
Les voitures de collection ne sont pas seulement des objets de passion, mais aussi des placements financiers attractifs. Entre les modèles américains et européens, lesquels faut-il privilégier? Et, au Liban, ce marché est-il en plein essor ou reste-t-il une niche réservée aux initiés?
Dans un monde où les placements traditionnels tanguent au gré des crises économiques et géopolitiques, les voitures de collection semblent tenir la route. Elles ne se contentent pas de faire briller les yeux des passionnés: elles attisent aussi l’appétit des investisseurs. Aux États-Unis comme en Europe, les enchères s’envolent et les musées s’arrachent certains modèles rares. Mais qu’en est-il au Liban? Entre rugissantes américaines et élégantes européennes, le marché local se dessine, encore discret mais prometteur, avec quelques milliers de modèles choyés par leurs propriétaires. Et, derrière le volant, une question persiste: passion ou investissement?
Comme le souligne à Ici Beyrouth l’ambassadeur de la FIVA (Fédération internationale des véhicules anciens) pour le Moyen-Orient et son représentant auprès de l’Unesco, Rony Karam, «dans l’univers des voitures de collection, tout ce qui est rare est cher. Certaines voitures d’avant-guerre, devenues quasiment introuvables, atteignent des sommes astronomiques. Mais la tendance actuelle s’oriente davantage vers les modèles des années 70, jugés plus faciles à conduire au quotidien». Trois grandes catégories se distinguent : berlines, coupés et cabriolets, ces deux dernières étant les plus recherchées car produites en plus petites quantités .
Le palmarès d’une voiture influence aussi son prix: son état général, la présence de pièces d’origine, sa rareté, mais aussi son éventuelle apparition dans un film ou son passage entre les mains d’une célébrité. Bref, entre Marilyn Monroe et Steve McQueen, une voiture peut valoir… son pesant d’or.
Américaines vs européennes: match serré
Les voitures américaines, massives et spectaculaires, séduisent par leur puissance et leur histoire. Des modèles mythiques comme la Ford Thunderbird ou la Chevrolet Impala figurent parmi les plus convoités. Pourtant, les européennes gardent une longueur d’avance sur le marché: Porsche 911, Ferrari ou Mercedes se distinguent par leur réputation et leur demande internationale constante. «En Europe, on trouve davantage de voitures qu’aux États-Unis, même si le marché américain n’a pas encore révélé tous ses secrets», observe Rony Karam.
Un patrimoine roulant reconnu par l’Unesco
Selon la FIVA, une voiture classique est un véhicule de plus de 30 ans, explique M. Karam. Avant d’ajouter que «plus qu’un simple objet de spéculation, elle est considérée comme un patrimoine culturel. La FIVA est d’ailleurs partenaire de l’Unesco pour la sauvegarde de ce patrimoine roulant».
Et si les voitures modernes perdent de leur valeur dès leur sortie du concessionnaire, les classiques, elles, conservent ou voient leur valeur bondir selon la demande du marché. L’appétit des musées et des collectionneurs peut ainsi faire grimper les prix de façon spectaculaire.
Le Liban: un marché passionné mais encore discret
Au Liban, on recense entre 2.000 et 3.000 voitures classiques, estime Rony Karam. Certes, le chiffre peut sembler modeste, mais il traduit un véritable engouement. «Au-delà de leur valeur d’investissement, ces voitures ont un caractère culturel. Il faut avant tout être passionné», insiste-t-il.
Le marché reste une niche, mais il attire de plus en plus d’amateurs éclairés. Et, contrairement aux idées reçues, leur impact écologique est limité: ces véhicules représentent moins de 1% du parc mondial et roulent rarement plus de 1.000 km par an. Autant dire qu’ils polluent beaucoup moins… qu’un embouteillage quotidien sur l’autoroute de Jounieh.
Entre passion et rendement
Investir dans une voiture de collection, c’est allier plaisir et rentabilité potentielle. Le rendement dépend du modèle, de son état et de sa rareté. Certains véhicules anciens ont même généré un retour sur investissement supérieur aux placements traditionnels ces dernières années. Mais attention: mieux vaut être bien conseillé, parce que la route des collectionneurs n’est pas toujours pavée de bonnes affaires.
Au Liban comme ailleurs, la voiture de collection est une passion qui peut rapporter gros, mais qui exige patience, connaissance et amour du détail. Que l’on préfère le rugissement des américaines ou l’élégance des européennes, une constante demeure: dans ce marché, l’amour du moteur compte autant que l’amour du rendement.
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