
La Fashion Week féminine de Paris s’annonce historique avec l’arrivée d’une nouvelle génération de directeurs artistiques. Entre héritage et innovation, les maisons espèrent relancer le secteur du luxe en pleine mutation.
Chanel avec Matthieu Blazy, Dior avec Jonathan Anderson: lundi s'ouvre à Paris une Fashion Week féminine décisive, où les débuts d'une dizaine de créateurs dans des maisons emblématiques pourraient marquer l'avènement d'une nouvelle ère pour la mode.
Reflet d'un mercato de directeurs artistiques inédit, cette saison printemps-été 2026 incarne un renouvellement sans précédent. Le secteur du luxe, confronté à des défis économiques et commerciaux, mise sur ces changements pour se réinventer et relancer sa croissance.
«On entame un nouveau chapitre, pas tellement de ce qu'est la Fashion Week, mais de ce que va être la mode des dix prochaines années», affirme Pierre Groppo, rédacteur en chef mode et lifestyle de Vanity Fair France.
Le premier défilé de Matthieu Blazy chez Chanel, le 6 octobre, promet d'être un moment fort.
Le Franco-Belge de 41 ans, débauché de Bottega Veneta (Kering), a la lourde tâche d'incarner la ligne Chanel et de tourner la page Karl Lagerfeld: le Kaiser, décédé en 2019, a régné plus de trois décennies sur la griffe au double C. Virginie Viard, son bras droit, avait pris la relève jusqu'à son départ en juin 2024.
Révélé chez Maison Martin Margiela par ses expérimentations textiles, le quadragénaire a imposé son savoir-faire chez Bottega Veneta, où il a modernisé l’intreccio, technique de tissage à la main propre à la griffe.
Nouvelle ère
Avec plus de 110 maisons représentées et 74 défilés prévus jusqu'au 7 octobre, cette édition «s'annonce très prometteuse», assure de son côté Pascal Morand, président exécutif de la Fédération de la Haute Couture et de la Mode (FHCM) qui organise l'événement.
Autre rendez-vous très attendu: la première collection femme de Jonathan Anderson pour Dior, présentée le 1er octobre, après une première ligne homme remarquée en juin.
Les regards se tourneront également vers Pierpaolo Piccioli à la tête de Balenciaga, qui succède au provocateur Demna, et vers Duran Lantink chez Jean Paul Gaultier, devenu le premier directeur artistique permanent depuis le départ à la retraite de son fondateur en 2020.
Pour Claire Thomson-Jonville, directrice éditoriale de Vogue France, «l'arrivée massive de nouveaux directeurs artistiques est le signe d'une nouvelle ère: ils apportent une vision plus globale, inclusive et responsable, tout en réinventant l'héritage des maisons.»
«Outre la partie créative, c'est aussi l'occasion de réinscrire les marques dans la société», estime de son côté Alix Morabito, directrice de l'offre et des achats aux Galeries Lafayette.
Cette édition proposera aussi les débuts de Jack McCollough et Lazaro Hernandez chez Loewe, Miguel Castro Freitas chez Mugler et Mark Thomas chez Carven.
Pas de temps mort
À ces nouveautés s'ajoutent les grands rendez-vous des habitués, comme Louis Vuitton ou Hermès, et le retour de marques absentes de longue date, comme Celine et Thom Browne, promettant une Fashion Week «sans temps mort», selon Elvire von Bardeleben, responsable de la rubrique mode du Monde.
Certains signent leur seconde collection, dont Sarah Burton pour Givenchy, Glenn Martens pour Maison Margiela ou Haider Ackermann pour Tom Ford.
Parmi les nouveaux venus, la Belge Julie Kegels fait ses débuts à Paris, tout comme sa compatriote Meryll Rogge.
Lauréate du prix ANDAM 2025 et fraîchement nommée directrice artistique de Marni, cette dernière clôturera cette édition parisienne, ultime rendez-vous de la saison après New York, Londres et Milan.
«On peut parler d'une Fashion Week historique», estime Claire Thomson-Jonville.
Cette semaine de la mode parisienne s'ouvre dans un contexte chahuté pour l'industrie du luxe, confrontée au ralentissement de la demande en Chine, aux droits de douane américains sur ses exportations, et à l'incertitude qui règne sur l'économie mondiale.
Chaque année, quatre Fashion Weeks rythment le calendrier: le prêt-à-porter homme en janvier et juin, et les femmes en février/mars et septembre, cette dernière édition étant la plus suivie.
Quatre rendez-vous à distinguer de la Haute Couture, présentée uniquement à Paris en janvier et juillet, avec des pièces uniques faites main destinées aux tapis rouges et grands événements.
Par Marine DO-VALE / AFP
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