Courroucé par une pub, Trump accroit de 10% les droits de douane sur le Canada
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Le président Donald Trump, qui a décidé cette semaine de rompre les relations commerciales avec le Canada après une publicité contre les droits de douane américains, a annoncé samedi l'ajout de 10% supplémentaires contre les importations qui étaient déjà concernées.

"Leur publicité devait être retirée, IMMEDIATEMENT, mais ils l'ont laissée être diffusée hier (vendredi) soir pendant la World Series, en sachant qu'il s'agissait d'une FRAUDE", a lancé le président américain, sur sa plateforme Truth Social.

"En raison de leur grave déformation des faits, et de leur acte hostile, j'augmente les droits de douane sur le Canada de 10% supplémentaire par rapport à ce qu'il paie actuellement", a-t-il ajouté.

Il faisait référence à une campagne publicitaire produite par la province canadienne de l'Ontario, qui a été diffusée vendredi soir à l'occasion du premier match très suivi des finales du championnat nord-américain de baseball.

"J'ai entendu dire qu'ils allaient retirer la publicité. Je ne savais pas qu'ils allaient la diffuser un peu plus. Ils auraient pu la retirer ce soir", avait-il relevé vendredi soir, à des journalistes avant de s'envoler pour une tournée en Asie, dénonçant un "coup tordu" du Canada.

Le gouvernement de la province de l'Ontario a déclaré qu'il retirerait lundi la publicité incriminée afin que les négociations puissent reprendre, mais pas avant qu'elle ne soit rediffusée samedi soir pendant le deuxième match de la confrontation de baseball.

Cette publicité utilisait des extraits d'un discours de Ronald Reagan, dans lequel l'ancien président américain mettait en garde contre certaines conséquences que des droits de douane élevés sur les importations étrangères pourraient avoir sur l'économie américaine.

La Fondation Ronald Reagan a accusé sur X la campagne de "déformer" les propos de l'ex-président, utilisés "de manière sélective". Elle a dit examiner des "options juridiques".

Diffusée sur plusieurs chaines de télévision américaines, la publicité a provoqué l'ire de Donald Trump qui a dénoncé jeudi soir "un comportement scandaleux" et a annoncé la rupture à effet immédiat des négociations commerciales avec Ottawa.

Cette rupture constituait déjà un coup dur pour le Canada au moment où un accord commercial entre les deux pays - portant sur l'acier, l'aluminium et l'énergie - semblait pouvoir être conclu, selon le journal canadien Globe and Mail.

Avant la diffusion de cette publicité, une rencontre entre le Premier ministre canadien Mark Carney et Donald Trump était prévue lors du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (Apec) qui se tient la semaine prochaine en Corée du Sud.

Mais depuis, le milliardaire américain a affirmé n'avoir aucune intention de discuter avec Mark Carney ni de le rencontrer.

Selon lui, les autorités canadiennes cherchent à "influencer la décision de la Cour suprême des Etats-Unis et d'autres tribunaux", devant lesquels est contestée la légalité des décrets présidentiels sur les droits de douane.

Il a imposé, depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, des surtaxes sur les importations du monde entier et a négocié - et obtenu avec un certain nombre de pays - des accords bilatéraux. En sus, il a décidé d'appliquer des droits de douane sur certains produits spécifiques (acier et aluminium, en particulier).

Le Canada est le deuxième partenaire commercial des Etats-Unis et un fournisseur majeur d'acier et d'aluminium pour les entreprises américaines, notamment la construction automobile.

Avant l'annonce de samedi, une partie des importations canadiennes subissaient des droits de douane maximum de 25% (10% pour l'énergie et la potasse) mais en sont exemptées toutes les marchandises entrant dans le cadre de l'accord de libre-échange entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique (ACEUM).

Ces surtaxes ont durement touché Ottawa, entraînant des pertes d'emploi et mettant les entreprises sous pression.

S'exprimant vendredi avant, lui aussi, de s'envoler pour l'Asie, M. Carney n'avait pas directement mentionné le revirement de M. Trump, mais avait déclaré que les discussions bilatérales avaient montré des "progrès (...) et nous sommes prêts à poursuivre sur cette lancée et à tirer parti de ces progrès lorsque les Américains seront prêts".

"Nous ne pouvons pas contrôler la politique commerciale des Etats-Unis", avait-il relevé, soulignant son désir d'approfondir les relations commerciales avec d'autres pays.

Avec AFP

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