
Une attaque de drone a fait 15 morts sur le marché de la ville assiégée d'el-Facher, au Soudan, ont rapporté mercredi une source médicale et un comité militant de cette ville du Darfour devenue le principal front de la guerre entre l'armée soudanaise et les FSR.
Le bombardement, qui a eu lieu mardi soir, «a coûté la vie à 15 personnes et blessé 12 autres, dont trois dans un état critique», a déclaré à l'AFP une source médicale à l'hôpital de la dernière ville de la région sous contrôle de l'armée régulière.
De son côté, la «coordination des comités de résistance», qui documente les violences du conflit qui ravage le Soudan depuis plus de deux ans, a fait état de 27 morts et blessés, dénonçant un «massacre» des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), en guerre contre l'armée régulière depuis avril 2023.
La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.
Elle a été déclenchée par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'État de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.
Dernière grande ville tenue par l'armée dans la vaste région du Darfour, El-Facher est devenue le principal front du conflit entre les deux camps.
Assiégée depuis plus de 500 jours par les paramilitaires et coupée de toute aide extérieure, la ville abrite environ 260.000 civils, dont la moitié sont des enfants, selon l'ONU.
Contrôler l'ouest du Soudan
Les paramilitaires, qui ont perdu une grande partie du centre du pays, avec notamment Khartoum plus tôt cette année, cherchent à consolider leur pouvoir dans l'ouest du Soudan.
Vendredi, au moins 75 personnes ont été tuées dans une mosquée d'El-Facher, après une attaque de drone des forces paramilitaires, en pleine offensive pour s'emparer du chef-lieu du Darfour-Nord. Selon l'Unicef, onze enfants de 6 à 15 ans ont péri dans cette attaque.
L'hôpital local souffre d'une telle pénurie, que le personnel médical «en est réduit à utiliser désormais des tissus de moustiquaires pour bander les plaies», selon la source médicale jointe par l'AFP.
«La scène la plus douloureuse pour nous est de voir les blessés souffrir sans avoir les médicaments pour les soigner», a déploré cette source.
Si la ville devait tomber, les FSR contrôleraient totalement la vaste région du Darfour, où l'ONU et des organisations humanitaires ont déjà dénoncé le risque d'exactions, en particulier contre les communautés non arabes, comme celle des Zaghawa, pilier des Forces conjointes alliées à l'armée.
Ces derniers jours, les paramilitaires se rapprochent de sites stratégiques d'el-Facher, selon des images satellites du Humanitarian Research Lab (HRL) de l'Université Yale, aux États-Unis.
Parmi eux, le camp d'Abou Chouk et l'ancienne base de la mission de paix conjointe de l'ONU et de l'Union africaine (Minuad), devenue le quartier général des Forces conjointes, une coalition d'anciens groupes rebelles alliée à l'armée soudanaise.
Les FSR contrôlent à présent une bonne partie du camp, situé à trois kilomètres au nord de l'ancien complexe de la Minuad, selon des témoins. L'aéroport d'El-Facher, devenu une base de l'armée, ainsi que le QG de la 6e division de l'armée se retrouvent à portée des tirs des paramilitaires, selon le HRL.
Avec AFP
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