Israël cible le Hamas au Qatar, les Etats-Unis critiquent l'attaque
Frappe israélienne ciblée contre la direction du Hamas à Doha. Objectif : les responsables des attaques du 7 octobre. © Jack Guez / AFP

Israël a annoncé avoir ciblé mardi des responsables du Hamas dans des frappes à Doha, mais le mouvement islamiste palestinien a assuré que ses négociateurs visés avaient survécu tout en faisant état de six morts dans l'attaque, la première du genre au Qatar et dans le Golfe. Tel Aviv n’a pas donné pour sa part des précisions sur leur sort.

Alliée du Qatar et d'Israël, l'administration américaine, qui a été notifiée "par l'armée américaine" a critiqué l'attaque. La frappe au Qatar a rendu le président Donald Trump "très mal à l'aise" même si "éliminer le Hamas" est "un but louable", selon la Maison-Blanche.

Le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, a démenti avoir été prévenu à l'avance des frappes israéliennes par les États-Unis.

L'émirat "se réserve le droit de riposter à cette attaque flagrante", a déclaré son premier ministre, Cheikh Mohammed ben Abdulrahmane Al Thani.

"Nous pensons qu'aujourd'hui nous sommes arrivés à un moment charnière. Il doit y avoir une réponse de toute la région", a ajouté le dirigeant, assurant toutefois que son pays continuerait de jouer le rôle de médiateur dans la guerre à Gaza.

"La médiation fait partie intégrante de l'identité (du Qatar) et rien ne nous empêchera de continuer à jouer ce rôle dans toutes les questions nous concernant dans la région", a-t-il déclaré.

Le pays du Golfe, qui abrite la plus grande base américaine de la région, accueille le bureau politique du Hamas depuis 2012, avec la bénédiction des États-Unis.

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, Israël a tué plusieurs chefs et hauts responsables du mouvement dans le territoire palestinien, en Iran et au Liban.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré avoir ordonné les frappes après un attentat, revendiqué par le Hamas, qui a fait six morts lundi à Jérusalem-Est.

M. Netanyahou "a donné instruction à toutes les agences de sécurité de se préparer à la possibilité de cibler les dirigeants du Hamas. Aujourd'hui, en raison d'une opportunité opérationnelle (...) lui et le ministre de la Défense (Israël Katz) ont décidé de mettre en oeuvre la directive", indique un communiqué.

"L'armée et le service de sécurité intérieure (Shin Bet) ont mené une frappe ciblée contre les membres de la direction de l'organisation terroriste Hamas", selon un communiqué militaire.

Six morts dans l'attaque

Un responsable du Hamas ayant requis l'anonymat a affirmé que l'attaque avait "ciblé une réunion des négociateurs du Hamas à Doha, où ils discutaient de la proposition du président Trump pour un cessez-le-feu à Gaza".

Ni le gouvernement Netanyahou, ni l'armée israélienne n'ont mentionné le sort des responsables du Hamas visés.

Mais le mouvement palestinien a affirmé que "l'ennemi n'avait pas réussi à assassiner les membres de la délégation en charge des négociations".

Il a néanmoins, dans un communiqué, fait état de six morts dans l'attaque: le fils du négociateur en chef du Hamas Khalil al-Hayya, le chef de son bureau et trois gardes du corps, ainsi qu'un policier qatari.

"Le fait de prendre pour cible les négociateurs au moment même où ils discutent de la dernière proposition de Trump, confirme que Netanyahu et son gouvernement ne souhaitent parvenir à aucun accord et cherchent délibérément à faire échouer les efforts internationaux, sans se soucier de la vie de leurs prisonniers" (les otages israéliens, ndlr), a affirmé le Hamas.

Il a réitéré ses exigences en vue d'un cessez-le-feu: "L'arrêt immédiat des agressions contre notre peuple, le retrait complet de l'armée d'occupation (israélienne) de la bande de Gaza, un véritable échange de prisonniers (otages contre prisonniers palestiniens)" et l'augmentation de l'aide humanitaire.

Des demandes rejetées par Israël qui veut détruire le Hamas, le chasser de Gaza et prendre le contrôle sécuritaire de l'ensemble du territoire palestinien.

"Inquiétude" pour les otages

Après les frappes, M. Netanyahou a affirmé: "Israël a accepté les principes, la proposition avancée par le président Trump pour mettre fin à la guerre, à commencer par la libération immédiate de tous nos otages. Si la proposition est acceptée (par le Hamas), la guerre peut prendre fin immédiatement".

Donald Trump a écrit sur son réseau social que la décision de lancer une attaque au Qatar "a été prise par le Premier ministre Netanyahou, pas par (lui)", la qualifiant d'"incident regrettable".

Il avait indiqué dimanche avoir adressé un "dernier avertissement" au Hamas pour un retour des otages. "Les Israéliens ont accepté mes conditions. Il est temps pour le Hamas d'accepter également. J'ai averti le Hamas des conséquences en cas de refus", avait-il dit.

Les détails de ce plan n'ont pas été annoncés officiellement.

Le Forum des familles d'otages a dit son "inquiétude" pour les captifs retenus à Gaza après les frappes à Doha.

Plusieurs pays arabes, la Turquie, et la France ont condamné les frappes israéliennes à Doha.

 

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