Le Hamas, une supercherie en lambeaux
©Ici Beyrouth

L’attaque israélienne contre la direction du Hamas au Qatar mardi dernier a marqué un tournant brutal. Pour la première fois, Israël a visé le cœur politique du mouvement islamiste en dehors des zones de conflit traditionnelles. 

À Doha, où le Hamas pensait avoir trouvé un refuge sûr et confortable, des missiles ont rappelé que même les hôtels dorés et les terres de lait et de miel n’offrent aucune immunité.

Selon Al Jazeera, six personnes ont péri, dont le fils de Khalil al-Hayya et un officier qatari. Mais l’opération visait surtout les derniers survivants du bureau politique, des vétérans désormais réduits à des fuyards surveillés.

Rumeurs de mortset démentis pathétiques

Quelques heures après l’attaque, Al-Hadath affirmait que Khalil al-Hayya et Khaled Mechaal avaient été tués. Certains médias arabes titraient déjà sur une décapitation totale du Hamas. Mais le mouvement, dans un réflexe pavlovien de propagande, a nié: «Nos dirigeants sont vivants», assurait-il, tout en reconnaissant la mort du fils de Khalil al-Hayya et de plusieurs gardes du corps.

Ce ballet macabre illustre la fragilité extrême d’un leadership réduit à l’ombre de lui-même. Le Hamas est aujourd’hui condamné à démentir sa propre disparition, à coups de communiqués qui sonnent comme des cris de survie. Le contraste est saisissant: alors qu’il brandissait jadis l’image de chefs invulnérables, aujourd’hui, il s’accroche à de simples preuves de vie.

Une direction exsangue

En deux ans, la campagne israélienne d’assassinats ciblés a méthodiquement broyé la hiérarchie du Hamas. Mohammad Deif, le stratège militaire et soi-disant «fantôme de Gaza», a été éliminé en juillet 2024; Yahya Sinouar, symbole de Gaza, a été abattu en octobre de la même année; neuf mois plus tôt, Saleh al-Arouri, numéro deux du mouvement, est tombé à Beyrouth; et surtout, Ismaïl Haniyé, chef du bureau politique, a été tué à Téhéran en juillet 2024.

Ainsi, la direction du Hamas ne repose plus que sur un conseil de fortune basé à Doha, où des vieillards recyclés en figures symboliques tentent de maintenir une cohésion illusoire. Parmi eux, Khalil al-Hayya, désigné malgré lui comme chef de file; Khaled Mechaal, vieux routier déjà usé et écarté progressivement du leadership effectif du Hamas en raison de sa méfiance envers l’Iran; Zaher Jabarin, responsable des finances, mais sans assise politique; et Nizar Awadallah, quasi disparu de la scène publique.

C’est tout ce qui reste d’un mouvement qui prétendait incarner la «résistance» palestinienne – un cénacle réduit, reclus, ne survivant que parce qu’il n’a pas encore été ciblé à son tour.

Entre luxe et déconnexion

La frappe de Doha a aussi révélé au grand jour un paradoxe gênant pour le Hamas. Tandis que Gaza est ravagée et que la population palestinienne survit dans les ruines, ses dirigeants exilés vivent dans le confort des capitales du Golfe. Les images d’immeubles de luxe éventrés par des missiles contrastent cruellement avec les discours martiaux qu’ils tiennent à distance.

Le Hamas se trouve désormais piégé: invisible sur le terrain, traqué à l’étranger, il n’a plus ni légitimité militaire ni crédibilité politique.

La disparition d’Ismaïl Haniyé symbolise ce naufrage. Son assassinat à Téhéran en 2024 a ôté au Hamas son dernier leader de poids, celui qui parvenait encore à donner l’illusion d’une direction centralisée et d’une stratégie cohérente. Depuis, tout s’est effondré.

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