Ukraine: Zelensky, garanties de sécurité et réparations au cœur des négociations
Sur cette photo prise et diffusée par le service de presse de la 65e brigade mécanisée des forces armées ukrainiennes le 12 décembre 2025, des recrues ukrainiennes suivent une formation militaire de base dans un lieu tenu secret de la région de Zaporijia. ©ANDRIY ANDRIYENKO / 65E BRIGADE MÉCANISÉE DES FORCES ARMÉES UKRAINIENNES / AFP

Volodymyr Zelensky négocie à Berlin, avec Européens et Américains, un cessez-le-feu et des garanties de sécurité pour Kiev. Parallèlement, l’UE établit un fonds de réparations à La Haye et le conflit se poursuit sur le terrain, notamment autour de Koupiansk et dans l’est du pays.

Alors que la guerre se poursuit dans l’est et le sud de l’Ukraine, Kiev négocie avec Washington et les Européens pour sécuriser un plan de paix. Les discussions de Berlin les 15 et 16 décembre ont permis de faire émerger plusieurs propositions concrètes, comme la création d’une force multinationale pour garantir le cessez-le-feu et la mise en place d’un organisme international chargé des réparations. Mais plusieurs obstacles persistent: concessions territoriales, utilisation des avoirs russes gelés et sécurité durable pour l’Ukraine.

Garanties de sécurité et force multinationale

Au cœur des discussions se trouve la protection de l’Ukraine après un éventuel cessez-le-feu. Lundi, les principaux pays européens et l’Union européenne (UE) ont proposé la création d’une force multinationale composée de contributions volontaires et soutenue par les États-Unis, ainsi que le maintien d’une armée ukrainienne de 800.000 hommes, selon l’AFP. Un mécanisme de surveillance dirigé par Washington compléterait le dispositif, rappelant certaines garanties proches de celles de l’article 5 de l’Otan, sans pour autant intégrer l’Ukraine dans l’Alliance.

Zelensky a salué ces progrès, affirmant que la Russie doit désormais démontrer sa volonté d’œuvrer pour une paix durable. Le chancelier allemand Friedrich Merz a qualifié ces discussions de «vraie chance» et a souligné qu’un cessez-le-feu avant Noël dépendait principalement de Moscou. Le Kremlin, de son côté, affirme ne pas avoir vu les propositions et maintient sa ligne: pas de présence de forces européennes ou de l’Otan sur le sol ukrainien.

Réparations et reconstruction

La question des réparations occupe une place centrale. Un organisme international, la Commission internationale des réclamations pour l’Ukraine, a été établi à La Haye mardi 16 décembre par 35 pays, en présence de Zelensky et de la cheffe de la politique étrangère de l’UE, Kaja Kallas. La commission évaluera 80.000 demandes déjà enregistrées et statuera sur les montants à verser. La coordination sera assurée par le Conseil de l’Europe, et la création d’un fonds d’indemnisation est prévue dans les 12 à 18 mois à venir, avec des paiements aux victimes une fois le fonds opérationnel.

Le financement reste toutefois controversé, car l’utilisation des avoirs russes gelés se heurte à l’opposition de la Belgique, tandis que l’Allemagne soutient un prêt européen basé sur ces actifs. Le sommet européen de jeudi devrait trancher cette question cruciale.

Positions américaines et européennes

Donald Trump s’est montré optimiste sur l’accord, affirmant que la paix en Ukraine est «plus proche que jamais» et que les États-Unis offrent des garanties de sécurité fortes mais acceptables pour la Russie. Ses émissaires à Berlin, Steve Witkoff et Jared Kushner, ont négocié avec Zelensky afin d’obtenir un compromis sur un cessez-le-feu basé sur le gel de la ligne de front, sans cession du Donbass, considéré comme ligne rouge par Kiev.

Côté européen, Merz insiste sur l’urgence de débloquer les avoirs russes pour soutenir la défense et la résilience économique de l’Ukraine. La France réclame, elle, des garanties robustes avant toute discussion sur les territoires, afin de sécuriser l’intégrité ukrainienne. Selon Politico, la question des avoirs gelés et la mise en place de financements européens sont au cœur des tensions.

Situation militaire et avancées sur le terrain

Selon l’ISW, les forces ukrainiennes poursuivent leur contre-offensive dans le secteur de Koupiansk. La Russie affirme contrôler la ville, tandis que l’Ukraine revendique la reprise de plusieurs quartiers, illustrant un front très actif et meurtrier. Les troupes ukrainiennes ont également mené pour la première fois un assaut avec un véhicule sous-marin sans pilote contre un sous-marin russe, marquant une première historique.

Les Ukrainiens ont progressé dans l’ouest de Zaporizhia, tandis que les Russes avancent dans la zone Kostyantynivka-Druzhkivka. Parallèlement, Moscou multiplie les frappes sur les lignes logistiques et les infrastructures énergétiques ukrainiennes, utilisant des bombes guidées et autres munitions avancées. L’ISW souligne que l’Ukraine a un besoin urgent de systèmes de défense aérienne diversifiés et de soutien pour développer des intercepteurs de drones afin de protéger son réseau électrique.

Huit pays nordiques et est-européens (Finlande, Suède, Lettonie, Lituanie, Estonie, Pologne, Roumanie, Bulgarie) ont appelé à renforcer immédiatement le flanc oriental de l’Europe via une approche coordonnée et multidomaines incluant défense terrestre, aérienne et antimissile, en coopération avec l’Otan, soulignant la menace persistante russe.

Pistes de négociation et blocages

La question des territoires occupés par Moscou reste le principal point de friction. La Russie exige la cession de zones stratégiques du Donbass, alors que l’Ukraine refuse tout transfert forcé. L’accord américain initial de novembre, jugé favorable à Moscou, a été remanié pour équilibrer les intérêts des deux parties.

Les discussions sur les avoirs russes gelés restent également délicates: l’Allemagne soutient leur utilisation pour un prêt européen à Kiev, tandis que la Belgique s’y oppose. Cette question sera examinée lors du sommet européen de jeudi, en parallèle avec l’avancement du fonds d’indemnisation. Le président Zelensky a rappelé que ces avoirs doivent servir pleinement à la défense de l’Ukraine.

Vers un compromis fragile

La création de la commission à La Haye et la proposition européenne d’une force multinationale constituent des avancées significatives, mais la route vers un accord durable reste incertaine. La sécurité de Kiev, la protection des lignes de front, la reconstruction économique et le règlement des territoires contestés sont autant de défis à surmonter.

La prochaine réunion européenne sera déterminante pour clarifier les financements et consolider la coordination entre les Européens et Washington, tandis que la Russie maintient ses exigences et refuse toute présence militaire étrangère sur son voisin. Selon l’AFP et l’ISW, l’Ukraine reste le pivot d’un compromis transatlantique et européen, mais les tensions demeurent vives, et la guerre continue de peser lourdement sur la population et le territoire ukrainien.

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