Le Hamas, une organisation décapitée mais toujours debout
Une photographie montre des bâtiments détruits dans le quartier de Cheikh Radwan, à Gaza, le 22 octobre 2025. ©Photo par OMAR AL-QATTAA / AFP

Le groupe terroriste Hamas est-il encore capable d’infliger des dégâts à l’État d’Israël? C’est bien ce que suggère une enquête menée par le média américain NBC.

En effet, bien que très affaibli par deux ans de guerre ouverte, le mouvement islamiste aurait encore à sa disposition une vingtaine de milliers de combattants, des centaines de roquettes, dont certaines à longue portée, ainsi qu’un réseau de tunnel toujours conséquent malgré les bombardements israéliens. En outre, le mouvement occupe l’espace politique et cherche à enrôler de nouveaux membres.

NBC News rapporte que, malgré des mois de bombardements et d’opérations terrestres israéliennes, le Hamas n’a pas été éliminé à Gaza. Ses infrastructures sont néanmoins lourdement endommagées, nombre de ses combattants ont été tués, et son contrôle administratif s’est effondré dans plusieurs zones.

Mais dans d’autres parties de la bande de Gaza, notamment au nord et autour de Khan Younès, le mouvement est en train de se réaffirmer, réapparaissant dans les rues, organisant des patrouilles et rétablissant une forme de présence politique. De plus, le mouvement islamiste est en train de «reprendre le contrôle de Gaza», a déclaré mercredi la porte-parole du gouvernement français, en appelant dans ce contexte à une mise en oeuvre «urgente» des mesures de sécurisation et gouvernance du territoire.

Enfin, le vice-président américain, JD Vance, a affirmé mercredi depuis Jérusalem que la tâche sera «très difficile» pour désarmer le Hamas dans la bande de Gaza, ainsi que pour reconstruire le territoire palestinien.

Des signes de résurgence

Selon des témoins cités par NBC, comme Giora Eiland, ancien directeur du Conseil national de sécurité israélien et ancien chef du département de planification des Forces de défense israéliennes, des membres armés du Hamas circulent de nouveau dans certaines zones que l’armée israélienne avait déclarées «nettoyées». Des drapeaux du mouvement sont réapparus et des cellules locales ont repris des fonctions de police ou d’ordre.

Cela illustre la résilience du groupe, capable de se fondre dans la population, de se reconstituer en petites unités et d’exploiter les vides laissés par le retrait partiel des troupes israéliennes.

L’ombre d’une guérilla urbaine

Parmi les analystes interrogés, Shalom ben Hanan, chercheur à l'Institut international pour la lutte contre le terrorisme de l'université Reichman en Israël, explique que le Hamas a perdu une grande partie de sa capacité militaire conventionnelle – commandement centralisé, production de roquettes, réseau de tunnels coordonné –, mais qu’il s’est reconverti en force de guérilla.

Ses combattants opèrent désormais par embuscades, posent des engins explosifs improvisés et frappent de manière ponctuelle avant de se disperser. Ce mode d’action rappelle les tactiques d’autres mouvements insurgés qui ont survécu à des campagnes d’élimination intensives.

Une victoire israélienne incomplète

Pour Israël, la mission d’éradication du Hamas reste loin d’être accomplie. Plusieurs experts ayant été interrogés par la NBC affirment que «la victoire totale» est pratiquement impossible sans réoccuper durablement la bande de Gaza, ce qu’Israël cherche pour le moment à éviter.

Les opérations militaires ont permis de réduire la menace, mais non de la faire disparaître. Le coût humain et politique d’une occupation prolongée rend cette option peu réaliste, laissant le terrain propice à une résurgence progressive du Hamas.

La dimension politique et symbolique

Sur le plan politique, NBC note que le Hamas continue à tirer parti du sentiment de résistance parmi les Palestiniens.

Même affaibli, il reste un symbole de défi face à Israël et aux puissances étrangères. Certains civils, bien qu’exaspérés par la guerre, continuent de voir dans le Hamas un défenseur de la cause palestinienne, ce qui lui confère un capital politique que ni l’Autorité palestinienne ni aucune autre entité n’ont réussi à remplacer.

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