Le suspense est à son comble pour le plus célèbre prix littéraire français. Quatre auteurs, dont trois grands favoris et une outsider belge, espèrent décrocher le Goncourt ce mardi à Paris.
Quatre romans, trois favoris et un outsider, sont en lice pour remporter mardi le Goncourt, le plus prestigieux des prix littéraires français, qui offre à la fois la notoriété et la promesse de fortes ventes en librairie.
Qui sont les sélectionnés?
Sur les quatre finalistes, trois sont considérés depuis des mois comme des favoris par le milieu littéraire et la presse: Nathacha Appanah avec La nuit au cœur (Gallimard), Emmanuel Carrère avec Kolkhoze (P.O.L) et Laurent Mauvignier avec La maison vide (Minuit).
La quatrième finaliste est la Belge Caroline Lamarche pour son roman Le bel obscur (Seuil).
Le président de l’Académie Goncourt, l’écrivain Philippe Claudel, a indiqué à l’AFP que «cette année, il n’y a pas un livre qui écrase les autres» et que le jeu est donc «ouvert».
En 2024, le lauréat, Houris (Gallimard) du Franco-Algérien Kamel Daoud, avait été très vite considéré comme le grand favori.
Comment décident les jurés?
Tout se déroule dans le restaurant Drouant, près de l’Opéra à Paris. Les dix membres de l’Académie Goncourt, nécessairement des personnalités des lettres, se réunissent le premier mardi de chaque mois, sauf en été.
Au cours d’un déjeuner dans le salon Goncourt du premier étage, ils sélectionnent, parmi les centaines de romans publiés, les ouvrages susceptibles de remporter le prix.
Durant les éliminatoires, leur vote est oral.
Puis, le jour J, au cours des dix premiers tours, le prix ne peut être attribué qu’à la majorité absolue. Du onzième au treizième tour, la majorité relative suffit. En cas d’égalité, c’est la voix du président qui départage.
Présidé par Philippe Claudel, le jury comprend les romanciers et romancières Christine Angot, Pierre Assouline, Tahar Ben Jelloun, Pascal Bruckner, Françoise Chandernagor, Paule Constant, Didier Decoin, Camille Laurens et Éric-Emmanuel Schmitt.
Pour prévenir les soupçons de collusion, les jurés ne peuvent exercer une activité rémunérée dans une maison d’édition.
Qu’apporte le Goncourt?
Un chèque de 10 euros: c’est ce que reçoit le lauréat, qui, souvent, préfère l’encadrer que le tirer à la banque.
Le Goncourt est ainsi l’un des prix littéraires les moins généreux, alors que certains d’entre eux offrent plus de 15 000 euros.
Mais le fameux bandeau rouge «Prix Goncourt» apposé dans les heures suivant l’annonce sur la couverture du roman primé offre la promesse de vendre plusieurs centaines de milliers d’exemplaires.
Parmi les meilleures ventes des dernières années figurent L’anomalie de Hervé Le Tellier en 2020 ou Veiller sur elle de Jean-Baptiste Andréa en 2023, qui ont dépassé les 500 000 exemplaires.
Le Goncourt est traditionnellement l’un des livres les plus offerts à Noël.
C’est pour cela que les maisons d’édition lui accordent une telle importance. Cette année, le groupe Madrigall semble bien placé pour décrocher le «jackpot» avec trois romans en lice publiés par Gallimard, P.O.L et Minuit.
Que racontent les livres sélectionnés?
La maison vide de Laurent Mauvignier est une ample fresque familiale de 750 pages qui s’étend sur trois générations depuis le début du XXᵉ siècle.
Kolkhoze d’Emmanuel Carrère est un long récit qui se concentre sur sa mère, Hélène Carrère d’Encausse, décédée en 2023 après une vie consacrée à l’étude de l’Union soviétique et du monde russe, ainsi qu’à l’Académie française.
Dans La nuit au cœur, Nathacha Appanah lie le destin de trois femmes victimes de la violence de leur conjoint. Deux en sont mortes tandis que la troisième, l’autrice, a réussi à échapper à l’emprise de l’homme.
Dans Le bel obscur, Caroline Lamarche, qui vit à Liège, raconte la vie d’une femme ayant appris l’homosexualité de son mari.
Et les autres prix?
Cette semaine cruciale pour le monde littéraire débute lundi avec le prix Femina, attribué par un jury exclusivement féminin de 12 membres.
Le prix Renaudot sera annoncé mardi en même temps que le Goncourt.
Le prix Médicis, réputé pour son exigence littéraire, suivra ensuite mercredi.
La France compte des centaines d’autres prix littéraires, attribués par des associations, des collectivités, des médias ou des marques. Leur impact sur les ventes de livres est très variable.
Par Jérôme RIVET / AFP



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