Le Bataclan s’ouvre au metal français avec une cérémonie historique
Ce jeudi soir, le Bataclan organise la toute première cérémonie de récompenses consacrée au metal français. ©Wikipédia

Ce jeudi soir, le Bataclan accueille la première cérémonie de récompenses dédiée au metal français. Dans cette salle emblématique, marquée par les attentats de 2015, l’événement revêt une portée autant artistique que symbolique. Il célèbre l’essor d’un genre longtemps marginal, aujourd’hui porté par une scène créative et engagée. Onze trophées seront remis, mêlant vote du public et choix du jury.

Pourvoyeur de groupes à succès comme Gojira et cœur battant du Hellfest, mastodonte des festivals, le metal français passe un cap jeudi soir au Bataclan avec sa première cérémonie de récompenses dédiée, symbole d'un genre musical en pleine expansion.

«On a envie d'appuyer sur l'accélérateur encore plus pour profiter de cette bonne vibe (énergie, NDLR) qu'il y a autour du metal», s'enthousiasme auprès de l'AFP Arnaud Millard, directeur délégué du Bataclan.

Au cours de la cérémonie, présentée par le chroniqueur radio et humoriste Thomas VDB, des trophées seront remis dans 11 catégories, du meilleur album à la meilleure initiative sociétale et environnementale.

Pour six d'entre elles, le public a été invité à voter, en plus du vote d'un jury de professionnels.

Aux prémices du processus, un «comité éthique» d'une vingtaine de professionnels du secteur a répertorié un «maximum de projets», puis «un pré-filtrage» a été réalisé par un collège professionnel pour établir la liste des nommés, retrace Arnaud Millard.

Parmi les nombreux prétendants, trois noms sont en lice pour l'artiste, en réalité, le groupe de l'année: Last Train, qui opère un retour gagnant avec son troisième album oscillant entre rock brut et metal, Landmvrks et son mélange rap-metal énervé, ainsi que Rise of the Northstar, dont les clips sont pensés comme des animations japonaises.

«Pas assez représenté»

Les prestations live de Carpenter Brut, Revnoir, Grandma's Ashes et Gravekvlt émailleront la soirée pour faire vibrer les quelque 700 spectateurs rien qu'en fosse, emplacement incontournable pour savourer ces électrochocs sonores.

L'événement est porté par Paris Entertainment Company qui, en plus du Bataclan depuis 2021, exploite l'Accor Arena et l'Adidas Arena.

Calibrée sur 2H30 puis retransmise à 22H55 sur France 4 et france.tv, la soirée promet une ambiance électrique pour honorer les talents de cette musique aux mille nuances, née des mutations du rock à partir des années 1970.

«Le metal ne se limite pas à quelques effets waouh récents type Gojira aux JO (de Paris, à la cérémonie d'ouverture, NDLR), ce sont des millions de personnes qui en écoutent toute l'année», souligne Pascal Gueugue, directeur de la Fédération des musiques métalliques, partenaire de la cérémonie. 

L'appétence du public se concrétise lors de chaque édition du Hellfest, qui a réuni en juin environ 280.000 spectateurs. Des groupes français se font en parallèle leur percée à l'international, comme Fractal Universe ou Novelists.

«C'est une histoire de revendication aussi pour moi: pendant longtemps ça n'a pas été très à la mode de dire j'écoute du metal, ce qui n'est absolument plus le cas», observe Pascal Gueugue, précisant que le public tourne autour de «35-40 ans» de moyenne d'âge.

Pourtant, «le metal n'était pas assez représenté dans les cérémonies un peu officielles, un peu plus généralistes», estime Arnaud Millard, en référence aux Victoires de la musique.

«Symbolique»

Les Foudres suivent en ce sens le chemin du rap, qui a pris son indépendance en créant sa propre cérémonie, les Flammes, s'estimant lui aussi pas assez considéré par la grand-messe de la chanson.

Ce coup de projecteur vise aussi à «montrer à quel point c'est une musique chouette avec une énergie folle, des vrais engagements», assure Arnaud Millard, convaincu qu'elle est «de moins en moins» cible de préjugés.

En investissant le Bataclan, la cérémonie continue par ailleurs d'écrire l'histoire d'une salle rock emblématique, marquée par les attentats jihadistes du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts dont 90 spectateurs pendant le concert des Eagles of Death Metal.

Faire résonner les guitares de ce lieu, qui fête ses 160 ans d'existence, est «symbolique», reconnaît Arnaud Millard. Mais, poursuit-il, «c'est toute notre programmation au long de l'année qui est une forme de résilience», avec 120 concerts par an.

«Notre mission est vraiment culturelle, c'est de programmer, de faire vivre la musique et la liberté d'esprit. Et le rock, le metal, ça caractérise vraiment ça», conclut-il.

Par Fanny LATTACH / AFP

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