
Le Centre Pompidou, symbole de l'art moderne à Paris, ferme ses portes pour un chantier de rénovation historique. Objectif : moderniser ses espaces et réduire son empreinte énergétique avant sa réouverture en 2030.
Le Centre Pompidou, bâtiment parisien iconique à l'architecture tubulaire multicolore qui abrite le plus important musée d'art moderne au monde avec le MoMA à New York, fermera ses portes lundi pour cinq ans de rénovation.
Le monument, qui a accueilli cinq millions de visiteurs en 2024, s'étend sur neuf niveaux accessibles au public par escalators (120.000 m²) qui ont été progressivement vidés.
Frida Kahlo, Dali, Bacon, Duchamp... les œuvres d'artistes majeurs ont déménagé des collections permanentes qui abritaient quelque 2.000 des 150.000 œuvres de sa collection. La bibliothèque publique, qui accueillait quotidiennement des milliers d'étudiants et d'habitués, a investi un autre lieu de la capitale en attendant sa réouverture à l'horizon 2030.
Un «crève-cœur» pour de nombreux visiteurs croisés par l'AFP au cours des derniers mois.
Lundi, pour son dernier jour, le centre restera ouvert de 11h00 à 23h00, permettant à ceux qui le souhaitent de voir gratuitement une toute dernière exposition, celle de l'artiste allemand contemporain Wolfgang Tillmans, à la croisée de la photographie, de la vidéo, de la musique et de l'édition.
Du 22 au 25 octobre, le public sera également convié à «une grande fête musicale et artistique» dans l'établissement à l'occasion de la semaine de l'art contemporain à Paris, a annoncé à l'AFP le président du Centre Pompidou, Laurent Le Bon.
Inauguré en 1977 et conçu comme un lieu «ouvert à tous» par les architectes Renzo Piano et Richard Rogers (disparu en 2021), le Centre Pompidou s'est donné pour vocation d'accueillir toutes les formes de cultures. Aussi appelé Beaubourg, il a révolutionné son époque et conquis un public français autant qu'étranger.
«Choc de 1977»
Mais il souffre de vétusté. Désamiantage, accessibilité du lieu, sécurité et complet réaménagement intérieur sont au menu d'importants travaux de rénovation.
Une meilleure protection climatique avec une nouvelle étanchéité est également programmée visant à «réduire de 40% la facture énergétique», a précisé M. Le Bon.
«On garde l'enveloppe extérieure mais du sous-sol jusqu'au dernier étage on change tout», a-t-il détaillé.
Selon lui, lorsqu'ils reviendront au «Centre Pompidou 2030», les visiteurs découvriront à l'entrée «un tout nouveau forum pluridisciplinaire de 10.000 m² sur deux niveaux regroupant des salles de spectacle, d'exposition et de cinéma, toutes interconnectées».
Une immense terrasse ouverte au public au septième étage offrira une vue imprenable sur Paris.
Le Musée d'art moderne sera doté d'une nouvelle scénographie et d'un parcours «mettant en valeur la place des femmes artistes et faisant la part belle aux débats de société (écologie, rapport à la ville...) ainsi qu'aux nouvelles technologies».
«On espère que les visiteurs auront un peu le même choc que quand le Centre a ouvert en 1977», a-t-il poursuivi.
460 millions d'euros
Le lieu va être «classé au titre de l'inventaire des monuments historiques en 2026», ce qui permettra «de bénéficier de l'expertise du ministère de la Culture pour la rénovation et de protéger cette icône en évitant que des évolutions futures dénaturent le projet originel de ses concepteurs», a expliqué M. Le Bon.
Le coût global des travaux est estimé à 460 millions d’euros, dont 280 millions financés par l'État. Pour les 180 millions restants, «100 millions sont déjà assurés et nous avons bon espoir de trouver les 80 restants dans les cinq ans qui viennent», a-t-il précisé.
Outre le mécénat et la circulation des expositions, le Centre Pompidou peut compter sur sa «marque» et ses jumeaux à l'international - les deux prochains seront Séoul en mai 2026 et Bruxelles en novembre 2026 - ainsi que sur ses «partenariats», au premier rang desquels celui avec l'Arabie Saoudite qui participe à hauteur de 50 millions d'euros à la rénovation.
Pendant la fermeture, ses collections seront montrées en France et à l'étranger. Après Niki de Saint-Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten au Grand Palais, une grande exposition sur Matisse est programmée au printemps 2026.
En parallèle aux travaux, le chantier d'un nouvel espace de stockage des œuvres, qui sera aussi un lieu d’exposition et un espace culturel accueillant le public, a démarré à Massy, en région parisienne, et devrait être inauguré fin 2026.
Avec AFP
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