
Islamabad a promis dimanche «une réponse musclée» à l'opération de représailles menée par l'Afghanistan contre ses forces dans la nuit à leur frontière commune et qui aurait tué, selon Kaboul, «58 soldats pakistanais».
Samedi soir, le ministère taliban de la Défense avait indiqué avoir mené «avec succès» une opération armée «de représailles» contre les forces de sécurité pakistanaises «en réponse à des violations répétées et à des frappes aériennes sur le territoire afghan par l'armée pakistanaise».
«58 soldats pakistanais ont été tués lors de cette opération et 9 talibans ont perdu la vie», a assuré dimanche, lors d'une conférence de presse, le porte-parole du gouvernement taliban, Zabihullah Mujahid.
Islamabad n'a pas confirmé ce chiffre. «Il n'y aura aucun compromis sur la défense du Pakistan, et chaque provocation sera suivie d'une réponse musclée et efficace», a averti dimanche le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif dans un communiqué, accusant Kaboul d'abriter des «éléments terroristes».
«L'Afghanistan joue avec le feu et le sang», a martelé le ministre de l'Intérieur Mohsin Naqvi, assurant que son voisin recevra, «comme l'Inde, une réponse écrasante afin qu'il n'ose plus jeter ne serait-ce qu'un regard hostile sur le Pakistan». Une référence à la pire confrontation depuis des décennies avec son voisin indien, survenue en mai, qui avait vu des échanges de tirs de missiles, des envois de drones et des barrages d'artillerie.
Pour sa part Zabihullah Mujahid a indiqué dimanche que «le Pakistan a attaqué ce matin, et nous sommes prêts à riposter fermement».
Un journaliste de l'AFP présent dans la province afghane de Khost ce matin a confirmé des tirs nourris depuis le Pakistan à la frontière.
Les deux pays assurent avoir capturé des postes de sécurité ennemis.
Islamabad, qui n'a pas confirmé être à l'origine de bombardements sur la capitale afghane et dans le sud-est du pays jeudi, avait dit samedi soir être attaqué à sa frontière.
Il assurait avoir répliqué à des affrontements armés menés depuis les provinces afghanes de Kunar, Nangarhar, Paktia, Khost et Helmand, tout le long de la ligne Durand, qui divise les deux pays.
Alors que l'Iran et l'Arabie saoudite appelaient les deux pays à une «désescalade», Kaboul avait finalement annoncé à l'AFP la fin de son opération autour de minuit heure locale.
Au petit matin, deux points de passage clés entre le Pakistan et l'Afghanistan, Torkham et Spin Boldak, où transitent notamment des milliers d'Afghans expulsés ces derniers mois par Islamabad, étaient fermés, ont indiqué à l'AFP des hauts responsables afghans et pakistanais.
Attaque nocturne
Les relations entre les deux pays sont en dents de scie depuis le retour au pouvoir des talibans afghans à l'été 2021, Islamabad, accusant son voisin «d'abriter» des talibans pakistanais (TTP).
Ce mouvement, formé au combat en Afghanistan et qui se revendique de la même idéologie que les talibans afghans-- est accusé par Islamabad d'avoir tué des centaines de ses soldats depuis 2021.
Samedi, le TTP a revendiqué des attaques meurtrières dans le nord-ouest du pays qui ont causé la mort de 23 personnes, dont trois civils. Elles ont eu lieu vendredi non loin de la frontière avec l'Afghanistan, dans la province du Khyber Pakhtunkhwa.
Pour Islamabad, ce sont les talibans afghans, de retour au pouvoir à Kaboul depuis l'été 2021, qui favorisent cette résurgence du TTP.
Un rapport du Conseil de sécurité des Nations unies publié plus tôt cette année estimait que le TTP «a sans doute été le groupe extrémiste étranger en Afghanistan qui a le plus profité» du retour des talibans afghans, «qui ont accueilli et activement soutenu» le mouvement.
Mais Kaboul dément fermement et renvoie l'accusation à Islamabad, assurant que le Pakistan soutient des groupes «terroristes», notamment la branche régionale du groupe État islamique (EI).
Jeudi, le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Muhammad Asif, a déclaré au Parlement que les multiples tentatives pour convaincre les talibans afghans de cesser de soutenir le TTP avaient échoué.
L'année 2024 a été la plus meurtrière pour le Pakistan en près d'une décennie, avec plus de 1.600 morts dans ces violences, principalement des soldats.
AFP
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