
Des négociateurs d’Israël et du Hamas ont entamé lundi à Charm el-Cheikh, en Égypte, des discussions indirectes sur un échange d’otages contre des prisonniers et un cessez-le-feu à Gaza, selon des médias égyptiens liés à l’État.
Al-Qahera News, affilié aux services de renseignement, indique que les délégations «discutent des conditions préalables à la libération des détenus et prisonniers», conformément à une proposition du président américain Donald Trump visant à mettre fin à la guerre à Gaza.
«Les médiateurs égyptiens et qataris travaillent avec les deux parties pour établir un mécanisme» pour cet échange, ajoutent-ils.
Le Hamas et Israël ont tous deux réagi favorablement au plan de Trump, qui prévoit une cessation des hostilités et la libération des otages retenus à Gaza en échange de prisonniers palestiniens détenus en Israël.
Les discussions, menées de manière indirecte, doivent permettre de régler les détails de l’accord. Elles s’ouvrent à la veille du deuxième anniversaire de l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, qui avait déclenché le conflit.
Le plan de Trump inclut le désarmement du Hamas, une mesure que le mouvement islamiste est peu enclin à accepter, ainsi que le retrait total des forces israéliennes de la bande de Gaza. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a toutefois promis de redéployer des troupes «en profondeur» dans le territoire tout en assurant la libération des otages.
Les négociations précédentes ont notamment achoppé sur la liste des prisonniers palestiniens dont la libération est exigée par le Hamas.
Le chef des négociateurs du Hamas, Khalil al-Hayya, visé le mois dernier à Doha avec d’autres responsables du mouvement par des frappes israéliennes, devait rencontrer lundi au Caire des médiateurs égyptiens et qataris, avant des pourparlers prévus dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh.
Les autorités n’ont donné que peu de détails sur la logistique de ces discussions, menées à huis clos et sous haute sécurité, les médiateurs faisant la navette entre les deux délégations.
Les pourparlers visent à «fixer la date d’une trêve temporaire», a indiqué un responsable du Hamas, ainsi qu’à préparer la première phase du plan: la libération de 47 otages en échange de centaines de détenus palestiniens.
La présidente du Comité international de la Croix-Rouge, Mirjana Spoljaric, a indiqué que ses équipes étaient prêtes à «aider à réunir otages et détenus avec leurs familles». Le CICR a ajouté être disposé à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire, qui doit reprendre «à pleine capacité» et être distribuée en toute sécurité dans un territoire frappé par la famine selon l’ONU.
Sur Truth Social dimanche, Trump a salué des «discussions positives avec le Hamas» et avec des alliés arabes et musulmans. «On m’a dit que la première phase devrait s’achever cette semaine, et je demande à tout le monde d’AGIR VITE», a-t-il écrit.
Lundi, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a salué le plan Trump, le jugeant porteur «de la voie juste vers une paix et une stabilité durables».
Netanyahou, qui a exprimé l’espoir d’une libération des otages dans les prochains jours, a confirmé l’envoi d’une délégation en Égypte. La Maison-Blanche a indiqué que Trump avait également dépêché son gendre Jared Kushner et l’émissaire Steve Witkoff.
Des images de l’AFP ont montré lundi plusieurs explosions à Gaza, alors que le secrétaire d’État américain Marco Rubio exhortait Israël à suspendre les bombardements. «On ne peut pas libérer des otages en pleine frappe, il faudra donc arrêter les frappes», a-t-il déclaré à CBS.
Une source palestinienne proche du Hamas a affirmé que le mouvement cesserait ses opérations militaires parallèlement à l’arrêt des bombardements israéliens et au retrait des troupes de Gaza-Ville.
Dimanche, dans le quartier d’Al-Rimal, un habitant a constaté une baisse des frappes aériennes et un léger repli des chars israéliens.
Les services de défense civile de Gaza, opérant sous autorité du Hamas, ont indiqué qu’au moins 20 personnes avaient été tuées dimanche dans des attaques israéliennes.
Le chef d’état-major israélien, le général Eyal Zamir, a prévenu que l’armée «reprendrait les combats» en cas d’échec des négociations.
Le 7 octobre 2023, les assaillants avaient enlevé 251 otages; 47 sont encore détenus à Gaza, dont 25 sont morts selon l’armée israélienne. En échange, Israël devrait libérer 250 prisonniers condamnés à perpétuité et plus de 1 700 détenus capturés pendant la guerre.
Le Hamas exige de participer à la gouvernance de Gaza, alors que le plan Trump prévoit qu’il n’ait «aucun rôle» dans l’administration du territoire, laquelle serait confiée à un organe technocratique placé sous une autorité transitoire dirigée par Trump lui-même.
«Nous espérons que Trump fera pression sur Netanyahou pour qu’il mette fin à la guerre», a déclaré Ahmad Barbakh, habitant d’Al-Mawasi. «Nous voulons que l’échange de prisonniers se fasse rapidement pour qu’Israël n’ait plus d’excuse pour continuer la guerre».
L’attaque du Hamas avait fait 1 219 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données israéliennes. L’offensive israélienne en représailles a tué au moins 67 160 Palestiniens, d’après le ministère de la Santé de Gaza, des chiffres jugés fiables par l’ONU.
AFP
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