Au Liban, la culture de l’avocat connaît un essor remarquable. De Tyr à Batroun, les vergers se multiplient, portés par des agriculteurs visionnaires qui misent sur ce fruit à la fois rentable et prometteur. Malgré un climat capricieux, l’avocat libanais poursuit sa conquête des marchés locaux et étrangers.
Depuis quelques années, un nouvel acteur s’impose discrètement dans le paysage agricole libanais: l’avocat. Longtemps réservé à quelques vergers expérimentaux, ce fruit tropical est désormais devenu une véritable vedette des marchés. En quelques saisons seulement, il a su séduire les producteurs par sa rentabilité, les consommateurs par son goût, et les exportateurs par son potentiel. Dans un pays où l’agriculture cherche désespérément un souffle nouveau, l’avocat s’impose comme une success story… à cultiver avec précaution.
Une production en pleine croissance
La production d’avocats au Liban ne cesse d’augmenter. Au fil des années, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Près d’un million d’arbres ont été plantés en 2024, selon un producteur interrogé par Ici Beyrouth: une progression spectaculaire qui illustre l’engouement pour cette culture. Aujourd’hui, la production annuelle oscille entre 20.000 et 25.000 tonnes, avec un rendement moyen de 1,25 tonne par 1.000 m², un ratio jugé excellent par les experts.
Pourtant, l’avocatier n’est pas un arbre de tout repos. Il demande beaucoup d’eau et un climat chaud et stable, avec des températures pouvant atteindre 38°C.
«Cette année, les précipitations ont été faibles, mais nous avons compensé en arrosant plus souvent», précise le producteur. «L’avocat pousse bien jusqu’à 500 mètres d’altitude, ce qui explique sa concentration sur le littoral sud, notamment dans les régions de Saïda, Tyr et Nabatiyé, ainsi que sur le littoral nord, de Batroun à Koura», poursuit-il.
La saison s’étend de novembre à mai, période durant laquelle les marchés regorgent de ce fruit devenu indispensable dans les foyers libanais.
Des variétés aux saveurs du Liban
Les vergers libanais abritent une belle diversité: Lamb Hass, Pinkerton, Ettinger, Fuerte et Reed. Chaque variété a ses spécificités: certaines résistent mieux à la chaleur, d’autres se distinguent par leur texture ou leur teneur en huile. Les agriculteurs sont encouragés à diversifier leurs plantations pour éviter la dépendance à une seule variété et renforcer la résilience face aux maladies.
Les avocatiers, parfois victimes de champignons ou d’insectes, peuvent être traités efficacement sans altérer la qualité du fruit ni augmenter la teneur en pesticides.
Un pari rentable pour les agriculteurs
Dans un secteur agricole en difficulté, l’avocat fait figure d’exception. Le prix de vente chez le producteur varie entre 1,5 et 2 dollars le kilo, ce qui permet aux agriculteurs de dégager une marge correcte, même en période difficile.
«L’avocat, avec la banane, est aujourd’hui l’une des cultures les plus rentables du pays», affirme le producteur. Un plant d’avocat coûte toutefois cher à l’achat, entre 20 et 30 dollars, et il faut patienter trois ans avant la première récolte. Mais une fois lancé, l’investissement s’avère durable.
Un produit qui séduit les marchés étrangers
Le Liban ne se contente plus de consommer ses avocats : il en exporte aussi. Entre 10 et 15% de la production nationale est désormais écoulée à l’étranger, soit près de 10.000 tonnes par an. Les principaux débouchés se trouvent dans les pays du Golfe, en Égypte, en Jordanie, mais aussi en Europe où les avocats libanais gagnent du terrain, notamment en France, en Allemagne et aux Pays-Bas, grâce à la qualité du fruit et à la montée de la demande.
Actuellement, entre 1.600 et 2.000 hectares de terres libanaises sont consacrés à la culture de l’avocat, un chiffre en constante augmentation. Face à la rentabilité et à la demande croissante, de plus en plus de propriétaires décident de planter des avocatiers sur leurs terrains.
Si le climat reste un défi, l’avocat libanais semble avoir trouvé sa place. Il devient symbole d’adaptation pour les agriculteurs, dans un secteur qui cherche un second souffle.




Commentaires