«Blurry Moon»: le retour magnétique de Charlotte Gainsbourg
Charlotte Gainsbourg a assisté à la projection de "Lux Aeterna" lors du 72ème Festival annuel du Film de Cannes le 18 mai 2019 à Cannes, en France. ©Shutterstock

Avec son nouveau single Blurry Moon, Charlotte Gainsbourg signe son retour musical en septembre 2025. Produit par Saint Laurent et SebastiAn, le titre est un mélange d’élégance, de mélancolie et d’air contemporain. La musique est mise en relief dans une vidéo artistiquement particulière, et pourtant simple, reflétant l’unicité de l’artiste.

Séduisante, distante, radieuse et taciturne: Charlotte Gainsbourg reparaît dans Blurry Moon, un single conçu comme toutes ses créations, un objet d’art total. Produit par la maison Saint Laurent, sur une idée d’Anthony Vaccarello, et arrangé par SebastiAn, le single offre une ambiance faite de musique, certes, mais aussi de mode et de cinéma. Le clip, réalisé par Vaccarello, a captivé tous les regards, surprenant par son ambiance lynchienne qui mêle ombres et lumières. Le single dépeint, avec son ambiance, les illusions hollywoodiennes. Rien ne ressemble à Charlotte Gainsbourg, qui écrit son histoire dans une extension d’elle-même, de ses parents, de sa génération et de son temps, dans un changement de soi ouvertement entamé depuis près de vingt ans. Chaque œuvre artistique met en relief un morceau de sa vie ou de son parcours individuel.

Charlotte Gainsbourg porte un héritage hors du commun; fille de Serge Gainsbourg et de Jane Birkin, elle a évolué dans un monde de célébrités dont elle a tracé les lignes. Baignée dans une ambiance particulière, elle se tourne naturellement vers l’art, mais le façonne selon sa perception et refait le monde à sa manière. L’artiste au talent inné et sculpté choisit la sobriété de la retenue, le charme de l’ombre et la vulnérabilité de la sincérité. Cela la rend d’autant plus touchante dans son art, empreint d’un contraste de pudeur et de mise à nu.

L’artiste s’est frayé un chemin loin des sentiers battus de la célébrité. Elle n’a jamais cédé à la facilité. Dirigée par Lars von Trier au cinéma, elle a jonglé sur grand écran avec l’émotion, la violence et la douleur, incarnant des personnages aussi dérangés que crédibles. C’est cette même authenticité qui caractérise sa musique. Sur scène, elle privilégie le dépouillement aux parures et l’espace vide à la scénographie. Sa présence seule suffit, dit-on.

Ses albums incarnent une trilogie de l’émancipation: 5:55 (2006), conçu avec Air et Jarvis Cocker, signe une renaissance pop en anglais, IRM (2009), produit par Beck, transforme un traumatisme cérébral en expérience sonore, alors que Rest (2017), coécrit avec SebastiAn, dévoile ses blessures intimes, notamment la perte de sa sœur Kate Barry.

Avec Blurry Moon, Charlotte Gainsbourg retrouve son complice SebastiAn pour une envolée aérienne et sensuelle. Le titre anglais, sa langue maternelle proprement dite, balance sur une frontière blurry, «floue», imprégnée à la fois de rêverie et de lucidité. Il explore les souvenirs et le mouvement. La production est, comme ses scènes de concert, minimaliste et brute. Sa voix en ressort veloutée, enveloppée d’un air éthéré et apaisant. Son rythme répétitif et hypnotique emporte celui qui l’écoute dans un monde propre à lui, un cocon suspendu entre vie quotidienne et rêveries. L’univers de la chanson, entre synthétiseurs vaporeux et pulsations sourdes, prolonge la tension entre pudeur et dévoilement qui définit toute l’œuvre de l’artiste, sans artifices, et totalement sincère.

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