Plus clairsemés qu'il y a quinze jours, les premiers cortèges se sont élancés jeudi à l'appel de l'intersyndicale, qui espère décrocher in extremis des mesures de «justice sociale» et décidera de la suite de la mobilisation au soir de la déclaration de politique générale par le Premier ministre.
«Ça fait trois journées que les salariés sont dans la rue pour dire : +Il faut que le travail paye+. On n'en peut plus que ce soit le monde du travail qui fasse tous les sacrifices», a tonné Sophie Binet (CGT), avant le départ du cortège parisien.
Dans les rues, la mobilisation est plus faible qu'il y a quinze jours avec «250.000 personnes attendues au maximum», selon les prévisions du ministère de l'Intérieur, contre 500.000 à plus d'un million pour la journée précédente, le 18 septembre - selon les autorités ou la CGT -. Au total, 85.000 personnes participaient jeudi à l'un des 250 rassemblements (contre 200.000 le 18 septembre, au même moment), selon un point du ministère de l'Intérieur à la mi-journée.
Dans l’Éducation nationale, le taux de grévistes est de 6,95% chez les enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) et de 6,13% pour ceux du second degré (collèges et lycées), selon le ministère. Le 18 septembre, le ministère avait décompté 17,06% d'enseignants grévistes. Sept lycées ont été complètement bloqués, selon le ministère.
«C'est la première rentrée sociale où il y a ce niveau de mobilisation», «une unité syndicale totale et une détermination très forte des travailleuses et des travailleurs», nuance Sophie Binet.
Un gouvernement «arc-bouté»
Côté transports, la circulation des TGV et de la quasi-totalité du réseau RATP est «normale», selon le ministère des Transports, qui table sur «quelques perturbations» dans les «TER, RER et Transilien et Intercités».
Chez les étudiants, des blocages et débrayages ont eu lieu dans quelque universités : un campus de l'université de Lille a été fermé après un blocage dans la matinée par une soixantaine d’étudiants et de personnels syndiqués, selon Solidaires Etudiant.e.s.
Un bref blocage à l'aube a également eu lieu chez Michelin, près de Valenciennes, puis chez Stellantis Hordain, avant d'être levés sans interpellation ni perturbation de la circulation, a annoncé la préfecture du Nord.
À Nantes, un cortège de plusieurs milliers de personnes s'est élancé à la mi-journée dans un nuage de fumigènes roses et derrière une banderole marquée «uni.es pour la justice sociale : non aux mesures d'austérité».
Parmi les manifestants, Muriel Kerdreux, assistante sociale de 60 ans, est revenue battre le pavé pour la deuxième fois : «On se mobilise à répétition et pour l'instant rien ne se passe, le gouvernement reste arc-bouté sur ses choix : faire payer le monde du travail, les retraités, les jeunes, les malades. Sans toucher aux ultra-riches».
À Marseille, Valérie Tateossian, 58 ans, traductrice, se dit elle «révoltée» par la dernière réforme de «l'assurance chômage (...) qui réduit encore plus les droits», la baisse prévue «des remboursements» de frais de santé alors qu'«en même temps on a une énorme évasion fiscale qui évite aux riches de payer des impôts».
«Pas d'impôt» pour les Smicards
À Paris, où la Tour Eiffel a été fermée à la suite d'un vote des salariés, le cortège s'est élancé dès 14H00 depuis la place d'Italie vers la place Vauban avec l'ensemble des leaders de l'intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires), toujours déçus par les premières annonces de Matignon.
Jeudi matin, l'entourage de Sébastien Lecornu a fait savoir à l'AFP qu'il étudiait plusieurs pistes de baisses de prélèvements en faveur des salariés, dont une baisse de l'impôt sur le revenu pour les couples payés au Smic.
«Il faudrait qu'il apprenne que quant on est au Smic, on ne paye pas d'impôt (sur le revenu, Ndlr)», a ironisé Frédéric Souillot, secrétaire général de FO avant le début de la manifestation parisienne.
La veille, le Premier ministre avait assuré les leaders syndicaux qu'il reprendrait «certaines mesures issues du +conclave+ sur les retraites, notamment celle relative à l'amélioration de la retraite des femmes». Les syndicats eux, restent toujours sur leur faim.
«Je ne pense pas que ce soit une bonne chose d'égrener un certain nombre de mesures», a répondu Marylise Léon (CFDT), qui «attend de voir la copie initiale, qu'est-ce-qui sera dans le budget ?». «On est à quelque jours du déclaration de politique générale, je ne doute pas qu'on aura des réponses», a-t-elle ajouté.
Dans tous les cas, «nous nous retrouverons le soir (même) pour analyser les annonces qu'aura fait ou pas le Premier ministre et décider des suites», a prévenu Sophie Binet.
AFP
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