Trois dossiers brûlants au menu de la COP30 au Brésil
De la « feuille de route de Bakou à Belém » à la protection des forêts, la COP30 marque un tournant décisif pour la planète. © PABLO PORCIUNCULA / AFP

Contrairement aux dernières années, aucun sujet emblématique ne domine la COP30 de Belem (10-21 novembre). Mais les sujets qui susciteront le plus d'affrontement incluent la faiblesse des ambitions climatiques, le manque criant de financement pour les pays pauvres et la protection des forêts.

Feuilles de route climatiques

Les engagements climatiques des pays du monde entier seront cette année au menu de la COP30, avec un constat: ce n'est pas suffisant.

Ces plans devraient réduire les émissions de gaz à effet de serre d'environ seulement «10% d'ici 2035» par rapport à 2019, selon un calcul de l'ONU publié la semaine dernière, mais qui reste très partiel en raison du retard d'une centaine de pays à publier leurs feuilles de route.

De nombreux pays exigeront que ceux qui rejettent le plus de gaz à effet de serre rehaussent leurs engagements.

Depuis l'accord de Paris de 2015, les pays doivent mettre à jour tous les cinq ans leurs plans, qui détaillent comment ils entendent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, par exemple en développant les énergies renouvelables.

Ces feuilles de route «représentent la vision de notre avenir partagé», souligne la présidence brésilienne, qui a reconnu que la COP devrait y répondre politiquement, même si la question n'est pas à l'agenda des négociations.

La Chine a publié sa «contribution déterminée au niveau national» pour 2035 in extremis lundi.

L'Union européenne, minée par des divisions, s'est contentée pour l'instant d'une fourchette indicative et doit formaliser sa copie au cours d'un conseil des ministres de l'environnement extraordinaire à haut risque mardi.

Finance de retour

L'an dernier, la COP29 a fixé dans la douleur un nouvel objectif d'aide des pays développés à destination des pays en développement de 300 milliards de dollars par an d'ici 2035, le triple de l'objectif précédent mais quatre fois moins que ce qui était attendu par les pays pauvres.

Cet argent doit leur servir à s'adapter aux inondations, aux canicules et aux sécheresses. Mais aussi à investir dans les énergies bas-carbone au lieu de développer leurs économies en brûlant du charbon et du pétrole.

Les pays se sont aussi fixé un objectif plus vague de mobiliser, à partir de sources publiques diverses mais aussi privées, un montant total de 1 300 milliards de dollars par an d’ici à 2035.

Les modalités de cet objectif, lié à une réforme des institutions financières internationales, doivent être précisées dans un document (la «feuille de route de Bakou à Belem») qui sera discuté à la COP30.

L'adaptation au changement climatique sera spécifiquement discutée à la COP 30, avec potentiellement un volet financier.

Forêts à protéger

Le Brésil a voulu organiser la COP en Amazonie pour attirer l'attention sur la problématique des forêts, puits de carbone et réservoir de biodiversité menacé, alors que la destruction des forêts vierges tropicales a atteint l'an dernier un niveau record depuis au moins 20 ans.

La présidence veut formaliser un fonds d'un nouveau genre, le TFFF ou «Facilité de financement des forêts tropicales».

Ce TFFF veut collecter 125 milliards de dollars, qui seront placés sur les marchés financiers; les bénéfices rémunéreront des pays à forte couverture forestière et à faible déforestation pour leurs efforts de conservation. Par exemple la Colombie, le Ghana, la République démocratique du Congo ou l'Indonésie.

«Le TFFF peut être une avancée dans la protection des forêts tropicales, mais il doit s'accompagner d'autres mesures, en particulier d'une décision de la COP30 pour un plan d'action clair pour mettre fin à la déforestation et la dégradation des forêts d'ici 2030», dit à l'AFP Clément Helary de l'ONG Greenpeace.

Les pays développés restent pour leur part encore prudents: «il faut encore un petit peu de travail et de discussions techniques avant de pouvoir annoncer des financements», a-t-on jugé de source française.

Avec AFP

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