Nadia Melliti, nouvelle étoile du cinéma français contemporain
L’actrice française Nadia Melliti pose pour des photos lors d’une séance à Paris, le 8 octobre 2025. ©Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP

Révélée par La petite dernière d’Hafsia Herzi, Nadia Melliti s’impose comme une figure singulière du nouveau cinéma français. À seulement 23 ans, cette ancienne footballeuse trace un parcours inspirant entre sport, études et passion du jeu.

Repérée dans la rue, prix d’interprétation à Cannes pour son tout premier rôle sans avoir jamais pris un seul cours de théâtre, la jeune actrice française Nadia Melliti continue de tracer sa route en fac de sport, malgré les sollicitations.

À 23 ans, la jeune actrice révélée dans La petite dernière d’Hafsia Herzi, qui sort en France mercredi, accueille le tourbillon de la promotion du film et des voyages dans les festivals internationaux avec flegme.

«J’ai l’impression d’être dans un processus d’apprentissage en permanence», explique Nadia Melliti. «C’est vrai que je plonge dans un monde inconnu, mais en même temps, c’est ce qui fait l’excitation de cette aventure», complète-t-elle, détendue face à tout ce qui lui arrive.

Approchée par une directrice de casting dans la rue à Paris, Nadia Melliti a tout de suite accroché le regard de la réalisatrice Hafsia Herzi.

Elle est frappée par «une énergie, un physique pas commun aussi, et ce visage, au-delà de la beauté, ce visage différent», estime la cinéaste.

Silhouette athlétique, regard franc, visage affirmé, Nadia Melliti incarne alors tout ce que recherche Hafsia Herzi depuis un an pour incarner Fatima, une jeune fille maghrébine qui grandit en banlieue parisienne et se trouve tiraillée entre sa religion, l’islam, et son désir naissant pour les femmes.

Football 

Les origines familiales de Nadia Melliti évoquent celles de Fatima Daas, l’autrice de La petite dernière, le roman adapté à l’écran par Hafsia Herzi.

Comme elle, Nadia Melliti a des liens familiaux avec l’Algérie et a grandi en banlieue parisienne, entourée de deux frères et deux sœurs.

Dans le film, le parcours de Fatima, dont on suit sur un an l’éveil à la sexualité, l’entrée à l’université à Paris mais aussi la découverte de la vie nocturne, parle à l’actrice, qui y voit une «quête d’émancipation».

Nadia Melliti raconte notamment avoir lutté contre les préjugés dès son enfance, en raison de sa passion pour le football, sport considéré comme masculin.

«Je refusais de faire partie de cette idéologie, de rentrer dans un moule», se rappelle-t-elle. «J’ai trouvé que le personnage dans le film traversait les mêmes choses, qu’elle avait une injonction qui lui tombait dessus, celle de la doctrine religieuse.»

Avant que le monde du cinéma ne lui ouvre ses portes, Nadia Melliti a caressé l’idée de devenir footballeuse professionnelle, évoluant un temps au Paris Saint-Germain, puis avec l’équipe des moins de 19 ans de la VGA Saint-Maur, club de la banlieue parisienne dont l’équipe senior est en deuxième division.

Priorité études 

«Au premier abord, c’est quelqu’un d’assez introverti, qui ne fait pas de bruit, mais quand on échange avec elle, on découvre quelqu’un de très déterminé», décrit son ancien entraîneur, Yanis Lamraoui, «surpris» de la voir éclore dans un monde «qui n’est pas du tout le sien».

Sa partenaire à l’écran, Ji-Min Park, devenue actrice sur le tard elle aussi, dit s’être «reconnue en elle». «Elle joue de manière instinctive, comme moi. C’est ce qui m’a touchée chez elle.»

Nadia Melliti joue toujours au foot avec l’équipe de son université. La veille de recevoir son prix d’interprétation à Cannes, elle participait aux championnats de France universitaires.

Elle entend bien terminer ses études avant de passer le concours de professeur d’éducation physique. «Je ne peux pas quitter la fac comme ça, j’ai fourni un travail sur de longues années, ça me passionne et ce n’est pas parce que j’ai eu un prix à Cannes que je vais envoyer mes passions valser», confie-t-elle.

Sa performance au cinéma lui a déjà valu plusieurs propositions de rôles, toutes déclinées pour le moment. «C’est hors de question de faire un film juste pour faire un film», affirme l’actrice. Car, pour elle, «ce qui fait la beauté de ce métier, c’est d’y mettre du cœur».

Par Antoine GUY / AFP

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