Cambriolage au Louvre: un des bijoux dérobés a été retrouvé aux abords du musée
Cette photo montre la vasque olympique de Paris 2024, conçue par le designer français Mathieu Lehanneur, survolant la pyramide du Louvre imaginée par l’architecte américano-chinois Ieoh Ming Pei, tandis qu’un couple pose pour une photo, dans le centre de Paris, le 8 septembre 2025. ©Ludovic Marin / AFP

Moins sécurisés que des banques et recelant des trésors d'orfèvrerie, les musées français sont aujourd'hui les cibles de groupes criminels, dont un s'est attaqué dimanche à l'un des plus grands de tous, le Louvre, où des joyaux d'une «valeur inestimable» ont été dérobés.

Peu avant l'ouverture du Louvre, à Paris, aux alentours de 9H30, trois ou quatre cambrioleurs se sont introduits dans le musée en découpant une vitre à la disqueuse depuis une nacelle à l'extérieur. Ils se sont rendus dans la galerie d'Apollon, abritant la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne de France, où il ont volé plusieurs objets. Le tout en 7 minutes.

Un mois plus tôt, des voleurs s'étaient introduits durant la nuit au Muséum d'histoire naturelle à Paris en forçant une porte de secours à l'aide d'une disqueuse puis une vitrine blindée avec un chalumeau pour emporter 6 kg de pépites d'or.

La France, premier pays européen sur le marché de l'art depuis le Brexit, n'est pas la seule concernée par les vols dans les musées.

Les Pays-Bas ont connu plusieurs cambriolages, dont celui en janvier du musée régional de Drenthe, où ont été volés, de nuit, une couronne royale du royaume de Dace et des bracelets, tous ces objets en or, par plusieurs hommes munis d'explosifs. Trois personnes ont été interpellées, mais le trésor reste introuvable.

«Les musées sont de plus en plus ciblés au titre des valeurs et œuvres très importantes qu'ils détiennent», selon l'Office français central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC), sollicité par l'AFP début octobre.

«Les opportunités pour les groupes criminels organisés soit visent les oeuvres pour leur valeur intrinsèque soit pour leur matière première et notamment, l'or qui peut être fondu et revendu sans identification de l'œuvre volée», poursuit ce service de police et de gendarmerie.

Les objets composés d'or, «une valeur refuge qui ne cesse d'augmenter ces dernières années», «sont particulièrement exposés, d'autant que la sécurité» d'un musée «n'égale pas» celle «d'un établissement bancaire», souligne l'OCBC, En outre, «les groupes criminels n'hésitent pas à avoir recours à des modes opératoires violents, passant par des recrutements de mercenaires sur des messageries cryptées».

Le 21 novembre 2024, un musée à Paray-le-Monial (centre de la France) a été braqué pour des figurines en or estimées à 5 millions d'euros. Sept personnes ont été interpellées, dont l'une a reconnu avoir été recrutée comme chauffeur sur Telegram pour 5.000 euros. Les sculptures en or n'ont pas été retrouvées.

Les vols dans les quelque 1.200 musées français restent «limités, environ une vingtaine par an», ce qui est «relativement faible» par rapport à leur nombre, tempérait le colonel Jean-Baptiste Félicité, à la tête de l'OCBC, auprès de l'AFP début octobre.

D'après les chiffres de l'office, en 2011 il y a eu 24 vols dans les musées français, contre un pic de 31 cambriolages en 2015. Seuls 9 ont été comptabilisés en 2023, mais 21 en 2024.

«Invendables en l'état»

Même si les pièces dérobées sont peu nombreuses, que deviennent-elles et à qui profitent-elles ?

«C'est très variable», estime le colonel Félicité. «Il y a eu des voleurs de tableaux en série qui n'en faisaient rien, qui les laissaient chez eux... Il peut y avoir des vols à la commande, des gens qui volent en opportunité puis après n'arrivent pas à écouler, tous les schémas existent».

«Sur des objets d'orfèvrerie, il faut se poser la question si c'est volé pour être vendu sur un marché spécialisé, ou si c'est pour le métal précieux qui serait contenu dans les œuvres», ajoute le patron de l'OCBC, qui administre une base recensant 97.000 objets "dans la nature".

«Notre objectif est de diffuser l'information du vol de manière à ce que l'objet ne soit pas vendable sur le marché légal, entre guillemets, puisque les maisons de vente doivent vérifier un peu la traçabilité des objets. Mais il peut rester effectivement dans des ventes entre particuliers», relève-t-il.

Concernant le vol au Louvre, le président de la maison de vente aux enchères Drouot Patrimoine, Alexandre Giquello, a «un peu de mal à croire à une commande», les objets étant "totalement invendables en l'état". «Dans cette opération, la partie la plus compliquée n'est pas le vol, mais le recel», a-t-il relevé sur la chaîne de télévision LCI.

De son côté, le ministre de l'Intérieur français Laurent Nuñez, a évoqué, sur la radio publique, «une équipe chevronnée», «éventuellement» connue de la police pour avoir «déjà commis d'autres actions de cette nature».

AFP

 

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