
Le rétablissement des sanctions de l'ONU contre l'Iran semble inéluctable à la veille de la date butoir fixée à la République islamique pour accepter les conditions posées par les Européens sur le contrôle de son programme nucléaire.
Ultime recours, le Conseil de sécurité se prononcera vendredi après-midi sur une résolution destinée à prolonger de six mois, jusqu'au 18 avril 2026, l'accord de 2015, connu sous l'acronyme JCPOA. Il expire le 18 octobre.
Selon plusieurs sources diplomatiques, le texte russo-chinois ne devrait pas recueillir les neuf voix nécessaires, sur 15, pour pouvoir être adopté.
Ce vote ne devrait donc pas empêcher le mécanisme de rétablissement des sanctions, dit «snapback», dont le feu vert avait été donné la semaine dernière par le Conseil de sécurité. Celui-ci doit intervenir samedi à minuit GMT.
Le JCPOA prévoyait une levée des sanctions en échange de l'encadrement du programme nucléaire iranien.
Cette semaine à New York, les réunions au plus haut niveau se sont multipliées en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avec notamment une rencontre entre le président français Emmanuel Macron et son homologue iranien Massoud Pezeshkian, pour trouver un compromis sur la levée des sanctions et dans l'objectif de signer un nouvel accord.
Pas de «gestes concrets»
La plupart des responsables de l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni impliqués dans les discussions ont quitté dès jeudi soir New York, avec le sentiment d'avoir «tout fait» pour «faire bouger les lignes», face à des interlocuteurs iraniens inflexibles, qui n'ont eu de cesse de dénoncer la pression européenne, jugée contre-productive, selon un diplomate.
À moins d'un coup de théâtre de dernière minute, ils ne voient pas comment éviter le retour des sanctions qui affecteront notamment les secteurs bancaire, financier et pétrolier.
Plusieurs diplomates, qui ont requis l'anonymat en raison de la sensibilité du dossier, ont indiqué n'avoir pas reçu les «gestes concrets» attendus.
«Un accord reste possible. Il ne reste que quelques heures», avait pourtant lancé mercredi Emmanuel Macron sur X après avoir rencontré le président iranien.
Les Européens ont posé trois conditions : reprise des négociations avec les États-Unis, acteur incontournable dans ce dossier ; accès des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur les sites nucléaires sensibles en particulier Natanz, Fordow et Isfahan; processus pour sécuriser le stock d'uranium enrichi.
L'Iran dispose de 450 kilos d'uranium enrichi à 60%, soit une capacité suffisante pour 8 à 10 bombes nucléaires, selon des experts européens.
«L'Iran ne doit jamais acquérir l'arme nucléaire», a martelé cette semaine le ministre allemand des Affaires étrangères Johann Wadephul, tout en reconnaissant des chances «extrêmement minces» d'aboutir à une solution diplomatique.
«Pas d'armes nucléaires»
Ce dossier empoisonne depuis des années les relations de Téhéran avec les pays occidentaux, États-Unis en tête, et Israël, son ennemi juré, qui soupçonnent le pouvoir iranien de vouloir se doter de la bombe atomique, ce que ce dernier dément.
«Nous ne devons pas permettre à l'Iran de conserver ses capacités nucléaires militaires», les stocks d'uranium enrichi «doivent être éliminés et demain (samedi), les sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU contre l'Iran doivent être rétablies», a déclaré vendredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la tribune des Nations unies.
«L'Iran n'a jamais cherché et ne cherchera jamais à fabriquer une bombe atomique. Nous ne voulons pas d'armes nucléaires", avait martelé, quelques jours plus tôt, le président iranien à cette même tribune.
L'émissaire américain Steve Witkoff, qui négociait avec Téhéran jusqu'à l'attaque d'Israël en juin dernier contre des infrastructures iraniennes, avait lui aussi fait part de contacts cette semaine.
De son côté, le chef de l'AIEA, Rafael Grossi, a tenté une médiation entre les différentes parties, sans pour autant être en mesure de faire preuve de grande fermeté pour laisser un peu d'espace face à la rigidité du système iranien, selon des sources diplomatiques.
Depuis Téhéran, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait donné le ton dès mardi affirmant que Téhéran ne céderait pas sur la question de l'enrichissement d'uranium.
Or, l'administration Trump veut désormais que l'Iran renonce à tout enrichissement.
L'accord de 2015 plafonnait le taux à 3,67% et garantissait en contrepartie à l'Iran une levée des sanctions.
AFP
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