
Mis en garde par Donald Trump contre une annexion de la Cisjordanie occupée, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou est attendu vendredi à la tribune de l'ONU où il a promis de s'élever contre ceux qui soutiennent un État palestinien.
À l'occasion d'un sommet organisé lundi par la France et l'Arabie saoudite sur l'avenir de la solution à deux États, palestinien et israélien, vivant côte à côte en paix et sécurité, une dizaine de pays, dont la France, le Royaume-Uni, le Canada et l'Australie, ont formellement reconnu l'État de Palestine, provoquant la colère d'Israël.
Alors qu'au moins 151 des 193 États membres de l'ONU ont désormais franchi ce pas, Benjamin Netanyahou, qui martèle qu'«il n'y aura pas d'État Palestinien», a été clair : «je dénoncerai ces dirigeants qui, au lieu de condamner les meurtriers, les violeurs, les brûleurs d'enfants, veulent leur accorder un État au cœur de la Terre d'Israël», a-t-il dit avant de partir pour New York.
Il a déjà affirmé que son gouvernement allait étendre la colonisation juive en Cisjordanie occupée. Et les ministres israéliens d'extrême droite, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, vont plus loin, appelant à son annexion.
«Dangers d'une annexion»
Certains craignent de possibles nouvelles représailles israéliennes contre ce geste largement symbolique au moment où la bande de Gaza est ravagée par près de deux années de guerre.
Mais Donald Trump a pour la première fois publiquement pris position sur ce sujet jeudi après s'être entretenu avec le chef du gouvernement israélien.
«Je ne permettrai pas à Israël d'annexer la Cisjordanie. Non, je ne le permettrai pas. Cela n'arrivera pas», a-t-il déclaré.
«Les pays arabes et musulmans ont dit clairement au président (Trump) les dangers d'une quelconque annexion de la Cisjordanie et les risques que cela poserait non seulement pour une éventuelle paix à Gaza mais aussi pour toute paix durable», a insisté de son côté le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane.
Ce discours interviendra au moment où les espoirs de paix se focalisent sur un nouveau plan présenté cette semaine par Donald Trump à des pays arabes et musulmans.
Selon une source diplomatique au fait de la réunion tenue en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, ce plan en 21 points prévoit notamment un cessez-le-feu permanent à Gaza, la libération des otages israéliens détenus dans le territoire palestinien, un retrait israélien ainsi qu'une future gouvernance de Gaza sans le Hamas, dont les attaques sans précédent du 7 octobre 2023 ont déclenché la guerre.
«Là pour lui rappeler»
Privé de visa par les autorités américaines, le président palestinien Mahmoud Abbas s'est exprimé jeudi par vidéo à l'ONU, répétant les gages donnés il y a quelques mois pour convaincre notamment la France de reconnaître l'État de Palestine.
«Le Hamas n'aura pas de rôle à jouer dans la gouvernance» et devra rendre ses armes à l'Autorité palestinienne, a-t-il martelé, condamnant également les attaques du 7-Octobre et l'antisémitisme qu'il ne veut pas voir confondus avec «la solidarité avec la cause palestinienne».
«Je ne pense pas que ce qu'a dit Abbas sur le Hamas va avoir un impact sur ce que Netanyahou va dire à l'ONU», a dit à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.
«Netanyahou n'est pas seulement opposé à l'idée d'un État palestinien dirigé par le Hamas, mais à l'idée d'un État palestinien tout court», a-t-il ajouté, prédisant un discours au «ton strident à l'extrême».
Des manifestants ont prévu de défiler dans New York contre Benjamin Netanyahou, visé depuis fin 2024 par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
«Les criminels de guerre ne méritent pas de tranquillité d'esprit, ils ne méritent pas de dormir. On est là pour lui rappeler, chaque minute, chaque seconde, (...) tout ce qu'il a fait», a déclaré à l'AFP Andrea Mirez, l'une des manifestants faisant du bruit près de l'hôtel de Benjamin Netanyahou, face à quelques supporteurs du Premier ministre israélien.
Amélie Bottolier-Depois / AFP
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