
Vitamines, acide hyaluronique, oligo-éléments: la mésothérapie promet un éclat immédiat grâce à des micro-injections dans le derme. Technique à la mode, entre bien-être et marketing, dont l’efficacité réelle reste débattue. Coup de boost ou simple effet placebo? Une approche dont l’analyse et la prudence sont également partagées par le Pr Roland Tomb, doyen honoraire de la Faculté de médecine de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, dermatologue et allergologue à l’Hôtel-Dieu de France.
Un visage fatigué, en manque d’éclat, et la promesse d’un «coup de frais» immédiat: la mésothérapie s’est imposée dans les cabinets esthétiques, vantée pour ses micro-injections de cocktails revitalisants. Son principe est simple : injecter à la surface de la peau, dans le derme moyen, de très faibles doses de vitamines, d’acide hyaluronique non réticulé, d’oligo-éléments ou de peptides. L’objectif? Booster l’hydratation, réveiller la lumière du teint, stimuler la synthèse de collagène par les fibroblastes… le tout, sans modifier les volumes ni figer les traits.
La séance dure en général 15 à 30 minutes: une fine aiguille dépose le mélange dans des dizaines de micro-points. La technique est souvent indolore (ou très peu douloureuse), et la reprise d’activité est immédiate, hormis quelques rougeurs passagères ou de légers petits bleus. On repart avec la promesse d’un visage plus frais, une peau repulpée, parfois un effet «glow» qui séduit les amateurs de beauté naturelle.
Mais derrière cette aura de bien-être, la mésothérapie reste une technique de surface: elle ne remonte pas les traits, ne lisse pas les rides profondes et n’agit pas sur la structure du visage. Son efficacité dépend du type de peau, de l’âge, de l’hygiène de vie… et du protocole choisi. Le résultat est transitoire: trois à six semaines de bénéfice, parfois moins. Les séances doivent donc être répétées régulièrement, ce qui pose la question du rapport coût-bénéfice pour un traitement dont l’effet n’est pas durable.
Du côté des médecins, les avis sont partagés. Certains louent la mésothérapie pour ses effets sur l’hydratation et l’éclat, soulignant un effet «coup de boost» utile avant un événement ou à chaque changement de saison. D’autres évoquent un effet surtout subjectif, proche du placebo, et pointent l’absence d’études robustes prouvant un impact majeur sur le vieillissement cutané. Il faut aussi distinguer la mésothérapie esthétique, très superficielle, de la mésothérapie médicale utilisée pour soulager certaines douleurs musculaires ou articulaires: le protocole et les produits n’ont rien à voir.
En pratique, la mésothérapie s’adresse surtout à celles et ceux qui recherchent un effet «bonne mine» sans chirurgie, ni transformation visible, ni immobilisation sociale. Elle séduit pour son côté «soin booster», sa rapidité et son absence de suites lourdes. Mais elle ne remplace ni les fillers, ni les techniques de remodelage profond, ni une bonne hygiène de vie.
La mésothérapie s’inscrit dans la tendance du soin instantané, efficace pour un éclat ponctuel, mais limitée pour qui cherche un vrai rajeunissement. Un coup d’éclat? Oui. Un miracle anti-âge? Non. Le discernement reste le meilleur allié des adeptes de l’aiguille.
Quels actifs dans la mésothérapie esthétique?
Les cocktails injectés varient selon les praticiens et les besoins du patient, mais on y retrouve le plus souvent:
- de l’acide hyaluronique non réticulé (hydratant, non volumateur)
- des vitamines (A, C, E, groupe B)
- des oligo-éléments (zinc, sélénium, cuivre)
- des acides aminés, des peptides, parfois du coenzyme Q10 ou des antioxydants
Chaque formule prétend cibler l’éclat, la tonicité, la lutte contre le stress oxydatif… mais aucune n’est un remède miracle, et leur efficacité dépend de la qualité du derme et de la fréquence des séances.
FAQ – Ce qu’il faut savoir avant de tester la mésothérapie
Combien de temps durent les effets?
En moyenne, entre trois et six semaines. Un protocole initial prévoit souvent trois à cinq séances rapprochées, puis des rappels tous les mois ou tous les deux mois.
Est-ce risqué?
Les risques sont faibles: rougeurs, petits hématomes, sensation de picotement. Les infections sont rarissimes, à condition de respecter une asepsie stricte.
Peut-on combiner mésothérapie et autres traitements esthétiques?
Oui, la mésothérapie peut précéder ou suivre des injections de Botox, d’acide hyaluronique, des peelings ou du laser, mais le protocole doit être adapté par le médecin.
Peut-on l’utiliser sur le corps?
Oui, certaines formules visent le cuir chevelu (chute de cheveux), le décolleté, ou même le traitement de la cellulite. Les résultats restent modérés et variables selon l’indication.
Quel coût au Liban?
En moyenne, une séance de mésothérapie esthétique coûte entre 80 et 200 dollars, selon la composition du cocktail et la notoriété du praticien.
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