Rentrée timide et angoissante dans les écoles publiques
Les écoles publiques libanaises rouvrent progressivement leurs portes à partir du 3 octobre jusqu’au 11. Le retard enregistré sur ce plan est dû à deux facteurs: la volonté du ministère de l'Éducation d’éviter les grèves des enseignants insatisfaits de leurs salaires; mais aussi le fait de vouloir proposer un meilleur salaire aux enseignants sur base du budget qui vient d’être voté ou aussi des dons internationaux.

En tout état de cause, l’année académique s’annonce compliquée au premier abord, mais le ministère semble se prémunir contre les difficultés qui pointent à l’horizon. À titre d’exemple, cette année, la semaine ne comportera que quatre jours de cours au lieu de cinq, pour limiter le déplacement des élèves et des professeurs et réduire ainsi le coût des trajets.

Le ministre sortant de l’Éducation Abbas Halabi a annoncé dans ce cadre que 150 000 élèves sont inscrits au cycle primaire, et 35 000 pour le secondaire. Un chiffre stable pour le primaire, mais la chute libre se poursuit dans les classes du secondaire.

Le témoignage d’une enseignante


À l’orée de l’ouverture de cette année scolaire, une enseignante a accepté d’apporter son témoignage à Ici Beyrouth, sous le couvert de l’anonymat, exposant la situation dans laquelle elle se débat, à l’instar de ses collègues. Elle est enseignante contractuelle, elle n’est pas cadrée et ne bénéficie donc pas des avantages et des indemnités des enseignants cadrés.

«Mes collègues cadrés, souligne-t-elle, peuvent choisir leur emploi du temps, contrairement aux contractuels comme moi. Ils vont donc garantir leurs 18 heures de travail par semaine, ce qui leur permet de toucher une prime à hauteur de 130 dollars américains. Nous autres, les contractuels, nous ne sommes pas certains de pouvoir assurer nos 18 heures par semaine, et donc nous ne savons pas si on touchera la prime de 130 dollars. Sachant que le salaire n’est pas très élevé, et qu’ils prennent leur temps pour nous le payer, cela rend notre situation assez critique. Donc ce qu’il faut faire à mon avis, c’est dans un premier temps, entamer les cours pour qu’on puisse comptabiliser nos heures pour pouvoir être payés, ne pas prendre de vacances et ne pas faire de grèves, et puis surtout il faut que davantage d’élèves s’inscrivent».

Et d’ajouter : «Le ministère a allongé le délai d’inscription pour les élèves qui le désirent. Plus il y aura d’élèves mieux on sera payé, parce qu’il y aura plus de classes. Moi, par exemple, on m’a retiré une classe pour laquelle je devais enseigner et on m’a donné une classe de terminale. Tout cela pour que ça corresponde à l’emploi de temps d’un enseignant cadré pour qu’il touche la prime en dollars. L’année dernière, il y a eu beaucoup de retard dans les paiements, et parfois on ne nous payait pas la totalité du salaire. Je crois qu’il manque un peu moins d’un million de livres libanaises à tous les salaires que j’ai encaissés l’an dernier ».

Et de poursuivre : «L’année dernière, on gagnait 72 000 LL par heure, cette année on sera payé 180 000 LL, sauf qu’ils nous déduisent la TVA de notre salaire. Ce qu’il faut préciser, c’est que les enseignants cadrés n’ont rien à perdre, ce sont nous, les contractuels, qui allons pâtir de cette situation. Enfin, en ce qui concerne les semaines de cours, on aimerait qu’ils nous payent sur base de 32 semaines qui constituent l’année scolaire, mais je ne pense pas qu’ils le feront et je ne pense pas qu’on enseignera plus que 24 semaines».
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