Des manifestants autochtones perturbent de nouveau la COP30
Des membres du peuple autochtone Munduruku du mouvement Ipereg Ayu se tiennent devant le lieu de la COP30 lors d'une manifestation à Belém, au Brésil, le 14 novembre 2025. ©Pablo PORCIUNCULA/AFP

Voulant alerter sur leur situation en Amazonie et parler au président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva., une soixantaine de manif estants autochtones ont bloqué vendredi pacifiquement l'entrée de la COP30, perturbant la conférence de l'ONU sur le climat à Belem, en Amazonie brésilienne.

Le blocage d'environ deux heures survient alors que l'encadrement de l'événement (10-21 novembre), coorganisé par le gouvernement brésilien et l'ONU Climat, est en question depuis une incursion mardi soir d'autres protestataires indigènes, qui s'étaient heurtés à la sécurité.

Vendredi matin, le rassemblement de membres de la communauté munduruku a semé un certain chaos et perturbé l'agenda des dizaines de milliers de délégués et d'observateurs. Il a aussi forcé le président de la conférence, le diplomate brésilien André Correa do Lago, à bouleverser son programme pour venir parlementer sur place.

Les manifestants, torses nus et portant des ornements traditionnels pour la plupart, s'étaient placés devant l'entrée principale de la «zone bleue», cœur de la conférence, où se déroulent les négociations climatiques. Ces hommes et femmes de tous âges, venus avec plusieurs bébés, bloquaient également une rue adjacente.

Du fait de cette «manifestation pacifique» qui ne présentait «pas de danger» selon un communiqué de l'ONU, les personnes se rendant à la COP30 ont dû pendant la manifestation passer par une entrée latérale. Des renforts militaires étaient déployés autour du site.

«Lutter pour notre territoire c'est lutter pour notre vie», proclamait la pancarte de l'un des manifestants, qui protestaient contre de grands projets d'infrastructures en Amazonie et demandaient à voir le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva.

Devant des journalistes, une représentante des autochtones a lancé : «nous exigeons la présence du président Lula, mais malheureusement on n'y arrive pas, comme toujours».

«Nous n'avons jamais été écoutés», a-t-elle déploré.

Venu à la rencontre des protestataires, André Correa do Lago s'est réuni dans un bâtiment public proche avec eux et les ministres Sonia Guajajara (Peuples indigènes) et Marina Silva (Environnement).

À la sortie devant la presse, le diplomate brésilien a reconnu les «préoccupations très légitimes» des manifestants. «Nous allons chercher à avancer avec toutes les préoccupations qu'ils ont», a-t-il promis.

Voie ferrée

"Viens Lula, montre-toi!», a lancé Alessandra Korap, une leader indigène. «Nous voulons être entendus, nous voulons également participer aux négociations», a-t-elle ajouté. «Nous avons trop de problèmes».

L'entrée principale du site de la COP a finalement rouvert avant la réunion, mettant fin à l'attente de milliers de délégués qui patientaient sous un soleil brûlant à l'extérieur.

Lula est un allié revendiqué de la cause autochtone. À son crédit : l'homologation de 16 terres indigènes, la chute spectaculaire de la déforestation ou la nomination d'une figure respectée, Sonia Guajajara, à la tête du tout premier ministère des Peuples indigènes.

Mais beaucoup déplorent la lenteur dans la démarcation de terres indigènes et l'exploration pétrolière lancée en octobre près de l'embouchure de l'Amazone.

Autre sujet de contentieux, mis en avant vendredi par les manifestants munduruku : le projet de construction de Ferrograo, une voie ferrée de près de 1 000 km censée traverser le Brésil d'ouest en est pour acheminer la production de céréales.

Critiquant le projet pétrolier et Ferrograo, l'emblématique cacique nonagénaire Raoni avait lancé jeudi au sujet de Lula, son cadet octogénaire : «je vais prendre rendez-vous avec lui, et, si besoin est, je vais lui tirer l'oreille pour qu'il m'écoute».

Mardi soir, d'autres protestataires indigènes avaient forcé l'entrée de la «zone bleue» et s'étaient heurtés au personnel de sécurité, alimentant une polémique.

Selon la presse, le chef de l'ONU Climat, Simon Stiell, avait dans un courrier aux autorités brésiliennes dénoncé une «violation grave du cadre de sécurité établi».

Tout en rappelant que la sécurité à l'intérieur de la "zone bleue" est «confiée» au département de la sécurité des Nations unies, le gouvernement brésilien a affirmé jeudi avoir renforcé le dispositif de sécurité à la suite de l'incident.

Une réunion dans l'enceinte de la COP entre Simon Stiell, André Correa do Lago et des représentants indigènes s'est tenue jeudi.

AFP

 
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