
Volodymyr Zelensky aura fort à faire vendredi pour convaincre Donald Trump de livrer à l’Ukraine des missiles Tomahawk, alors que le président américain et Vladimir Poutine viennent de relancer leur dialogue, en convenant d’un prochain sommet à Budapest.
Le président ukrainien sera reçu à la Maison Blanche pour la troisième fois depuis le retour au pouvoir du républicain. La rencontre est prévue à 13H00 (17H00 GMT).
Lors de leur première entrevue en février, Donald Trump avait asséné brutalement à Volodymyr Zelensky qu’il n’avait «pas les cartes en main». La seconde, en août, avait été beaucoup plus cordiale.
Cette fois, le président ukrainien arrive à la Maison Blanche au lendemain d’un coup de fil surprise entre Donald Trump et Vladimir Poutine, dont le dirigeant russe a profité pour avertir qu’une livraison de missiles Tomahawk «nuirait considérablement» à la relation russo-américaine.
Le président américain, interrogé jeudi après sa conversation avec Vladimir Poutine, s’est montré très réservé. «Nous ne pouvons pas appauvrir (les réserves de Tomahawk) notre propre pays», a-t-il estimé.
1.600 kilomètres
«Moscou se précipite pour reprendre le dialogue dès qu’ils entendent parler de Tomahawk», a commenté sur X Volodymyr Zelensky, à son arrivée jeudi à Washington.
Le président ukrainien a rencontré des représentants du fabricant américain des systèmes de missiles Tomahawk et Patriot, pour discuter entre autres de la «perspective d’une production conjointe ukraino-américaine».
Le BGM-109 Tomahawk vole jusqu’à 1.600 kilomètres, à 880 km/h, à quelques dizaines de mètres du sol.
Ces missiles permettraient à l’Ukraine de frapper en profondeur en Russie, au moment où Moscou, à l’entrée de l’hiver, intensifie ses attaques sur les infrastructures énergétiques ennemies.
Vendredi, la Russie a aussi revendiqué la prise de trois villages ukrainiens dans les régions de Kharkiv et Dnipropetrovsk (Est).
Le président américain a dit jeudi espérer «mettre fin à cette guerre +sans gloire+» lors de sa rencontre avec Vladimir Poutine, prévue selon lui «dans les deux prochaines semaines».
«Très productif»
Les dirigeants américain et russe ont eu jeudi un entretien «très productif», a jugé le républicain de 79 ans, tandis que Moscou a salué un échange «extrêmement franc et empreint de confiance».
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a toutefois relevé vendredi qu’il fallait résoudre de «nombreuses questions» avant la rencontre de Budapest. Serguei Lavrov et Marco Rubio, les chefs des diplomaties russe et américaine, se rencontreront pour tenter d’y répondre.
Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjarto, a assuré que le président russe pourrait faire le déplacement sans encombres. Vladimir Poutine est sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre présumés, mais la Hongrie a annoncé son retrait de la CPI, qui sera effectif le 2 juin 2026.
Le dernier sommet entre les deux présidents, le 15 août en Alaska, s’était conclu sans perspective concrète de paix.
Cet échec a irrité Donald Trump, qui s’est dit plusieurs fois «très déçu» de Vladimir Poutine et qui a même estimé que la Russie pourrait perdre la guerre.
«Il n’a pas aimé»
Le président américain s’est toutefois cantonné depuis cette rencontre dans un rôle d’observateur, sans mettre à exécution ses menaces de lourdes sanctions contre la Russie.
Donald Trump a rompu l’isolement dans lequel les puissances occidentales maintenaient Moscou depuis l’invasion russe de février 2022 et remis en cause l’aide militaire accordée à l’Ukraine par l’administration de son prédécesseur, Joe Biden.
Refusant d’attribuer la responsabilité du conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Deuxième guerre mondiale, le président américain renvoie volontiers dos à dos Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky.
«Ils ne s’entendent pas très bien, ces deux-là», a-t-il remarqué jeudi, sur un ton désinvolte.
Puis il a plaisanté sur son échange téléphonique avec Vladimir Poutine.
«Je lui ai dit +Cela vous dérangerait si je donnais quelques milliers de Tomahawk à votre adversaire?+ (...). Il n’a pas aimé cette idée», a lancé le président américain en s’esclaffant, pendant un échange avec la presse dans le Bureau ovale.
Par Aurélia END/AFP
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