
Le président nationaliste polonais Karol Nawrocki se rend mardi pour la première fois à Berlin et à Paris, au moment où la Pologne cherche à renforcer la protection de sa frontière est, limite orientale de l'UE et de l'Otan.
Outre des dossiers bilatéraux entre Varsovie et chacune des deux capitales, le chef de l'État polonais, investi début août, a prévu de rappeler à Berlin la question épineuse des dédommagements pour la Seconde Guerre mondiale, et à Paris, d'aborder celle de l'accord commercial entre l'UE et les pays du Mercosur, que la Pologne rejette en bloc.
L'Allemagne et la France ont d'ores et déjà offert à la Pologne le renforcement de sa défense aérienne, après l'intrusion de drones russes sur son territoire.
Jugée délibérée par Varsovie, l'irruption d'une vingtaine de drones russes dans l'espace aérien polonais dans la nuit de mardi à mercredi, en pleine guerre d'Ukraine, a provoqué un branle-bas chez les alliés européens.
Après l'Allemagne, qui a annoncé prolonger sa mission de protection de l'espace aérien polonais et faire passer de deux à quatre le nombre de ses avions de combat Eurofighter déployés à cet effet, la France a indiqué qu'elle dépêchait trois Rafale dans ce pays.
Une aide d'autant plus précieuse que le président américain Donald Trump, pour lequel M. Nawrocki n'a jamais caché son admiration, a choqué le gouvernement et l'opinion publique polonaise en laissant entendre que l'intrusion des drones n'était peut-être pas intentionnelle mais le résultat d'une «erreur».
Dossier délicat
À Berlin, le nouveau chef de l'État polonais, novice en politique, sera accueilli par le président Frank-Walter Steinmeier, puis rencontrera le chancelier allemand Friedrich Merz.
Cette visite pourrait s'avérer délicate.
Ancien directeur de l'Institut de la mémoire nationale (IPN) chargé de poursuivre les crimes nazis et communistes, M. Nawrocki a, à plusieurs reprises, accusé l'Allemagne de considérer la Pologne comme «un partenaire mineur», «une économie auxiliaire» ou encore de lui renvoyer des migrants.
Conformément à ses promesses électorales, le président pourrait surtout réclamer à Berlin des réparations au titre des crimes commis pendant la Seconde Guerre mondiale.
Selon Berlin, la Pologne a renoncé à ses réparations en 1953 sous la pression de l'Union soviétique.
Le gouvernement pro-européen polonais confirme cette position, estimant que d'un point de vue juridique la situation est «désespérée», selon le ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski.
À Paris mardi après-midi, le président polonais rencontrera son homologue français Emmanuel Macron, avec qui il discutera de la sécurité et de la défense, du soutien à l'Ukraine, ainsi que des relations bilatérales entre la France et la Pologne, selon la présidence française.
La partie polonaise annonce également que le président Nawrocki abordera avec son homologue français la question de l'accord de libre-échange entre des pays latino-américains du Mercosur et l'Union européenne.
La Pologne a d'ores et déjà annoncé qu'elle voterait contre cet accord qu'elle juge fortement nuisible pour l'agriculture polonaise et européenne, et qu'elle allait chercher à rallier la France à sa cause.
Avec AFP
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