
Le gouvernement israélien a officiellement validé un accord de cessez-le-feu et de libération d’otages, négocié par les États-Unis avec le soutien de l’Égypte et du Qatar. Ratifié dans la nuit de jeudi à vendredi, ce plan marque un tournant potentiel dans la guerre dévastatrice qui ravage Gaza depuis près de deux ans. L'armée israélienne a annoncé vendredi que le cessez-le-feu à Gaza est en vigueur depuis 09h00 GMT.
Conformément à l’accord, l’armée israélienne dispose d’un délai de 24 heures pour se repositionner le long de lignes de déploiement préalablement définies à l’intérieur de l’enclave. Dans les 72 heures suivant ce retrait, le Hamas est tenu de libérer les 48 otages restants, parmi lesquels 20 seraient vivants, 26 présumés morts et 2 dont le sort reste inconnu.
Le Premier ministre israélien a déclaré vendredi espérer que son pays pourrait célébrer dès lundi soir "un jour de joie nationale" avec le retour de tous les otages encore détenus dans la bande de Gaza.
«Il y a deux ans [le 7 octobre 2023] la fête de Simhat Torah [la joie de la Torah, NDLR] est devenue un jour de deuil national. Cette année, avec l'aide de Dieu, Simhat Torah deviendra un jour de joie nationale, une joie pour le retour de tous nos frères et soeurs otages», a déclaré M. Netanyahou dans une adresse télévisée à la nation. Cette année, Simhat Torah commence lundi soir.
M. Netanyahou a également déclaré que sur les 48 otages (47 enlevés le 7 octobre 2023, et un soldat tué en 2014 dont le Hamas détient la dépouille), 20 étaient vivants et 28 décédés, semblant ainsi confirmer pour la première fois la mort de deux otages (un étudiant népalais et un soldat israélien) dont les autorités israéliennes n'avaient jusque-là pas prononcé le décès.
Une supervision régionale sans troupes au sol à Gaza
À Washington, des responsables ont annoncé le déploiement d’une équipe militaire américaine composée de 200 personnes, dirigée par l’amiral Brad Cooper (commandant du Centcom). Leur mission: surveiller la mise en œuvre du cessez-le-feu, sans pénétrer dans Gaza. Les troupes seront basées en Israël et dans des pays voisins.
D’après la BBC, la ministre britannique des Affaires étrangères, Yvette Cooper, ni le Royaume-Uni ni l’Union européenne ne prévoient d’envoyer des soldats à Gaza. L’opération de suivi sur le terrain sera assurée par les États-Unis en coopération avec des militaires égyptiens, qataris, turcs et émiratis.
Début du retrait israélien sous haute tension
Dès vendredi après-midi, l’armée israélienne a entamé un retrait partiel, accompagné de tirs d’artillerie et de frappes ciblées pour «éliminer les menaces immédiates», selon un porte-parole militaire. Un réserviste israélien de 26 ans, Mordechai Nachmani, a été tué par un tireur d’élite du Hamas à Gaza-ville.
Le retrait, qui devrait s’achever dans la soirée de vendredi, laissera Israël en contrôle d’environ 53% du territoire de Gaza, principalement dans des zones rurales et non urbaines, incluant une large zone tampon le long de la frontière, le corridor de Philadelphie (frontière Égypte-Gaza), ainsi que des secteurs de Rafah et Khan Younès.
Le service de défense civile de Gaza a lancé une alerte urgente aux civils, leur interdisant de s’approcher des zones de conflit avant l’annonce officielle d’un retrait total. «Violer cet avertissement met votre vie en danger», peut-on lire dans un communiqué relayé sur Telegram.
De son côté, le porte-parole arabophone de l’armée israélienne a publié, vendredi à midi, un communiqué urgent à l’attention des habitants de la bande de Gaza, précisant les modalités d’application du cessez-le-feu. Il a ainsi averti la population de ne pas s’approcher des positions de l’armée israélienne, qui restera déployée dans certaines zones du territoire «jusqu’à nouvel ordre».
Le texte indique que les déplacements entre le sud et le nord de l’enclave sont désormais autorisés via les routes de la mer (route al-Rachid) et Salah el-Dine. Il a, par ailleurs, souligné qu’il était dangereux d’approcher plusieurs secteurs, notamment Beit Hanoun, Beit Lahia, Chouja’iya, au nord, ainsi que le poste-frontière de Rafah, le corridor de Philadelphie et les zones de positionnement de l’armée israélienne à Khan Younès. Adraee a également mis en garde contre toute activité maritime (pêche, baignade ou plongée), rappelant qu’il est strictement interdit de s’approcher de la frontière israélienne ou de la zone tampon.
Entre espoir et incertitude
L’annonce de l’accord a provoqué des scènes de joie mesurée en Israël comme à Gaza. À Tel Aviv, des milliers de personnes se sont rassemblées sur la place des Otages, brandissant des drapeaux israéliens et américains. Côté palestinien, de nombreux déplacés ont exprimé leur soulagement face à la perspective d’une trêve.
Mais des incertitudes majeures demeurent. Le cessez-le-feu s’inscrit dans le cadre d’un plan en 20 points proposé par le président américain, Donald Trump, dont les étapes suivantes incluent le désarmement du Hamas et l’établissement d’une nouvelle autorité de transition à Gaza – deux points vivement contestés.
Le chef politique du Hamas en exil, Khalil el-Hayya, a affirmé avoir reçu des garanties claires de la fin de la guerre, selon le Guardian. Cependant, Osama Hamdan, haut responsable du mouvement, a rejeté catégoriquement l’idée d’une autorité transitoire dirigée ou soutenue par les États-Unis.
Trump attendu lundi en Israël
Donald Trump est attendu lundi matin à l’aéroport Ben Gourion pour une visite éclair. Il se rendra immédiatement à la Knesset pour prononcer un discours avant le début de la fête de Sim’hat Torah. Il ne passera pas la nuit en Israël et ne devrait pas se rendre sur la place des Otages à Tel Aviv, malgré les sollicitations des familles.
Selon la Maison Blanche, ce discours mettra en lumière l’engagement personnel de Trump dans l’élaboration du plan de paix et son rôle dans la sécurisation d’un nouvel équilibre régional.
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