculins de Milan mi-juin pour raisons de santé. Il avait également manqué en juillet le show Armani Privé à Paris.

Dans une interview au Financial Times publiée quelques jours avant sa mort, le créateur, qui n’avait pas d’enfants, avait expliqué que ses plans de succession reposaient sur «une transition progressive des responsabilités» vers ses «plus proches collaborateurs tels que Leo Dell’Orco», responsable du design des collections homme, «les membres de (sa) famille et toute l’équipe de travail».

Créateur visionnaire, Armani s’était illustré non seulement dans la haute couture, le prêt-à-porter, les accessoires, les parfums, les bijoux, mais aussi dans l’architecture d’intérieur et l’hôtellerie de luxe.

Par Taimaz SZIRNIKS / AFP

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