
Le secrétaire général de l’Association des banques du Liban (ABL), Fadi Khalaf, estime que l’année 2026 pourrait marquer le début de l’application de solutions définitives et de la relance du secteur bancaire sur des bases plus solides. Une étape qui devrait également permettre de rendre leurs droits aux déposants et de restaurer la confiance dans les institutions. Mais il prévient: cette chance ne pourra se concrétiser que si le processus se poursuit avec transparence et en coordination avec les acteurs locaux et internationaux, faute de quoi la crise risque de se reproduire «sous une nouvelle forme».
Ces propos figurent dans l’éditorial du rapport mensuel de l’Association, intitulé «Une crise systémique… de la reconnaissance à l’application». M. Khalaf y rappelle que, depuis 2019, les banques ont été tour à tour accusées d’être responsables, victimes ou les deux à la fois. Mais un tournant semble s’opérer: le discours officiel adopte désormais une lecture plus réaliste de la situation.
Lors d’une séance parlementaire consacrée au budget 2025, le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Karim Souhaid, a reconnu que la crise n’était pas seulement bancaire mais bel et bien «une crise systémique», englobant tout le système financier et économique. Dans la même veine, le ministre des Finances, Yassine Jaber, a souligné que la crise actuelle diffère des précédentes, puisqu’elle touche le système financier dans son ensemble, notamment après la décision du gouvernement libanais en avril 2020 de suspendre le paiement de sa dette en devises.
Ces deux prises de position, émanant des plus hautes autorités monétaire et financière, mettent fin à des années de débats et de divergences. Le constat est désormais partagé: il s’agit d’une crise multidimensionnelle, nécessitant des solutions globales impliquant l’État, la Banque du Liban et les banques commerciales.
Mais la reconnaissance de la crise ne règle pas toutes les questions. Plusieurs dossiers restent en suspens: la répartition des responsabilités entre l’État, la Banque du Liban et les banques, le sort des 16,5 milliards de dollars que la Banque du Liban considère comme une créance sur l’État, l’éventuelle application de l’article 113 du Code de la monnaie et du crédit, qui oblige légalement l’État à recapitaliser la Banque centrale en cas de fonds propres négatifs, enfin, la place réelle laissée aux banques dans l’élaboration de la loi sur la répartition des pertes (Financial Gap Law), actuellement discutée sans leur implication directe.
Pour M. Khalaf, les banques, malgré six années de crise, ont prouvé leur capacité à résister et pourraient participer à la reconstruction si la volonté politique est au rendez-vous. Aussi, met-il en garde contre leur marginalisation dans les discussions: pour l’heure, elles découvrent les projets de loi par les fuites dans la presse.
En conclusion, 2026 pourrait être l’année du renouveau bancaire au Liban, mais à une condition: que les autorités saisissent cette occasion unique pour reconstruire sur des bases transparentes et solides, sans reproduire les erreurs du passé.
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