La guillotine exposée au Mucem en mémoire de Badinter
Des gardes républicains portent le cercueil de l’ancien ministre français de la Justice Robert Badinter lors d’une cérémonie d’hommage national en son honneur, devant le ministère de la Justice, place Vendôme, à Paris, le 14 février 2024. ©Thibault CAMUS / POOL / AFP

À l’occasion de l’entrée de Robert Badinter au Panthéon, le Mucem de Marseille expose à partir du 9 octobre une guillotine datant de 1872, symbole historique de la peine de mort abolie en France en 1981 grâce à l’ancien garde des Sceaux. Cette machine imposante, conservée et présentée pour la première fois en accès libre, illustre un pan majeur de l’histoire judiciaire française et rappelle l’engagement de Robert Badinter en faveur de l’abolition capitale.

À l'occasion de l'entrée au Panthéon de Robert Badinter, une guillotine sera exposée à partir du 9 octobre au cœur de l'emblématique Mucem à Marseille, pour témoigner de ce qu'était la peine capitale abolie en 1981 sous l'impulsion de l'ancien garde des Sceaux.

Faite de bois et de métal, la machine à décapiter, 4,50 m de haut et 800 kilos, trône seule au centre d'une pièce de l'exposition permanente du musée, attendant l'arrivée des premiers visiteurs.

Juste à côté, des extraits du célèbre plaidoyer de Robert Badinter du 17 septembre 1981 sont inscrites, dont l'un rappelle que «la France aura été, en dépit de tant d'efforts courageux, l'un des derniers pays à abolir la peine de mort».

C'est à l'ancien ministre de la Justice que l'on doit la conservation de ce «monstre» au Mucem. Un an après avoir mis fin à la peine capitale, il proposait d'intégrer la guillotine aux collections nationales. À une seule condition: elle ne pourrait être exposée avant l'an 2000.

Aujourd'hui, l'exposition de cette machine construite en 1872 s'inscrit dans la mission du Mucem de «conserver des traces des grandes avancées sociales et sociétales», selon son président Pierre-Olivier Costa. «Nous souhaitons faire rentrer dans le patrimoine commun un objet qui n'aura plus jamais aucun usage».

Depuis l'abolition de la peine de mort, le grand public a pu observer une guillotine à trois reprises: lors d'une exposition au musée d'Orsay en 2010, mais sous un voile, et deux fois à Marseille, à l'ouverture du Mucem en 2013 et à la prison des Baumettes en 2019.

Invention française de la fin du 18e siècle, la guillotine a été surnommée de nombreuses façons au cours de son histoire, comme le «Rasoir national», la «Veuve», ou encore la «Raccourcisseuse patriotique». Mais son nom original vient de Joseph-Ignace Guillotin, qui l'a fait adopter comme mode unique d'exécution capitale.

Sa lame tranchante a marqué de son ombre les places publiques tout au long du 19e siècle, jusqu'en 1939 où son usage a été réservé à l'espace clos des prisons.

Aujourd'hui, son «mécanisme (...) est volontairement bloqué pour des raisons de conservation et de sécurité», souligne le Mucem.

Avec AFP

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