Des miliciens pro-Trump jugés pour sédition
©Stewart Rhodes, fondateur des Oath Keepers, est vu sur un écran lors d'une audience du House Select Committee pour enquêter sur l'attaque du 6 janvier contre le Capitole américain. (AFP)
L'étau se resserre pour des militants pro-Trumps des Oaths Keepers. Plusieurs membres de la milice américaine d'extrême droite, dont son fondateur Stewart Rhodes, ont assisté ce lundi à l'ouverture de leur procès pour "sédition". Un chef d'accusation qui pourrait se solder par une peine de 20 ans de prison. Les procureurs accusent ces militants de s'être lourdement armés le 6 janvier 2021 pour attaquer le Capitole afin de garder Trump au pouvoir.
"Comme un général"

L'avocat du ministère de la Justice, Jeffrey Nestler, a affirmé que Stewart Rhodes, ancien militaire connu pour son cache-œil noir et ses diatribes enflammées, savait exactement ce qu'il faisait en conduisant les membres de sa milice vers le siège du Congrès américain. Montrant des vidéos de la violente attaque menée par des dizaines de membres du groupe habillés en tenue de combat, M. Nestler a déclaré que Stewart Rhodes les avait dirigés "comme un général sur le champ de bataille", au moment où les élus tentaient de certifier la victoire du démocrate Joe Biden à la présidentielle.

 

(AFP)

 

Le 6 janvier 2021, les Oath Keepers "ont mis au point un plan en vue d'une rébellion armée (...), complotant pour s'opposer par la force au gouvernement des Etats-Unis", a-t-il dit. "Ils ne sont pas allés à la capitale pour défendre ou pour aider. Ils y sont allés pour attaquer." L'avocat de Stewart Rhodes, Phillip Linder, a lui assuré que son client, qui est diplômé en droit de la prestigieuse université Yale, était "extrêmement patriote" et "un expert constitutionnel". Selon lui, les Oath Keepers étaient venus à Washington pour assurer la sécurité.

"Les Oath Keepers sont quasiment une force de maintien de la paix. Ils se rendent disponibles pour aider à maintenir la paix dans les rues", a-t-il ajouté. "Stewart Rhodes n'avait pas l'intention de faire de mal au Capitole ce jour-là. Stewart Rhodes n'avait pas d'intentions violentes ce jour-là", a-t-il insisté. Les Oath Keepers avaient créé une "force de réaction rapide" armée pour parer à toute éventualité et elle aurait été "défensive" si Donald Trump avait fait appel à eux, d'après lui. Stewart Rhodes est jugé en même temps que quatre responsables régionaux de sa milice.

 


En juillet dernier, Stephen Ayres (à gauche), entré illégalement dans le Capitole le 6 janvier 2021, et Jason Van Tatenhove (à droite), qui a été porte-parole national des Oath Keepers et proche collaborateur du fondateur de Oath Keepers, Stewart Rhodes, prêtent serment. (AFP)

 

 
"Sédition"

Leurs avocats ont affirmé dans des documents judiciaires qu'ils ne souhaitaient pas renverser le gouvernement mais qu'ils s'attendaient à ce que Donald Trump déclare l'état d'insurrection, en vertu d'une loi de 1807 qui permet aux présidents américains de mobiliser certaines forces armées dans des contextes exceptionnels. Mais pour Jeffrey Nestler, cet argument est seulement une stratégie de la part de Stewart Rhodes afin de se protéger.

Depuis l'assaut, plus de 870 personnes ont été arrêtées et une centaine ont écopé de peines de prison, notamment les auteurs de violences contre les policiers. Mais jusqu'ici, personne n'avait eu à se défendre de "sédition". Stewart Rhodes, Kelly Meggs, Thomas Caldwell, Jessica Watkins et Kenneth Harrelson sont les premiers à être jugés à ce titre. Ce chef d'inculpation émane d'une loi adoptée après la guerre de Sécession pour réprimer les derniers rebelles sudistes.

Passible de 20 ans de prison, il implique d'avoir planifié l'usage de la force pour renverser le gouvernement ou s'opposer à une de ses lois. Il se distingue de l'insurrection, au caractère plus spontané. Selon l'acte d'inculpation, les accusés "ont comploté afin de s'opposer par la force au transfert légal du pouvoir présidentiel". Concrètement, Stewart Rhodes est accusé d'avoir commencé à rallier ses troupes dès novembre 2020. "On ne va pas s'en sortir sans guerre civile", leur écrivait-il, deux jours après la présidentielle, sur une messagerie cryptée.

Avec AFP
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