
Après avoir longtemps incarné la dolce vita du Moyen-Orient, le Liban peine à renouer avec son âge d’or touristique. Entre crise économique, infrastructures dégradées et instabilité régionale, les visiteurs du pays du Cèdre se font rares. Pourtant, quelques signes timides laissent entrevoir une possible relance.
Dans les années 2010, le Liban figurait parmi les destinations touristiques les plus prisées au monde: festivals, plages bondées, hôtels de charme et gastronomie primée... Le tourisme représentait alors près d’un cinquième du PIB et faisait battre le cœur de l’économie.
Aujourd’hui, la carte postale s’est ternie. Deux ans après une reprise avortée, le secteur reste à la peine, fragilisé par la crise économique et l’instabilité sécuritaire. Pourtant, entre effondrement et résilience, l’hospitalité libanaise refuse de tirer sa révérence.
Un secteur en chute libre
Selon les données du ministère du Tourisme, le Liban n’a accueilli que 1,13 million de visiteurs en 2024, contre 1,66 million en 2023, soit une baisse de 32,1%. Autrement dit, un tiers des touristes ont préféré d’autres horizons, certainement plus stables. Avant la crise de 2019, le pays enregistrait près de 2 millions de visiteurs par an, représentant environ 19% du PIB. Aujourd’hui, cette contribution a fondu. D’après le World Travel & Tourism Council (WTTC), le tourisme ne pèse plus que 5,5% du PIB en 2024, contre 6,6% en 2023.
L’hôtellerie et la restauration, jadis fleurons de l’économie libanaise, ont également ralenti: de nombreux établissements n’ont rouvert que partiellement, tandis que d’autres se battent pour payer leurs factures. Les recettes touristiques, estimées à 112.369 milliards de livres libanaises en 2023, ont, elles aussi, diminué proportionnellement à la chute du nombre de visiteurs, selon un rapport du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud, 2025).
Un classement en berne
Sur le plan régional, le Liban reste à la traîne. D’après le Travel & Tourism Development Index 2024 du World Economic Forum, il se classe 8ᵉ parmi les pays arabes et 79ᵉ sur 119 au niveau mondial. Alors que les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite séduisent des millions de visiteurs grâce à des investissements massifs dans le tourisme, le Liban, lui, peine encore à rénover ses infrastructures et à garantir la sécurité de ses sites.
Le Liban, entre charme et chaos
Pourtant, malgré tout, le Liban garde ce pouvoir magnétique. En 2025, le ministère du Tourisme observe une stabilisation: environ 238.000 visiteurs ont foulé le sol libanais au premier trimestre. Il faut dire que peu d’endroits au monde offrent en une heure de route un ski matinal à Faraya et un dîner au bord de la mer à Byblos. Le charme demeure, mais la confiance, elle, s’est érodée.
Relancer le tourisme libanais nécessitera bien plus qu’un slogan nostalgique. Il faudra réhabiliter les infrastructures, garantir la sécurité des visiteurs et moderniser les services, sans oublier de rétablir la confiance internationale. Le pays dispose toujours d’atouts majeurs: un patrimoine exceptionnel, une hospitalité légendaire et une culture vibrante.
Si les réformes suivent, le pays pourra retrouver son éclat d’antan.
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