
Les Européens et les Iraniens ont entamé mardi de nouveaux efforts diplomatiques à New York, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, pour tenter de trouver un compromis sur la manière de contrôler le programme nucléaire de la République islamique.
Les ministres des affaires étrangères du groupe E3 (Allemagne, France, Royaume Uni), de l'Union Européenne et de l'Iran se sont réunis dans la matinée pour poursuivre les intenses discussions menées depuis des mois, qui se sont soldées jusqu'à présent par un échec.
Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a jusqu'à samedi minuit pour trouver un consensus avec ses homologues allemand, Johann Wadephul, britannique, Yvette Cooper, français, Jean-Noël Barrot, et européenne, Kaja Kallas, et éviter la réinstauration dimanche des sanctions de l'ONU contre l'Iran, qui avaient été suspendues en vertu d'un accord signé en 2015.
«L'Iran ne doit jamais acquérir l'arme nucléaire» «et c'est pour cela que nous nous réunissons de nouveau aujourd'hui», a déclaré le ministre allemand à des journalistes.
«Cependant, (...) les chances d'aboutir à une solution diplomatique avant que les sanctions ne soient déclenchées sont extrêmement minces», a-t-il estimé.
La semaine dernière, Iraniens et Européens se sont rejeté la responsabilité de l'échec des efforts diplomatiques lorsque le Conseil de sécurité de l'ONU a donné son feu vert au rétablissement des sanctions contre l'Iran qui doit intervenir dimanche si aucune résolution n'est prise pour prolonger la durée de la levée des sanctions qui avait été actée en 2015.
Ce dossier empoisonne les relations de l'Iran avec les pays occidentaux, États-Unis en tête, et Israël, son ennemi juré, qui soupçonnent le pouvoir iranien de vouloir se doter de la bombe atomique. Ce que Téhéran dément vigoureusement, affirmant défendre son droit au nucléaire civil.
Les Européens ont posé trois conditions pour prolonger la période de levée des sanctions : reprise des négociations directes et sans précondition, plein accès donné aux inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) aux sites nucléaires iraniens et informations précises sur la localisation des matières enrichies.
Mais ils estiment qu'aucune condition n'est pour l'heure remplie.
De son côté, Téhéran les accuse d'exercer une pression nuisible aux discussions et assure avoir mis sur la table une proposition «équilibrée» dont les détails n'ont pas été dévoilés.
Parallèlement aux Européens, les Américains avaient lancé des tractations au printemps via Oman, mais les attaques israéliennes et américaines contre les sites nucléaires iraniens avaient mis un coup d'arrêt à cette initiative.
Coordination avec Washington ?
Le rôle des États-Unis est fondamental dans ce dossier alors qu'ils avaient quitté en 2018 l'accord signé en 2015.
Ce traité dit «JCPOA», conclu avec l'Iran et dont la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Russie et la Chine étaient également signataires, prévoyait un encadrement des activités nucléaires iraniennes en échange d'une levée des sanctions.
Avec la sortie des Américains, l'Iran s'était ensuite affranchi de certains engagements, notamment sur l'enrichissement d'uranium.
Début septembre, un rapport confidentiel de l'AIEA, consulté par l'AFP, faisait apparaître que l'Iran avait accéléré, avant la guerre des 12 jours en juin menée par Israël, le rythme de production de ses réserves d'uranium enrichi à 60%, seuil proche des 90% nécessaires pour fabriquer une arme nucléaire.
Le groupe E3 a réitéré la semaine dernière son offre d'extension de la résolution afin de prolonger de six mois la période de levée des sanctions et permettre de nouer un nouvel accord, au moins intérimaire, dans ce laps de temps.
Lundi, la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a assuré que la partie européenne était prête «pour toute discussion» et «solution diplomatique».
Elle a toutefois reconnu qu'il était «difficile à dire» quelles étaient les chances de réussite.
Lundi, le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a souligné que les discussions étaient dans «un moment charnière difficile», tout en louant le fait qu'elles se poursuivaient.
Dans un entretien avec l'AFP, il a aussi évoqué l'implication de l'émissaire américain Steve Witkoff, «qui explore différents canaux» de communication.
Interrogées par l'AFP, les diplomaties française et américaine n'ont pas confirmé la possibilité d'une réunion cette semaine à New York pour coordonner leurs efforts.
Johann Wadephul a souligné qu'en cas de restauration des sanctions internationales, cela ne marquerait pas la fin de la diplomatie. «Même après l'entrée en vigueur des sanctions, les E3 seront toujours prêts à discuter», a-t-il dit.
AFP
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