
La patronne du Louvre, silencieuse depuis dimanche, doit s’exprimer mercredi devant des parlementaires français pour expliquer comment des cambrioleurs ont pu voler des joyaux de la Couronne dans le musée parisien, pour un préjudice estimé à 88 millions d’euros.
Après trois jours portes closes – dont le mardi de fermeture hebdomadaire – , au grand dam des touristes, le musée le plus visité au monde a ouvert mercredi.
En coulisses, l’enquête se poursuit pour tenter de mettre la main sur les quatre cambrioleurs et leur incroyable butin, commis dans la prestigieuse galerie d’Apollon. Un vol qui a provoqué une forte émotion en France comme à l’étranger et une tempête politico-médiatique sur la protection des œuvres du Louvre.
Qualifiés au départ d’inestimables par les autorités françaises, les bijoux volés ont désormais une estimation, qui ne tient toutefois pas compte de leur valeur patrimoniale : le préjudice a été estimé par la conservatrice du Louvre à «88 millions d’euros».
Une somme «extrêmement spectaculaire» mais qui «n’a rien de parallèle et de comparable au préjudice historique», a déclaré mardi sur la radio RTL la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau.
En première ligne depuis dimanche, la ministre de la Culture Rachida Dati va laisser s’expliquer mercredi la présidente-directrice du Louvre Laurence des Cars, qui n’a pas encore fait de déclaration publique sur le vol.
Pas de «faille»
Elle sera auditionnée à 16 h 30 (14 h 30 GMT) par la commission de la culture du Sénat, la chambre haute du Parlement français.
Cette séance représente un moment de vérité pour celle qui était devenue en mai 2021 la première femme à accéder à la tête du Louvre, un établissement de renommée mondiale qui a accueilli neuf millions de visiteurs en 2024, dont 80 % d’étrangers.
Le quotidien conservateur français Le Figaro a affirmé que Mme des Cars avait présenté sa démission après le vol, mais que cela lui avait été refusé et qu’elle avait reçu le soutien du président Emmanuel Macron.
Sollicité par l’AFP, le Louvre n’a pas souhaité réagir à ces affirmations.
Mercredi, Mme des Cars devrait être interrogée sur les conditions de sécurité de la galerie d’Apollon. Elle abrite la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne, qui compte environ 800 pièces.
Parmi les huit pièces emportées par les voleurs figurent le diadème de l’impératrice Eugénie (épouse de Napoléon III, empereur de 1852 à 1870), qui compte près de 2 000 diamants, et le collier de la parure de saphirs de Marie-Amélie (épouse de Louis-Philippe Ier, roi des Français de 1830 à 1848), et d’Hortense de Beauharnais (mère de Napoléon III).
«Retard»
Face aux accusations des députés mardi, la ministre Rachida Dati a exclu toute «faille de sécurité à l’intérieur» du musée, car les dispositifs «ont fonctionné». Elle a en revanche mis en cause l’absence de la sécurité «sur la voie publique», permettant aux cambrioleurs d’installer un monte-charge et d’entrer par une fenêtre.
La ministre et candidate de droite à la mairie de Paris aux élections municipales de mars prochain a reconnu qu’avait été «sous-estimée pendant trop longtemps la sécurité des œuvres d’art». «On a plutôt privilégié la sécurité des publics», selon elle.
Les organisations syndicales du musée ont été reçues mardi au ministère pour discuter des mesures à prendre et de l’enquête administrative sur les circonstances du cambriolage.
Les syndicats ont dénoncé de leur côté la baisse des effectifs d’agents chargés de la sécurité.
Dans un pré-rapport consulté lundi par l’AFP, la Cour des comptes, institution chargée de vérifier l’emploi des fonds publics en France, déplore un «retard dans le déploiement d’équipements destinés à assurer la protection des œuvres» du musée.
Laurence des Cars dispose d’une longue expérience dans les musées.
Avant le Louvre, cette spécialiste de l’art du XIXe et du début du XXe siècle a présidé les musées parisiens d’Orsay et de l’Orangerie – qui abritent de nombreuses œuvres impressionnistes et postimpressionnistes, dont les gigantesques Nymphéas de Claude Monet.
Elle a aussi été directrice scientifique en juillet 2007 de l’agence France-Muséums, opérateur français chargé du développement du Louvre Abu Dhabi, puis promue dans le corps des conservateurs généraux du patrimoine en 2011.
Avec AFP.
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