Budget 2026: le patronat rejette la «taxe de 3%» jugée injuste et inflationniste
Le patronat libanais vent debout contre la taxe de 3% du budget 2026, jugée injuste, inflationniste et sans logique financière. ©Ici Beyrouth

Les organismes économiques ont annoncé, lundi, leur «opposition totale» à l’instauration d’une taxe de 3% prévue dans l’article 31 du projet de budget 2026. Une mesure qu’ils jugent illogique, inflationniste et pénalisante pour les entreprises déjà en règle, dans un pays où l’informel prospère.

Officiellement, cette taxe constitue un acompte sur l’impôt sur le revenu. Dans les faits, dénoncent les patrons, elle se transformera en impôt additionnel faute de mécanismes clairs et garantis pour rembourser les sommes prélevées. «Cela porte atteinte aux droits des entreprises et des citoyens», soulignent-ils dans leur communiqué.

Le gouvernement mise pourtant gros sur ce dispositif: 600 millions de dollars de recettes attendues, qui devraient ensuite être déduites de l’impôt sur les bénéfices des sociétés. Mais le patronat pointe une incohérence flagrante: ces recettes n’ont jamais dépassé 150 à 180 millions par an lors des meilleures années. «Sur quelle base pourra-t-on rembourser les montants prélevés?», interrogent les organismes.

Selon les estimations, l’application de la taxe entraînerait une hausse directe des prix entre 4 et 5%, affaiblissant davantage le pouvoir d’achat des Libanais. Les patrons estiment par ailleurs que cette mesure ne permettra pas de lutter contre la fraude fiscale, mais encouragera au contraire l’évasion, en poussant davantage d’opérateurs vers l’informel.

Introduit dans le projet de budget via les articles 29, 30 et 31, le mécanisme prévoit que des organismes publics (comme Ogero ou Électricité du Liban), les douanes ou certains contribuables prélèvent 3% des transactions (services, importations) pour le compte du Trésor. Une somme ensuite imputée, théoriquement, sur les impôts dus en fin d’exercice.

Pour le secteur privé, le problème est ailleurs: ce sont les entreprises déjà soumises à l’impôt qui se voient surtaxées, alors que l’État ferme les yeux sur les acteurs de l’économie parallèle. Les organismes économiques appellent donc le gouvernement à élargir la base fiscale, à lutter contre le trafic et la fraude douanière, plutôt que de pressurer les contribuables réguliers.

«La situation économique et sociale ne supporte plus de charges supplémentaires», avertit le patronat, rappelant que la priorité devrait être de relancer la croissance et d’alléger le fardeau des ménages.

Cette nouvelle fronde intervient alors que le gouvernement poursuit l’examen du budget, dont la prochaine séance est prévue ce lundi après-midi.

 

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