Robert Redford et Sundance: héritage d’un cinéma libre
Cette photo prise le 1er septembre 2017 montre l'acteur américain Robert Redford saluant après avoir reçu le Lion d'or pour l'ensemble de sa carrière lors d'une cérémonie au 74e Festival du film de Venise, sur le Lido de Venise. ©Filippo MONTEFORTE / AFP

Robert Redford, décédé à 89 ans, a profondément marqué le cinéma indépendant en fondant le festival de Sundance. Ce rendez-vous incontournable a révélé de grands réalisateurs et donné une voix aux créateurs hors des circuits hollywoodiens.

On ne le voyait que rarement aux dernières éditions du festival de Sundance, dans les montagnes de l'Utah, dans l'ouest américain, mais l'icône du cinéma Robert Redford y laisse une empreinte indélébile pour les réalisateurs.
L'acteur aux mèches blondes, décédé mardi à l'âge de 89 ans, a fondé ce festival dans les années 1980 pour propulser des films indépendants, loin des sphères d'Hollywood et de ses élites.
Le festival est devenu au fil des années une référence internationale, lançant les carrières de Quentin Tarantino, Robert Rodriguez, David O. Russell, Steven Soderbergh ou encore Jim Jarmusch.
«Son impact, c'est au-delà de tout ce qu'on peut imaginer. Je ne sais pas à quoi ressemblerait notre métier sans son influence, en particulier pour les films indépendants», déclare à l'AFP le réalisateur américain David Osit, qui a présenté son documentaire Predators lors de la dernière édition du festival.

Quelques années avant d'exploser aux yeux du grand public dans Butch Cassidy et le Kid, Robert Redford, natif de Californie, avait acheté une parcelle de terre dans les montagnes enneigées de l'Utah.
Il a lancé dans la vallée un institut qui offre ressources et formations aux jeunes réalisateurs, avant de reprendre un festival local qu'il a par la suite nommé le Sundance film festival.
Au total, plus de 4 000 longs-métrages ont été présentés lors de l'événement, qui a lieu chaque année en hiver, à plus de 2 150 mètres d'altitude. La grande majorité des films ont été produits par des réalisateurs peu connus et aux moyens financiers limités.

Le festival a notamment propulsé des documentaires récents comme 20 jours à Marioupol, lauréat d'un Oscar, ou encore Navalny, sur l'opposant russe empoisonné.
«Aux États-Unis, il n'y a pas de financement public pour les jeunes artistes, contrairement à d'autres pays», souligne le réalisateur Richard Heredia-Arriaga.
D'où l'importance du festival «pour les réalisateurs américains en particulier, car c'est un moyen de montrer leur travail et, en quelque sorte, de le légitimer au niveau professionnel».

Alors que Sundance prenait de l'ampleur, l'événement a attiré de plus en plus la commercialisation à laquelle Robert Redford s'opposait.
«Je veux que les spécialistes du marketing, les marques de vodka, les distributeurs de sacs cadeaux et les Paris Hilton disparaissent à jamais», avait lancé le cowboy aux cheveux dorés à un journaliste lors du festival, en 2012. «Ils n'ont rien à faire ici.»

En vieillissant et avec une santé de plus en plus fragile, l'acteur américain s'était de moins en moins directement impliqué dans le festival ces dernières années. Mais il n'oubliait jamais de délivrer un message vidéo à l'audience pour lancer l'événement.
Il avait annoncé lors de l'une de ses dernières interventions publiques le déménagement prochain du festival, qui a dépassé la capacité d'accueil de sa ville d'origine. À partir de 2027, le Sundance film festival se tiendra dans le Colorado (ouest) et non plus dans l'Utah.

Sa mission reste «plus cruciale que jamais» et son déménagement «permettra au festival de continuer son travail, de prendre des risques, soutenir des réalisateurs innovants, encourager l'indépendance, divertir et éclairer le public», avait déclaré Robert Redford.
Pour Monika Suter, une visiteuse régulière de ce coin de l'Utah où l'acteur américain avait établi son cocon, «sa présence s'est toujours fait sentir dans l'organisation (du festival) car tout le monde savait que c'était Bob qui mettait tout en place».

Par Romain FONSEGRIVES avec Andrew MARSZAL à Los Angeles / AFP

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