Mondial U20: le Maroc croque l’Argentine et décroche l’étoile
Mondial U20: le Maroc, nouvelle référence planétaire. ©Rodrigo ARANGUA / AFP

Deux buts de Yassir Zabiri, une maîtrise sans nervosité et une finale domptée à Santiago: les Lionceaux de l’Atlas ont renversé l’Argentine (2-0) et inscrit, dimanche, la première étoile mondiale U20 de l’histoire du Royaume – et la première pour une nation arabe.

À l’Estadio Nacional Julio Martínez Prádanos, le Maroc U20 a fait tomber l’Argentine en deux éclairs signés Yassir Zabiri à la 12ᵉ minute sur un coup franc surpuissant, puis à la 29e sur une reprise clinique au terme d’une transition menée par Ismaël Baouf et déposée par Othmane Maamma. 

Pressing continu

La sélection de Mohamed Ouahbi n’a jamais donné l’impression de subir, fermant les angles après la pause, multipliant les sorties propres et laissant à Ibrahim Gomis et à sa défense le soin d’éteindre les derniers sursauts de l’Albiceleste. Portée par un capitaine élu meilleur joueur du tournoi, l’équipe marocaine a transformé son audace en certitude et sa certitude en trophée.

Ce sacre ne doit rien au hasard. Depuis 2021, la Fédération royale marocaine de football a posé les rails d’un modèle qui combine formation locale renforcée – académies régionales arrimées à l’Académie Mohammed VI – et détection fine des binationaux suivis en Europe par une cellule dédiée. La moitié de l’effectif assemble ainsi des profils façonnés au pays et des talents aguerris dans les centres de formation du Vieux Continent. Les effets se lisent dans la durée: CAN U23 remportée en 2023, bronze olympique à Paris 2024, finale de CAN U20, puis la consécration mondiale au Chili. À Santiago, la marche était haute face à une Argentine sextuple championne et annoncée intouchable; le Maroc a répondu par la justesse des sorties de balle, la verticalité des transitions et la lucidité dans les zones de vérité. La demi-finale renversée contre la France aux tirs au but avait déjà donné le ton; la finale n’a fait que confirmer la maturité d’un collectif qui sait souffrir sans rompre et piquer au bon moment.

Un pays derrière son équipe

Au-delà du rectangle vert, le pays a accompagné l’exploit. Des vols Royal Air Maroc affrétés à prix adoucis ont permis d’installer une marée rouge dans les tribunes; le président de la FRMF, Faouzi Lekjaa, et des responsables de premier plan ont fait le déplacement; les villes du Royaume ont veillé tard pour célébrer la première Coupe du monde U20 marocaine, second trophée africain dans l’histoire de la compétition après le Ghana en 2009. Quarante-huit ans après la première participation des Lionceaux à ce Mondial, l’étoile est accrochée. Et, après avoir brillé lors de la dernière Coupe du monde A au Qatar, les jeunes Lions ont prouvé que la relève – plus que de simples renforts – est déjà là. À l’avenir, il faudra compter sur eux: une nouvelle puissance mondiale du foot est née, patiente et méthodique, qui n’entend plus seulement exister dans les tournois, mais imposer son tempo et son idée du jeu.

Cette victoire s’inscrit enfin dans un calendrier qui accélère. À deux mois de la CAN 2025 que le Royaume accueillera, le titre U20 agit comme un multiplicateur d’enthousiasme et un accélérateur de maturation. Il ouvre aussi une perspective vers 2030, année de la coorganisation du Mondial avec l’Espagne et le Portugal: les passerelles sont en place pour que cette génération alimente, sans rupture, la sélection A. Le message est limpide: le Maroc ne traverse pas un état de grâce, il installe une ère.

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